Catégories
Canada Romans

Fleuve – Sylvie Drapeau

Collection Nomades – Léméac Éditeur

Le 12 août, Madame Lit a lancé son invitation annuelle à acheter un livre québécois, cette année sur le thème de l’eau. Parmi les belles propositions qu’elle a soumises, j’ai choisi Fleuve de Sylvie Drapeau et je ne l’ai pas regretté !

Je ne cours pourtant pas après l’autofiction, même si La place d’Annie Ernaux a été un choc et un éblouissement. D’ailleurs, je n’avais pas compris que c’était ce que j’allais lire en choisissant Fleuve (et si je l’avais su, j’aurais sans doute choisi un autre roman). Pourtant, comme avec Annie Ernaux, je me suis très vite identifiée d’abord à cette petite fille née dans une famille nombreuse, puis à cette jeune femme et enfin à cette mère et femme mûre. Je n’ai pas vécu tous les drames qui ont jalonné sa vie (et heureusement, ai-je envie de dire car sa « meute » n’a pas été épargnée !), mais bien des choses ont fait écho chez moi et me semblent pouvoir toucher une foule de gens.

J’ai aimé l’écriture sensible et solaire de Sylvie Drapeau. Elle sait merveilleusement exprimer l’innocence, l’enthousiasme mais aussi les terreurs de l’enfance.

Les rayons du soleil se faufilent jusqu’à nous. C’est vraiment magique ! Encore plus beau que tu nous l’avais dit. Nous sommes bouche bée, nous ne parlons plus, la bouche pleine de cerises, de merises géantes, je ne sais pas, je ne sais rien, je sais seulement que c’est bon, que je passerai le reste de ma vie à faire ça avec toi.

Avec le même talent, elle dévoile sans fard ses regrets, ses fragilités, ses limites aussi face aux tragédies qui l’ont frappée (la mort, la schizophrénie, sa propre dépression).

J’avais trop peur de toi. J’ai honte de te le dire : j’avais trop peur de toi. Peur que tu me fasses du mal, que tu m’aspires, que tu me détruises. Je n’étais pas assez forte, pas assez étanche, pour soutenir ta nouvelle présence près de moi. Je me savais planète fragile. Je n’étais pas fière de ça, tu penses bien.

Étonnamment, malgré ces sujets pour le moins lourds et poignants, Fleuve me laisse une impression lumineuse et apaisée. Merci encore à Nathalie pour cette jolie découverte.

Catégories
BD et romans graphiques

Entre ici et ailleurs – Vanyda

Éditions Dargaud

Après une rupture, Coralie, franco-asiatique de 28 ans, ressent le besoin d’explorer ses origines. Pour comprendre qui elle est, cette jeune femme va décortiquer son héritage d’enfant d’immigré. Un récit introspectif, un véritable condensé d’émotions tout en douceur. Une quête identitaire contemporaine légère et fraîche comme une brise. (Résumé de l’éditeur)

Quel plaisir d’accompagner Coralie pendant ces quelques mois où elle cherche à mieux comprendre qui elle est ! Vanyda nous raconte une histoire dans laquelle se reconnaîtront une foule de personnes entre deux cultures, entre deux pays, comme celles et ceux qui se posent des questions sur le chemin qu’a pris leur vie, le poids de leur filiation ou les barrières qu’on se met parfois tout(e) seul(e)…

Les rencontres que Coralie fait une fois qu’elle vit seule (pour la première fois de sa vie) l’amènent à poser un autre regard sur ses origines laotiennes et à explorer sa double culture. C’est notamment par sa découverte de la capoeira qu’elle s’ouvre aux autres et reprend confiance en elle. Ses nouvelles amitiés la conduiront jusqu’en Algérie, un voyage qui lui permettra de mieux comprendre son vécu de « biculturelle ».

Vanyda a opté pour des graphismes associant des codes du manga (mimiques typiques et choix du noir et blanc) à des traits plus classiques (pas de personnages aux yeux immenses par exemple et un sens de lecture « normal »). Cette jeune autrice a aussi signé Un petit goût de noisette que j’avais déjà trouvé très chouette. Mais je dois dire qu’Entre ici et ailleurs m’a encore plus touchée, et pourtant je ne suis pas entre deux cultures comme son héroïne.

Ce qui m’a particulièrement plu : le petit côté manga qui met de la légèreté même lorsque l’humeur de Coralie est très sombre, la jolie relation avec son frère, les liens d’amitié, la mise en lumière (sans s’appesantir) du racisme « ordinaire », mais aussi de phobies et de complexes qui peuvent toucher des gens qu’on aurait imaginés très à l’aise dans leurs baskets. Coralie est vulnérable et forte à la fois, ce qui fait d’elle une jeune femme très réelle, attachante et dont le parcours donne la pêche !

Catégories
Lectures audio

Quelques gourmandises pour bibliophiles

Série d’épisodes de l’émission Sans oser le demander (France culture)

L’an dernier, une de mes émissions radio préférées, Sans oser le demander, a consacré de nombreux épisodes à la littérature. J’ai tout particulièrement aimé la série sur notre façon d’aborder la lecture et le livre. De véritables gourmandises pour les oreilles des bibliophiles et bibliovores. Voyez plutôt :

Et vous, entendez-vous une petite voix quand vous lisez ?

Mais qui lit les notes de bas de page ?

Jugez-vous un livre d’après sa couverture ?

De Proust aux éditions Harlequin : et vous, que lisez-vous aux toilettes ?

A-t-on besoin des critiques pour savoir quoi lire ?

L’Alarmante, sculpture sonore de Jonas Delhaye

L’émission se veut grand public en abordant la littérature par ces interrogations a priori futiles, et il est vrai qu’elle est tout à fait accessible tout en nous apprenant une foule de choses. De nombreux autres épisodes parlent de littérature avec des questions aussi décomplexées et passionnantes que : Emma Bovary est-elle le personnage le plus bête de la littérature ? Littérature feel-good : pourquoi est-ce mal vu de se faire du bien ? Pourquoi lire Christine de Pizan, celle qui imaginait, au Moyen Âge, une cité sans hommes ? Connaissez-vous le roman le plus lu et le plus dangereux de la Chine ? Qui est Rumiko Takahashi, la mangaka plus lue au monde ?

Bref, il y en a pour tous les goûts. L’émission n’est hélas pas reconduite cette année, mais elle reste heureusement disponible en podcast. Bonne écoute !

Catégories
Allemagne Romans

Marzahn, mon amour – Katja Oskamp

Traduction de l’allemand par Valentin René-Jean – Éditions Zulma

Paru en 2021 en Allemagne, Marzahn, mon amour fait partie de la rentrée littéraire 2023 des éditions Zulma qui tapent une nouvelle fois dans le mille avec ce formidable petit livre.

Katja Oskamp est une autrice née en ex-Allemagne de l’Est. Au milieu de la quarantaine, cette période « où la rive que l’on a quittée n’est plus en vue et où la destination a tendance à se rapprocher bien trop vite » (citation libre car j’ai lu ce livre en VO et n’ai pas consulté sa traduction), elle constate qu’elle ne peut pas vivre de sa plume et décide d’exercer un tout autre métier.

Elle commence donc une formation où elle côtoie d’autres femmes elles aussi autour de la cinquantaine qui rencontrent des difficultés personnelles ou financières et entament une reconversion plus ou moins choisie. Katja Oskamp devient ainsi pédicure et c’est dans un salon de beauté du quartier berlinois de Marzahn qu’elle exerce, aux côtés d’une masseuse et d’une manucure. En plus d’un métier qui l’épanouit, elle trouve là une source d’inspiration pour d’émouvants portraits de gens simples, dignes, courageux ou exaspérants.

Le sous-titre allemand Histoires d’une pédicure, qui a disparu dans la version française, donne d’emblée le ton : Chaque chapitre nous présente un(e) autre client(e) dont Katja Oskamp ausculte et soigne les pieds, écoute les récits de vie, les récriminations, les confessions ou même les propositions indécentes. À Marzahn, les client(e)s du salon sont pour la plupart des personnages âgées qui vivent chichement dans les gigantesques immeubles en cages à lapin érigés dans les années 1980 par la RDA pour donner une image de modernité. On est loin du Berlin des clubs branchés qui attire la jeunesse.

Katja Oskamp lance ici un cri d’amour à ce quartier mal-aimé et à ses habitant(e)s. Elle nous livre un récit plein d’humanité et de tendresse. Difficile de rester insensible aux portraits du touchant M. Paulke, de Mme Noll (dont on aimerait pouvoir faire taire la fille une fois pour toutes !), de la fougueuse Mme Blumeier ou de Mme Bronkat, elle qui fut une « réfugiée de l’intérieur ». J’ai été très touchée par ces destins (pas si) banals qui nous font découvrir la vie au quotidien en ex-RDA et dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Et j’ai beaucoup souri aussi car Katja Oskamp a un indéniable sens de l’humour qu’elle sait parfaitement doser pour ne pas verser dans la sensiblerie. Autrement dit, c’est une lecture que je vous recommande chaudement !

PS : Le hasard a voulu que je chronique deux romans allemands en ce début septembre. Pas d’inquiétude : Je garde en réserve une ribambelle de titres pour le rendez-vous des Feuilles allemandes chez Eva & Patrice en novembre 😀

Catégories
Allemagne Romans

La huitième vie (pour Brilka) – Nino Haratischwili

Traduction de l’allemand par Monique Rival et Barbara Fontaine – Éditions Folio poche

Quel roman, quelle autrice (oui, Nino est une femme) et quelle traduction ! Ce livre est absolument ébouriffant. Porté par un souffle littéraire incroyable, il balaie plus d’un siècle d’histoire de la Géorgie et suit sur 5 générations les femmes de la famille Iachi (ainsi que quelques hommes). Si leurs destins sont bouleversés par les événements politiques comme par la violence ou la lâcheté des hommes ou leurs propres choix parfois hâtifs, elles se battent et résistent toutes à leur manière, pour le meilleur et pour le pire.

Dans cette saga familiale et historique, pas le moindre temps mort ni la moindre mièvrerie. Les relations entre les hommes et les femmes comme entre les parents et les enfants sont marquées par l’incompréhension, la révolte, le poids du silence, en miroir de la tension qui traverse la région du Caucase au fil des décennies.

Comme la Géorgie, l’écriture de Nino Haratischwili (d’origine géorgienne mais qui écrit en allemand) est au carrefour de ce que l’on pourrait appeler « l’âme russe » – je veux parler d’un souffle épique et tourmenté à la fois – et d’une douceur et d’une mélancolie qu’on pourrait attribuer à l’Orient. Elle a en tous cas emportée l’Européenne que je suis !

Tbilissi – Image par Kakha Mchedlidze de Pixabay

J’ai retrouvé dans ce roman des accents de La maison aux esprits d’Isabel Allende avec les fantômes que Stasia, l’arrière-grand-mère, voit régulièrement dans son jardin ou encore avec le Chocolat chaud qui serait à l’origine de la malédiction familiale. Il a aussi fait écho chez moi au film, bouleversant et très puissant sorti cet été, Les filles d’Olfa. Il y est en effet question du cycle infernal de la violence qui se répète de génération en génération : violence des hommes, mais aussi des mères envers leurs filles, violences sociales et politiques, violences physiques et psychologiques. Comme dans le documentaire de Kaouther Ben Hania, La huitième vie s’achève sur l’espoir que la jeune génération brisera ce cercle vicieux. En connaissant son histoire familiale, elle saura peut-être enfin s’en libérer grâce à la parole et à l’écriture.

Sois tout ce que nous avons été et n’avons pas été. Sois lieutenant, funambule, pianiste, amante, mère, infirmière, écrivain, sois rouge et blanche, et bleue, sois le chaos et sois le ciel, sois eux et sois moi, et ne sois rien de tout cela, danse surtout d’innombrables pas de deux.
Passe à travers cette histoire, laisse-la derrière toi.

S’il entre incontestablement dans les catégories des Pavés de l’été (chez Sibylline) et des Épais de l’été (challenge organisé par tad loi du cine) avec ses 1189 pages, La huitième vie fait surtout partie des romans qu’on dévore et dont les personnages vous suivent longtemps. C’est à coup sûr un de mes coups de cœur de l’année. D’autres avis chez Sunalee et Livr’escapades.

PS : Je vous recommande le documentaire La Géorgie ne m’a jamais quittée consacré à Nino Haratischwili disponible sur Arte.tv. Attention : Il donne très envie de lire le prochain roman de Nino Haratischwili (pas encore traduit en français) et de voyager en Géorgie !

Catégories
Israël Romans

Les meurtres de Batya Gour

J’aime les bons polars qui décryptent un milieu, une société, comme ceux de Batya Gour, l’autrice israélienne qui a créé le personnage de Michaël Ohayon il y a déjà quelques décennies. Les enquêtes de ce policier d’origine marocaine, ancien étudiant en Angleterre, vont le conduire dans des univers très spécifiques dont la plupart des titres ne font pas vraiment mystère :

Deux de ces romans m’ont particulièrement plu : Le premier, Meurtre un samedi matin, se déroule dans les arcanes d’un institut de psychanalyse tandis que l’autre, Meurtre au kibboutz, offre une véritable immersion dans la vie d’un de ces villages collectifs. L’analyse très fine de la psychologie de chaque personnage est passionnante et j’ai appris une foule de choses étonnantes (pour moi en tous cas), notamment sur l’éducation telle qu’elle était envisagée dans les kibboutzim jusqu’à une date relativement récente.

Au final, dans ces romans, peu importe qui a commis le meurtre en question et les amateurs de thrillers en seront pour leurs frais. Pas de tension insoutenable ou de frisson d’horreur, le crime est ici avant tout l’occasion d’une étude de mœurs extrêmement fouillée. Batya Gour dévoile ainsi un pan chaque fois différent du pays à l’histoire si complexe et aux contrastes si forts qu’est Israël.

Batya Gour est souvent comparée à Agatha Christie (personnellement, je ne vois pas bien pourquoi car on est loin des romans à énigme) et parfois appelée la « P.D. James israélienne ». Cette dernière comparaison me semble beaucoup plus judicieuse et, en fervente adepte des enquêtes du commandant Dalgliesh, je ne m’en plaindrai sûrement pas.

PS : Les romans policiers de Batya Gour ont été traduits de l’hébreu par des traducteurs et traductrices différent(e)s, et parfois à quatre mains. Ces traductions sont signées : Laurence Sendrowicz, Jacqueline Carnaud, Jacqueline Lahana, Rosie Pinhas-Delpuech et Emmanuel Moses.

Catégories
Classiques français Romans

Les Trois mousquetaires – Alexandre Dumas

Éditions Livre de poche – Classiques

Je vous épargnerai le détail de ma passion pour Les Trois mousquetaires, d’autant que certain(e)s d’entre vous ont déjà lu mon brouillon d’article envoyé par inadvertance 😀 Sachez simplement que je projetais de relire sa suite, Vingt ans après, pour ce rendez-vous des #Classiquesfantastiques. Mais d’actes manqués (oublis systématiques de l’emprunter en médiathèque) en coup du destin (je suis tombée sur Les Trois mousquetaires en boîte à livres), j’ai cédé à la tentation de relire le premier opus des aventures de d’Artagnan et ses comparses.

J’avais d’emblée exclu Dickens. David Copperfield, M. Pickwick et Oliver Twist m’ont plutôt ennuyée (ou je les ai peut-être lus trop jeune). Je prévois malgré tout de lire un jour le fameux Conte de Noël de l’auteur britannique, dont j’ai vu une réjouissante adaptation dans un épisode de Docteur Who qui lui rendait hommage.

L’essentiel de l’histoire des Trois Mousquetaires est archi-connu et il me semble superflu de le résumer ici. Voici plutôt mes impressions après cette énième lecture, mais la première depuis au moins 15 ans.

J’ai rapidement constaté que j’avais subi une telle influence des adaptations de ce roman au cinéma que j’avais oublié bien des choses, à commencer par des passages qui m’ont paru fort longs, mais aussi le fait que la fameuse affaires des ferrets de la reine était résolue dès le milieu du roman. Après ce trépidant aller-retour en Angleterre, il y a nettement moins d’action, ce qui explique que la 2e partie du roman soit survolée au cinéma et que je l’ai effacée de ma mémoire. J’imagine aussi que l’édition pour la jeunesse que j’ai lue et relue dans mon enfance opérait d’importantes coupes dans les passages les plus descriptifs du roman original…

J’ai également été surprise par la quasi absence de certains personnages ou encore par leur personnalité bien plus ambiguë que dans mon souvenir. Ainsi, Madame Bonacieux disparaît pendant plusieurs centaines de pages sans que cela ne gêne nos héros, puis elle réapparaît de manière fort opportune à la toute fin du récit. Celui qui est censé être l’ennemi juré de d’Artagnan, le fameux comte de Rochefort, est finalement un personnage très anecdotique. J’ai par contre trouvé extrêmement intéressant de redécouvrir les incontournables Capitaine de Tréville et Cardinal de Richelieu, bien différents de mon souvenir là encore. Ils s’avèrent tous les deux extrêmement ambitieux, et les intrigues de palais ne sont pas l’apanage de Son Éminence, bien au contraire. M. de Tréville est très proche du roi, qu’il sait lui aussi manipuler pour obtenir ce qu’il veut. Il est très attaché à ses mousquetaires et les défend envers et contre tous, quitte à couvrir des agissements puérils voire objectivement répréhensibles, simplement parce qu’il s’agit de ses hommes. Quant à Richelieu, je l’ai redécouvert admiratif d’Athos, Porthos, Aramis et encore plus de d’Artagnan, au point qu’il aimerait les voir rejoindre ses troupes et qu’il ne manquera pas de les récompenser lorsqu’il en aura l’occasion. Il est beaucoup moins machiavélique, et donc moins caricatural, que dans bien des adaptations là encore. Bref, une agréable surprise sur ce point car ces deux personnages sont plus complexes et intéressants que dans mon souvenir.

En résumé, j’ai retrouvé la véritable intrigue et la vraie personnalité des protagonistes de ce roman foisonnant et truculent. Sa première moitié était à la hauteur de mes attentes avec des personnages flamboyants (ce qui va de pair avec d’inévitables exagérations, mais elles ont leur charme), et de nombreux rebondissements. La deuxième partie s’enlise cependant, à l’image du siège de La Rochelle qui occupe bien trop de pages à mon goût. J’ai peiné dans les deux ou trois cents dernières pages.

Image par chrisbromley0 de Pixabay

Certains défauts sont probablement liés à la forme initiale du roman (publié en feuilleton, ce qui peut expliquer que Dumas ait parfois fait du « remplissage ») ou encore à l’époque et au genre. Ces quatre mousquetaires me sont en tous cas apparus comme de grands enfants (voire de petits garnements), perdant systématiquement leur argent au jeu ou en boisson, devant donc se faire entretenir par leurs maîtresses ou employer des méthodes peu honnêtes pour pouvoir survivre ou s’acheter l’équipement nécessaire à leur travail (= la guerre). Leur code d’honneur est à géométrie variable, leur susceptibilité frôle le grotesque et leur côté potache m’a quelque peu lassée. Je passerai sur le fait que la supercherie de d’Artagnan envers Milady de Winter, est 1) peu crédible, 2) franchement écœurante. Difficile de lui en vouloir de chercher à se venger après ça !

Alexandre Dumas vu par l’artiste Rast

J’attendais plus de cette relecture, c’est certain. Dumas garde cependant toute mon affection car j’aime son ironie, ses descriptions si piquantes et l’esprit d’aventure qu’il insuffle.

Pour connaître le résultat du match Dumas/Dickens, rendez-vous chez Moka et Fanny !

Les vacances étaient bienvenues pour venir à bout de ce Pavé de l’été (chez Sibylline), qui fait aussi partie de la catégorie des Épais de l’été (gérée par ta d loi du cine, squatteur chez Dasola) avec ses près de 700 pages.

PS : Si vous vous demandez s’il vaut mieux lire Les Trois mousquetaires ou aller voir le film (si ce n’est déjà fait), je vous recommande le podcast Pourquoi aller voir le film alors que le livre est tellement bien ? ou de lire d’autres avis comme celui de Petite Plume, Maud, Charlotte Parlotte et bien sûr celui des blogueurs et blogueuses qui auront chroniqué ce monument dans le cadre des #Classiquesfantastiques.

Catégories
Essais et autres livres Italie

Smith & Wesson – Alessandro Baricco

Traduction de l’italien par Lise Caillat – Éditions Gallimard

Après Cendrillon de Joël Pommerat et Légende d’une vie de Stefan Zweig, voici pour moi la 3e lecture de pièce de théâtre de l’année. Née sous la plume alerte et précise de l’Italien Alessandro Baricco, cette histoire se déroule au tout début du 20e siècle au Canada, et plus précisément aux chutes du Niagara où les lunes de miel s’enchaînent tout autant que les suicides spectaculaires.

Deux hommes, Smith et Wesson donc, se rencontrent dans ce cadre naturel exceptionnel. L’un est un inventeur malchanceux, l’autre un fin connaisseur des courants qui a fait du repêchage des corps son passe-temps. Leurs premiers échanges, drôles et à la limite de l’absurde, s’enchaînent à un rythme idéal pour une mise en scène à 100 à l’heure. L’arrivée de Rachel Green, jeune journaliste en quête d’un scoop, va venir pimenter ce duo en construction. Le défi que tous trois décident alors de relever est risqué et bouleversera leurs vies. L’humour laissera la place à la gravité…

Image par Vicki Hamilton de Pixabay

Si cette pièce ne sera pas la plus marquante de mes lectures de l’année, son côté désenchanté et légèrement décalé, sans oublier ses dialogues savoureux, m’ont fait passer un très bon moment et montré l’envers du décor des fameuses Niagara Falls.