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De la jalousie – Jo Nesbø

Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier- Éditions Gallimard

Recommandé par Je lis, je blogue lors de son rendez-vous des Bonnes nouvelles l’an dernier, De la jalousie m’a permis d’enfin lire le maître du polar norvégien, j’ai nommé Jo Nesbø. Plusieurs des nouvelles qui composent ce recueil sont de vrais coups de cœur pour moi !

Jo Nesbø s’avère un conteur extrêmement habile qui sait varier les registres et les contextes, sans oublier de manier un humour assez grinçant. Dans ce recueil, il nous plonge dans les méandres de la jalousie (le plus souvent amoureuse) et se régale visiblement à aborder des sujets très éclectiques allant de l’ego des écrivains à la pratique de l’escalade.

« Je suis toujours attiré par ce qui me rejette, m’exclut. Les récits auxquels on ne peut pas se fier. Les femmes. Les problèmes de logique. Le comportement humain. Les affaires de meurtre. Tout ce que je ne comprends pas. Je suis un homme à l’intellect limité mais à la curiosité infinie, combinaison souvent frustrante, hélas. »

Situées en Grèce, en Norvège ou dans un avion entre les États-Unis et Londres, ces 6 nouvelles sont toutes racontées à la première personne et nous mettent dans la peau d’une vendeuse dans le métro, d’un policier, d’un éboueur, d’un écrivain ou encore d’un chauffeur de taxi. Grâce au talent de l’auteur, chacune de ces voix et de leurs histoires est extrêmement crédible. Mes textes préférés sont sans aucun doute Londres, dans laquelle il est question de faux suicide assisté, et Déchets, où au fil d’une conversation avec son collègue lituanien qui était psy dans une autre vie, un éboueur impulsif s’interroge sur sa potentielle amnésie traumatique. Phtonos, la plus longue, m’a beaucoup plu également, mais une partie de l’intrigue avait un air de déjà-vu. Les 3 autres nouvelles sont d’excellente facture elles aussi et je peux donc sans réserve conseiller ce recueil aux lecteurs et lectrices qui apprécient les romans noirs, ou simplement les bonnes histoires.

Une nouvelle participation aux Bonnes nouvelles, un challenge qui court pendant tout le mois de janvier.
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188 mètres sous Berlin – Magdalena Parys

Traduction du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka – Agullo Éditions

J’avais des attentes vis-à-vis de ce roman et tout a plutôt bien commencé (si j’ose dire) avec un meurtre commis en 2000 mais lié à des événements survenus en 1980, soit près d’une décennie avant la chute du Mur de Berlin. Dix ans après le crime, Peter, ancien fonctionnaire en retraite anticipée, cherche à en savoir plus. Il s’entretient alors avec celles et ceux qui avaient participé – avec lui ainsi que la victime – à la construction d’un tunnel censé permettre des évasions de Berlin-Est vers Berlin-Ouest. Ce sont leurs témoignages respectifs que nous livre Magdalena Parys, des récits fictifs que l’on sent néanmoins nourris par des expériences très documentées.

La construction chorale qui distille les informations au compte-goutte est faite pour nous faire tourner les pages avec avidité et cela fonctionne. J’ai lu ce roman très vite, voulant avoir le fin mot de l’histoire et appréciant d’apprendre de nombreux détails historiques. L’autrice a visiblement beaucoup de choses à dire sur la Pologne derrière le rideau de fer, la Stasi et la RDA, les magouilles des uns et des autres à l’Ouest comme à l’Est pendant la Guerre froide et après. Le propos est donc intéressant. Pourtant, j’ai été déçue.

Les personnages sont nombreux, et plusieurs d’entre eux sont trop survolés pour que leur présence soit utile. Les fils de l’intrigue, multiples et intéressants en eux-mêmes s’entrecroisent par ailleurs d’une manière trop alambiquée à mon goût. C’est surtout le cas dans la dernière partie du roman, comme si Magdalena Parys avait voulu accélérer le rythme, au risque d’en faire trop.

D’autres éléments ont gâché mon plaisir : Tout d’abord quelques choix hasardeux et/ou erreurs de traduction/d’édition tels que « elle avait des visières sur les yeux » (vu le contexte, il s’agissait clairement d’œillères), des noms intervertis ou encore le fait de laisser le terme Hakenkreuz en allemand au lieu de le traduire. « Croix gammée » est quand même plus parlant pour un lectorat francophone, me semble-t-il. Plus embêtant, l’intrigue contient quelques grosses ficelles et incohérences qui m’ont gênée.

Bref, des maladresses, des lourdeurs et des complications scénaristiques superflues m’ont par moments égarée ou fait tiquer. Le but était sans aucun doute de maintenir la tension jusqu’à la révélation finale censée nous laisser bouche bée. Pour ma part, j’ai plutôt eu un sentiment de « tout ça pour ça », l’enjeu de toute cette histoire m’ayant en effet paru moyennement palpitant, même s’il est crédible et indubitablement criminel.

La couverture polonaise du roman

Cette lecture commune avec Patrice (du blog Et si on bouquinait un peu ?) débouche donc sur une déception, peut-être due avant tout à mes attentes initiales. Pour vous faire une idée plus complète à défaut d’être objective, je vous recommande donc de lire l’avis de Patrice ici. Celui-ci avait d’ailleurs déjà chroniqué Le Prince, autre roman de Magdalena Parys.