Catégories
À propos Romans

Pause estivale

L’heure de ma pause estivale a sonné ! Je serai de retour sur la blogosphère aux alentours du 22 août.

Je vais mettre à profit ces quelques semaines sans chroniques pour :

  • lire, entre autres pour la Rentrée à l’Est consacrée à la Bulgarie, mais aussi des BD (je viens de commencer la série de manga Arte qui m’a tout de suite accrochée et que L’Ourse bibliophile a aimé elle aussi) et des polars
  • finir la 3e et dernière saison de Broadchurch, série TV britannique totalement addictive (elle a plus de 10 ans mais n’a pas pris une ride) et finir la série TV américaine Bosch (dont j’ai déjà englouti les 4 premières saisons)
  • me balader dans les rues de Paris et visiter des expos comme l’excellente rétrospective du travail de Marie-Laure de Decker 📷 . Je ne connaissais pas du tout cette photoreporter avant ma visite à la Maison européenne de la photographie (MEP) la semaine dernière. Si vous aimez Henri Cartier-Bresson, vous devriez aimer les reportages de Marie-Laure de Decker ! (Ne manquez pas non plus ses autoportraits, tout sauf complaisants : ils sont saisissants).
  • mettre en pratique mes connaissances récemment acquises en broderie sur textile 🪡. Tous les tee-shirts de la famille risquent d’y passer 😄.
  • retrouver le goût de cuisiner. Pour m’y aider, j’ai notamment réservé un atelier pour apprendre à faire des sushi et des maki 🍣 en famille.
  • vivre une expérience inédite grâce à l’Amicale des Agents de Paris Saint-Lazare qui organise des trajets à bord de trains qui ont pris leur retraite depuis belle lurette. À nous la Normandie chic, l’absence de clim’ et les sièges en skaï qui collent aux cuisses 😝 !
  • découvrir le Plat pays, son Histoire, ses paysages, et bien sûr déguster ses spécialités 🧇 🍟 🍺 !

Bel été à vous ☀️.

Catégories
Romans Suisse

Escarpées – Marlène Mauris

Les Éditions Favre

Sur l’invitation de Cléanthe et de ses Escapades européennes, je me suis aventurée dans les Alpes, avec un premier roman suisse qu’Eva avait aimé et chroniqué il y a quelques mois.

Escarpées, ce sont quelques mois dans la vie d’une famille au père taiseux et emporté, à la mère attentive et frustrée, aux trois filles dissemblables et inséparables. Dans le décor âpre des montagnes valaisannes, le bonheur, l’amour et la détresse affleurent, cachés sous des gestes brusques et des silences. La vie s’écoule avec ses petits et son très grand malheurs. L’espoir et la joie reviendront peut-être avec le séjour – pendant quelques mois – d’une étudiante en art.

Je le reconnais d’entrée de jeu : Escarpées a pâti de la comparaison avec Sans Silke, autre roman suisse qui parlait de la relation tissée pendant quelques mois entre une étudiante et une enfant vivant dans une famille compliquée. Écrit dans une très belle langue et composant des personnages marquants, ce court roman de Michel Layaz m’avait énormément plu.

Peut-être que la période n’était pas idéale pour lire ce roman non plus. Le besoin de vacances se fait sérieusement sentir. Comme c’est souvent le cas quand je commence à tirer sévèrement la langue, j’avais très envie de lectures plus dynamiques et j’ai d’ailleurs enchaîné avec la 4e enquête d’Armand Gamache, Défense de tuer, qui m’a « remise en selle ». Les polars un peu légers sont chez moi un excellent remède contre la fatigue intellectuelle !

À la fois heurtée et très poétique, l’écriture a indéniablement du charme mais elle m’a parfois semblé artificielle, surtout dans la bouche de Feodora, la Française du roman qui s’exprime dans un style beaucoup trop littéraire pour être crédible. Était-ce fait pour souligner encore le fossé qui sépare cette jeune femme (étudiante en art, d’un milieu privilégié, citadine et française) et la famille suisse (paysanne, pratiquante, ayant du mal à joindre les deux bouts), je l’ignore. Toujours est-il que cela m’a semblé maladroit, voire caricatural. Je suis donc restée à distance des personnages, à part sans doute de la petite dernière, si vulnérable et attachante. Je n’ai pas détesté, loin de là, mais ce sera une lecture vite oubliée.

Je vous conseille de lire l’avis d’Eva ou de Rebecca si vous voulez un son de cloche très différent du mien 🙃. Et vous pouvez aussi consulter le billet d’Eva sur le 2e roman de Marlène Mauris intitulé Falcata.

Catégories
Allemagne Romans

La fabrique des salauds – Chris Kraus

Traduit de l’allemand par Rose Labourie – Éditions 10/18

Il fallait bien 1000 pages pour ce roman qui balaie 70 ans d’Histoire et nous emmène de Riga à Munich en passant par Moscou, Poznań ou encore Tel-Aviv. Un dénommé Koja Solm y raconte à la première personne comment lui, petit-fils de pasteur et de baron allemands du Baltikum, est devenu membre des SS avant d’enchaîner les rôles et les identités. Très accessible et extrêmement difficile à reposer, ce roman est une vraie brique (heureusement disponible en poche) qui ne devrait pas alourdir votre sac bien longtemps 😉.

Si certains faits m’étaient connus, j’en ignorais aussi énormément, et pas des moindres. J’ai donc été abasourdie plus d’une fois à la lecture de ce pavé qui se dévore comme l’excellent roman d’espionnage et la puissante fresque historique qu’il est, mais aussi parce qu’il est écrit avec un humour noir ravageur. Rien (ou pas grand-chose) ne nous est épargné des horreurs du nazisme et de la Shoah en particulier, des tortures pratiquées à la Loubianka, des coups bas entre hauts responsables et des compromissions politiques toutes époques et tous pays confondus. Heureusement, la plume alerte de Chris Kraus nous tient de bout en bout. Quel brio aussi bien à l’écriture qu’à la traduction !

Jouet du destin, opportuniste, incurable romantique ou parfait salaud ? Koja Solm est sans doute tout ça à la fois et/ou successivement. Ce personnage ô combien romanesque n’est pas né seulement de l’imagination de l’auteur. Par ailleurs et même avant tout cinéaste, celui-ci s’est en effet inspiré de biographies stupéfiantes de plusieurs hommes ayant bel et bien existé, comme il le précise dans sa postface. Je vous recommande d’ailleurs la lecture de ces quelques pages dans lesquelles Chris Kraus fournit une intéressante bibliographie et explique que la question « Comment la société de la République fédérale d’Allemagne a-t-elle réussi à trouver le chemin de la démocratie en dépit de l’intégration des anciens nazis ? » a été le moteur de son roman. Je ne suis pas sûre que le roman réussisse à y répondre, mais il n’en est pas moins passionnant.

Petite satisfaction toute personnelle : Ce roman m’a permis de renouer avec des lieux et des événements découverts lors de mes lectures baltes l’an dernier puisque la première partie de La fabrique des salauds se passe en Lettonie. Il a aussi rejoint l’intrigue juridique de L’affaire Collini (un roman que j’ai lu mais pas chroniqué, contrairement à Patrice). Grâce à ces différentes lectures, je commence à pouvoir relier plusieurs fils de l’Histoire allemande et européenne qui m’échappaient 💪.

Je ne suis pas la seule à avoir aimé cet « épais pavé », comme vous le constaterez avec les billets d’Ingannmic, Jostein ou encore de Kate et Frida et de La jument verte. Jostein a également lu Danser sur les débris du même Chris Kraus et je constate que les personnages sont eux aussi issus de la famille Solm. Autrement dit, un livre est sorti de ma PAL mais un autre va très vite y entrer !

PS : Ce roman de très exactement 1074 pages me permet de participer aux Pavés de l’été chez Sibylline et aux Épais de l’été, défi organisé par ta d loi du cine sur le blog de Dasola.

Catégories
Nouvelle-Zélande Romans

Le patriarche – Witi Ihimaera

Traduction du néo-zélandais par Mireille Vignol – Au vent des îles

Parfois, le hasard fait vraiment bien les choses. À peine avais-je fini de lire La baleine tatouée que je découvrais un autre roman de son auteur, Witi Ihimaera, dans une boîte à livres ! Je l’ai (bien sûr) rapporté chez moi, mais laissé de côté pendant plusieurs mois car d’autres romans attendaient depuis longtemps dans ma PAL. Le rendez-vous des Pavés de l’été étant arrivé, c’est le moment de vous en parler.

Bon à savoir : ce roman a d’abord (en 2008) paru sous le titre Bulibasha, roi des gitans (c’est l’édition que j’ai lue). Pourquoi des gitans alors que nous sommes chez des Maoris de Nouvelle-Zélande ? Le prologue vous dira tout à ce sujet. Toujours est-il qu’un film en a été tiré sous le titre Mahana en 2016 et, dans la foulée, le roman a été réédité sous son nouveau titre : Le patriarche.

J’ai retrouvé la verve de Witi Ihimaera, son humour et son talent pour raconter des histoires jalonnées d’épisodes burlesques ou très émouvants. Cette fois-ci, nous sommes loin de la mer, dans une campagne sèche où règnent les moutons, mais aussi deux familles qui se détestent cordialement : les Mahana et les Poata. Tous les terrains se prêtent à leurs affrontements : le pont à sens unique qui conduit à la ville, les matches de rugby et de hockey (sur gazon, point de glace dans ces contrées), les spectacles traditionnels, les contrats et compétitions de tonte de laine …

Un hangar à tonte – Photo de Keith Clarkson via Pixabay

L’histoire nous est racontée par Simeon Mahana, l’un des petits-fils du patriarche, tiraillé entre son amour pour sa famille et la rébellion qui le fait bouillonner devant nombre d’obligations imposées par son grand-père tout-puissant (et mormon). Car Tamihana Mahana décide de tout : qui a le droit de se marier (et avec qui), qui peut recevoir des terres, qui travaille avec qui et comment… La solidarité de la famille est vitale dans cette région hostile, a fortiori dans un pays et à une époque où les Maoris sont traités et perçus comme des citoyens de seconde zone. Mais ce grand-père est véritablement tyrannique et rejette toute forme de changement (même capillaire).

Les Pavés de l’été, c’est chez Sibylline du 21 juin au 22 septembre.

On sent la nostalgie d’une époque où les liens communautaires et familiaux étaient très forts, où un quotidien rude était égayé par des personnalités hautes en couleur (les tantes de Simeon sont assez phénoménales) et rythmée par des fêtes plus ou moins traditionnelles. À travers les yeux de Simeon, on vit un temps révolu avec ce qu’il avait de bon, mais aussi de mauvais. D’ailleurs, la révélation finale m’a estomaquée 😱 et la famille Mahana, passé un moment de choc, m’a semblé s’en accommoder un peu vite, alors que j’en suis encore révoltée plusieurs semaines après 😡.
Malgré quelques pages en trop (sur les compétitions sportives 🏑), cette saga familiale offre une belle découverte, dépaysante, tendre et cruelle d’une vie maorie dans les années 1950.

PS : Sur son site, la maison d’édition Au vent des îles vous propose de déguster « un bonbon littéraire » tiré de ce roman pour vous ouvrir l’appétit.

Catégories
Croatie Romans

Les enfants de Sainte-Marguerite – Ante Tomić

Traduction du croate par Marko Despot – Les Éditions Noir sur blanc

Vous avez envie d’un roman drôle et dépaysant ? Je vous recommande le dernier Ante Tomić ! Sur une petite île de l’Adriatique, les choses commencent pourtant bien mal : un migrant qui tente la traversée vers l’Italie tombe à l’eau. Ce qui aurait pu devenir un drame va se transformer en un récit plein d’humour et de tendresse, ce qui n’empêche pas de solides piques contre la police (croate mais pas que).

Selim échappe à la noyade et a la chance d’être remis à Krste, un policier bienveillant toujours à l’affût d’une bonne combine. On est en plus à la veille de la Sainte-Marguerite avec de grandes festivités au programme qui compliquent le transfert de ce prisonnier. Jozefina et Mijo sont justement venus implorer la sainte patronne de l’île pour conjurer leur problème d’infertilité. Cacao, le propriétaire d’un immense yacht et sa jeune conquête se retrouvent en cale sèche dans le port… Tout ce petit monde va se croiser et vivre des rebondissements allant de la confection des meilleurs ćevapčići du pays à une attaque au harpon.

Photo de thoha via Pixabay

Qu’il fait bon lire un roman d’Ante Tomić ! Celui-ci m’a moins fait rire que Miracle à la combe aux Aspics dont les personnages étaient vraiment exceptionnels, mais je n’ai pas boudé mon plaisir devant les péripéties et le ton enjoué mais faussement naïf de l’auteur. C’est un roman qui fait un bien fou 🌞, happy end compris !

D’autres avis chez Pativore, Luocine, Christlbouquine, et Anne-Yès.

Catégories
Islande Romans

Entre ciel et terre – Jón Kalman Stefánsson

Traduction de l’islandais par Éric Boury – Folio poche

Il était temps que je sorte ce roman de ma PAL ! Son adaptation en feuilleton radiophonique m’avait éblouie, mais il y avait tant d’autres histoires à découvrir… Bref, je l’ai quand même enfin lu (donc PAL -1 🏋️‍♀️) et, cerise sur le gâteau, Entre ciel et terre est parfait pour le book trip en mer relancé par Fanja de mai à novembre cette année.

Ce roman « islandissime » (j’ose le néologisme) se découpe en 2 parties : la première est parfaitement maritime et la seconde beaucoup plus terrienne, même si des capitaines de navire et des récits de voyage y sont encore présents. Au départ, nous avons donc Bárður et « le gamin » qui rejoignent le reste de l’équipage avec lequel ils embarqueront pour des campagnes de pêche à la morue. Les conditions de vie (en dortoir, parfois à 2 personnes dans le même lit, avec le tas de morues salées dans la pièce) et de travail sont décrites avec réalisme et rudesse, mais aussi avec humour. La première sortie en mer de l’année finira mal, on le sait très vite, la faute à un livre de poésie. Car Bárður et le gamin ont une véritable passion pour la littérature, au risque de perdre de vue le B.A.-BA de la survie.

Ce sera ensuite le retour au village, où il faudra choisir entre la vie et la mort, au milieu de personnages hauts en couleurs qui permettent à l’auteur de brosser des portraits cocasses, complexes et tragiques.

J’ai retrouvé dans la 1re partie tout ce qui m’avait plu dans l’adaptation radio : On a l’impression d’être à bord de cette embarcation bien frêle, livrée aux éléments les plus rudes (j’ai immanquablement repensé aux Oiseaux de tempête), et de côtoyer ce petit monde très masculin.

« Ils rament depuis longtemps et le jour se lève. Quittant la nuit, ils sont entrés dans le matin fragile. Se sont débarrassés de leurs suroîts. Ont peu à peu perdu de vue les autres barques, maintenant éparpillées sur les étendues du Djúp, la mer est houleuse et ils souquent plus ferme que les autres, en route vers des eaux connues de Pétur, mais sur lesquelles il n’a pas pêché depuis plusieurs années, ils ont confiance en lui, il en sait plus qu’eux tous réunis en ce qui concerne la morue, il pense comme une morue, a un jour déclaré Bárður, on s’est d’ailleurs demandé s’il s’agissait d’un éloge ou d’une insulte, Bárður est parfois difficile à cerner, mais bon, Pétur a choisi de prendre ça comme un compliment. »

Ce billet participe aussi au challenge autour des auteurs nordiques proposé par Céline.

La 2e partie m’a paru en revanche un peu trop déconnectée de la première. On y passe rapidement d’un personnage à un autre, avec le sentiment d’une succession légèrement artificielle de portraits pourtant très intéressants (l’accumulation de prénoms islandais qui semblent presque identiques n’a pas facilité les choses 🙃, je le reconnais).

Rien que pour sa 1re partie véritablement sublime, il faut néanmoins (à mon humble avis) lire ce roman. Quant aux personnages qui nous sont présentés dans la 2e partie, ils sont suffisamment prometteurs pour que j’ai d’ores et déjà prévu de les retrouver dans La tristesse des anges, le 2e volet de cette trilogie.

Un autre avis est à lire chez Miriam.

PS : Une passionnante interview d’Éric Boury est à lire sur son blog. Il y parle notamment de son travail de traduction de l’œuvre si poétique de Jón Kalman Stefánsson.

Catégories
Films et séries

Sans jamais nous connaître & Pride

En juin, on célèbre le Mois des fiertés, y compris sur la blogosphère grâce à une proposition d’Anne-Yès. Ayant abandonné la lecture de La peau est une membrane élastique (un roman assez intéressant sur la forme, trop dérangeant sur le fond pour moi), je vais plutôt vous parler de 2 films britanniques sortis il y a déjà un certain temps, mais que je n’ai vus que fin 2024.

Tout d’abord, je vous conseille Pride (2014), qui réunit la fine fleur du cinéma britannique. On y retrouve notamment Dominic West (avec une scène de danse mémorable, bien loin de son rôle dans The Wire ou The Crown), Imelda Staunton, Bill Nighy, Andrew Scott, ou encore George MacKay, alors à ses débuts.

Inspiré d’une histoire vraie, ce film raconte l’improbable rapprochement de militant(e)s homosexuel(le)s londonien(ne)s et de mineurs gallois en grève. Leur point commun : être réprimé(e)s par la police dans la Grande-Bretagne corsetée et ultralibérale de 1984. Avec un contexte et une atmosphère rappelant furieusement The Full monty ou encore Les Virtuoses, il est cette fois question des préjugés (euphémisme) vis-à-vis des homosexuel(le)s, du début de l’épidémie de sida, des ravages de l’ultracapitalisme, sans oublier l’importance de se fédérer pour défendre ses droits et faire avancer la société.

Pride est drôle et touchant, instructif et divertissant. C’est à voir en famille, dès l’âge de 10 ans à mon avis. Bon à savoir : Ce film risque de vous donner envie de vous déhancher au son des Bronski Beat 🪩 !

Dans un tout autre registre, je recommande chaudement Sans jamais nous connaître (All of us strangers en VO, 2023). Là encore, le casting est de haute volée et livre une prestation impressionnante, à commencer par Andrew Scott (encore lui) et l’intense Paul Mescal (une découverte pour moi 🤩, il a été révélé par la série Normal people adaptée du roman de Sally Rooney), mais aussi Claire Foy et Jamie Bell (qui a bien grandi depuis son rôle de Billy Elliot). Ce mélo mâtiné de fantastique m’a totalement embarquée alors que le fantastique, c’est « très peu pour moi » habituellement.

On est ici dans une histoire de fantômes puisqu’Adam, scénariste quadragénaire en panne d’inspiration, revoit soudain ses parents décédés lorsqu’il avait 12 ans. La solitude, la culpabilité et la honte qu’a pu entraîner son homosexualité pour Adam sont centrales. Sa (toute nouvelle) relation avec Harry et les discussions qu’il peut enfin avoir avec ses parents lui permettent de réparer certaines blessures et de renouer avec ce qui ressemble bien au bonheur. Mais vivre dans le présent et côtoyer les fantômes du passé (littéralement), est-ce bien compatible ?

Ce qui ne ressort pas de ce bref résumé, c’est toute l’esthétique visuelle et sonore à l’œuvre. Voilà bien longtemps que je n’avais pas vu un film aussi léché qui dégage une telle émotion. C’est incroyablement beau, légèrement étrange et surtout poignant (préparez vos mouchoirs). Un coup de cœur.

Pour retrouver des idées de romans, essais, documentaires à lire ou voir sur la communauté LGBTQIA+, c’est sur le Biblioblog d’Anne-Yès.

Catégories
Romans Suisse

Sans Silke – Michel Layaz

Éditions ZOÉ

Les Éditions ZOÉ, dont le roman Trois âmes sœurs figure dans mon dernier TOP 10, fêtent cette année leur 50e anniversaire. Sandrine, du blog Tête de lecture, a récemment interviewé leur directrice et nous invite aujourd’hui à une lecture commune autour de cette maison d’édition suisse au catalogue éclectique et passionnant.

Pour l’occasion, j’ai choisi un auteur suisse romand repéré récemment chez Aifelle. Et je la rejoins : pudeur, délicatesse, écriture ciselée … Michel Layaz est une très, très belle découverte pour moi (et la confirmation de la qualité des auteurs publiés par ZOÉ).

Silke a 19 ans lorsqu’elle décroche un petit boulot en parallèle de ses études. Elle doit s’occuper de Ludivine, 9 ans, chaque soir après l’école et tous les samedis. Logée sur place à La Favorite, maison de maître en bord de forêt, elle se lie d’une profonde amitié avec cette enfant. Le père est un artiste incompris, la mère une avocate brillante qui ne semble vivre que pour son mari, et la petite Ludivine une enfant à l’imagination foisonnante et intensément vivante que sa mère juge pourtant « endormie ». « Éteinte » semblerait un terme plus juste, tant il est difficile d’exister auprès de ce couple fusionnel. Avec Silke, Ludivine est pourtant on ne peut plus éveillée, curieuse et inventive.

À partir d’un sujet a priori banal, Michel Layaz explore ce huis-clos par petites touches et avec une grande finesse. En peu de pages, il rend ses personnages inoubliables. Son écriture sensorielle frappe par son épure et son élégance, et m’a rappelée celle de Jens-Christian Grøndahl notamment. C’est très beau et je n’en ai sûrement pas fini avec cet auteur.

Sandrine, Aifelle, Kathel ou encore Patrice et Eva ont lu des romans publiés par ZOÉ plus ou moins récemment. Tous ont l’air hautement recommandables !