Traduction du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka – Agullo Éditions
J’avais des attentes vis-à-vis de ce roman et tout a plutôt bien commencé (si j’ose dire) avec un meurtre commis en 2000 mais lié à des événements survenus en 1980, soit près d’une décennie avant la chute du Mur de Berlin. Dix ans après le crime, Peter, ancien fonctionnaire en retraite anticipée, cherche à en savoir plus. Il s’entretient alors avec celles et ceux qui avaient participé – avec lui ainsi que la victime – à la construction d’un tunnel censé permettre des évasions de Berlin-Est vers Berlin-Ouest. Ce sont leurs témoignages respectifs que nous livre Magdalena Parys, des récits fictifs que l’on sent néanmoins nourris par des expériences très documentées.
La construction chorale qui distille les informations au compte-goutte est faite pour nous faire tourner les pages avec avidité et cela fonctionne. J’ai lu ce roman très vite, voulant avoir le fin mot de l’histoire et appréciant d’apprendre de nombreux détails historiques. L’autrice a visiblement beaucoup de choses à dire sur la Pologne derrière le rideau de fer, la Stasi et la RDA, les magouilles des uns et des autres à l’Ouest comme à l’Est pendant la Guerre froide et après. Le propos est donc intéressant. Pourtant, j’ai été déçue.
Les personnages sont nombreux, et plusieurs d’entre eux sont trop survolés pour que leur présence soit utile. Les fils de l’intrigue, multiples et intéressants en eux-mêmes s’entrecroisent par ailleurs d’une manière trop alambiquée à mon goût. C’est surtout le cas dans la dernière partie du roman, comme si Magdalena Parys avait voulu accélérer le rythme, au risque d’en faire trop.
D’autres éléments ont gâché mon plaisir : Tout d’abord quelques choix hasardeux et/ou erreurs de traduction/d’édition tels que « elle avait des visières sur les yeux » (vu le contexte, il s’agissait clairement d’œillères), des noms intervertis ou encore le fait de laisser le terme Hakenkreuz en allemand au lieu de le traduire. « Croix gammée » est quand même plus parlant pour un lectorat francophone, me semble-t-il. Plus embêtant, l’intrigue contient quelques grosses ficelles et incohérences qui m’ont gênée.
Bref, des maladresses, des lourdeurs et des complications scénaristiques superflues m’ont par moments égarée ou fait tiquer. Le but était sans aucun doute de maintenir la tension jusqu’à la révélation finale censée nous laisser bouche bée. Pour ma part, j’ai plutôt eu un sentiment de « tout ça pour ça », l’enjeu de toute cette histoire m’ayant en effet paru moyennement palpitant, même s’il est crédible et indubitablement criminel.
Cette lecture commune avec Patrice (du blog Et si on bouquinait un peu ?) débouche donc sur une déception, peut-être due avant tout à mes attentes initiales. Pour vous faire une idée plus complète à défaut d’être objective, je vous recommande donc de lire l’avis de Patrice ici. Celui-ci avait d’ailleurs déjà chroniqué Le Prince, autre roman de Magdalena Parys.
36 réponses sur « 188 mètres sous Berlin – Magdalena Parys »
Lu à sa sortie, (j’ai du mal à résister à un titre contenant Berlin) j’ai été un peu déçue aussi, j’ai trouvé la construction trop alambiquée pour une intrigue assez simple…
https://lettresexpres.wordpress.com/2017/10/03/magdalena-parys-188-metres-sous-berlin/
Eh, eh, je suis un peu comme toi par rapport à Berlin 😉. J’ai encore découvert des choses d’ailleurs, notamment le Berliner Zuschlag, cette prime pour les habitants de Berlin-Ouest. Mais la construction et les coïncidences qui se multipliaient m’ont paru trop artificielles.
En effet Patrice tempère un peu le ressenti. C’est bien ça qui est subtil quand on émet un avis…j’y prends garde également car certains livres qui laissent de marbre des lecteurs sont appréciés par d’autres. En faisant un petit « mix » de vous 2 je vais l’inscrire sur ma liste.
Bon dimanche
Exactement, et cela dépend aussi parfois du moment choisi pour lire un roman et de nos attentes. Les miennes étaient grandes car j’aime beaucoup la maison d’édition Agullo et que le sujet m’intéressait énormément. Celles de Patrice étaient sans doute plus tempérées car il avait eu des réserves sur un autre roman de cette autrice.
Moi non plus je ne suis pas très fanatique des constructions de romans très alambiquées. C’est malheureusement à la mode en ce moment.
Je le constate moi aussi. Parfois ces constructions servent habilement le propos, mais trop souvent ils masquent une intrigue un peu faible.
étant donné les remarques négatives je vais laisser ce roman sur les étagères !
Patrice ayant aimé, il faut peut-être tenter quand même ?
Merci tout d’abord pour cette lecture commune qui m’a permis enfin de lire ce livre. Il est vrai que j’ai comparé ce livre au Prince que j’ai lu récemment, et j’ai trouvé celui-ci bien meilleur. Je pense que la construction est bien menée, que la pelote se dévide progressivement. Sur les incohérences et grosses ficelles que tu mentionnes, j’avoue qu’il y en a quelques unes (mais moins que dans Le Prince :-)). Je te rejoins aussi sur la fin : après une telle construction, on s’attend à une fin un peu plus solide. Néanmoins, je reste sur une bonne note. C’est le charme des lectures communes de voir des avis très différents :-). Vivement la prochaine !
Tout à fait accord, je trouve ces regards simultanés très enrichissants ! Ma prochaine chronique parlera d’ailleurs d’un autre roman paru chez Agullo que tu as lu également, il y a déjà un certain temps, et sur lequel nous sommes unanimes 😁.
Dommage cela aurait pu m’intéresser aussi mais il y a tant à lire !
Je n’ai quand même pas passé un mauvais moment et j’ai appris pas mal de choses mais il y a tant de tentations que pouvoir éliminer quelques titres n’est pas un mal parfois 😉
Dommage… je ne connaissais pas ce livre alors je te remercie pour la découverte. C’est vrai qu’aujourd’hui, les autrices et les auteurs jouent beaucoup avec la forme et parfois, le fond laisse à désirer.
Pourtant elle avait des choses intéressantes à raconter mais cela manquait de personnages attachants à mon avis.
Ah mince, ça partait bien. Je ne m’attendais pas à ces bémols en cascade à la fin. Bon, quelque part, tant mieux pour ma PAL.:)
Je suis un peu dure, sans doute parce que j’en attendais plus. Mais pour les fans de polars, la fin est un peu légère, c’est vrai
Le billet de Patrice est plus enthousiaste mais il semble déçu aussi par la conclusion du roman. Et je vois que Kathel est d’accord avec toi sur l’aspect trop alambiqué de l’intrigue. Donc, je vais passer mon tour pour cette fois.
Je te comprends, il y a trop de livres et pas assez de temps 😄. Ce roman a quand même eu le prix de la littérature européenne et de bons avis sur Babelio.
L’avis de Patrice est plus positif que le tien, mais je vois que Kathel en rajoute du côté de ta déception. J’ai beaucoup à lire en ce moment, donc je vais me hâter lentement de décider si je l’emprunte à la bibliothèque 😉
Oui, tu peux prendre ton temps 😉
Dommage pour ces bémols, les débuts du roman semblant prenants ! Je te remercie néanmoins pour la découverte.
C’est dommage en effet, le sujet et l’époque m’intéressaient beaucoup, mais l’autrice en a fait trop pour moi 😅.
Dommage !
Heureusement j’ai enchaîné avec une excellente lecture donc j’ai vite oublié cette déception !
Tu as un avis mitigé et tu as relevé quelques inconhérences et erreurs de traduction comme cela arrive parfois mais l’ensemble me parait tout de même intéressant d’autant plus que je ne connais pas encore cet auteur et que par curiosité je me laisserai tenter si je le trouve…il ne sera simplement pas prioritaire vu ma liste en attente ! Merci pour cette lecture commune je vais aller lire la chronique de Patrice.
Il y a des choses très intéressantes, c’est certain. La forme ne m’a pas plu, mais c’est très subjectif comme tu le verras notamment avec la chronique de Patrice 😉.
Je ne lis plus beaucoup d’auteurs polonais malheureusement, alors il faut que je tombe bien quand ça arrive…
Je te comprends ! J’en ai lu peu jusqu’à présent. J’ai tenté un roman d’Olga Torcaczuk que j’ai abandonné… Par contre j’ai lu au moins deux ans polars polonais : Pyromane et Les impliqués.
J’ai lu et apprécié toute la série écrite par Wojciech Chmielarz. Tu penses la poursuivre?
Ce serait une bonne idée parce que le premier tome m’avait beaucoup plu mais j’aurais voulu éviter d’acheter toute la série et elle n’était pas disponible dans ma médiathèque. Il faudrait que je vérifie si elle n’a pas eu le temps de l’acheter…
J’avoue aimer lire des chroniques négatives de temps en temps, surtout quand elles sont bien argumentées comme la tienne. Malgré l’avis bien plus positif de Patrice, je ne suis pas tentée et ma pal te dit merci 🙂
Elles sont assez rares chez moi car je suis bon public ah ah, et que j’abandonne sans scrupule les romans qui ne me plaisent vraiment pas. Ici, je n’en étais pas du tout là car le roman est efficace. C’est intéressant justement de temps en temps de creuser ce qui m’a déplu, ça m’aide à affiner mes choix. Et j’apprécie moi aussi les critiques négatives quand elles permettent de cerner ce qui a péché. Ça aide à faire des choix !
J’avais aimé cette lecture, et découvert l’auteure avec cette première traduction. Ses romans suivants sont plus fournis.
Je ne pense pas continuer à la lire, mais sait-on jamais… Elle aborde des sujets qui m’intéressent beaucoup donc je ne dis pas non à tout jamais.
C’est toujours décevant quand on espère être sous le charme d’une lecture et qu’on en ressort pas entièrement convaincu
Oui, les rendez-vous ratés comme celui-ci sont un peu tristes. Heureusement, je suis ensuite tombée sur un roman formidable qui m’a enchantée 😊