Série d’épisodes de l’émission Sans oser le demander (France culture)
L’an dernier, une de mes émissions radio préférées, Sans oser le demander, a consacré de nombreux épisodes à la littérature. J’ai tout particulièrement aimé la série sur notre façon d’aborder la lecture et le livre. De véritables gourmandises pour les oreilles des bibliophiles et bibliovores. Voyez plutôt :
L’émission se veut grand public en abordant la littérature par ces interrogations a priori futiles, et il est vrai qu’elle est tout à fait accessible tout en nous apprenant une foule de choses. De nombreux autres épisodes parlent de littérature avec des questions aussi décomplexées et passionnantes que : Emma Bovary est-elle le personnage le plus bête de la littérature ? Littérature feel-good : pourquoi est-ce mal vu de se faire du bien ? Pourquoi lire Christine de Pizan, celle qui imaginait, au Moyen Âge, une cité sans hommes ? Connaissez-vous le roman le plus lu et le plus dangereux de la Chine ? Qui est Rumiko Takahashi, la mangaka plus lue au monde ?
Bref, il y en a pour tous les goûts. L’émission n’est hélas pas reconduite cette année, mais elle reste heureusement disponible en podcast. Bonne écoute !
Traduction de l’allemand par Valentin René-Jean – Éditions Zulma
Paru en 2021 en Allemagne, Marzahn, mon amour fait partie de la rentrée littéraire 2023 des éditions Zulma qui tapent une nouvelle fois dans le mille avec ce formidable petit livre.
Katja Oskamp est une autrice née en ex-Allemagne de l’Est. Au milieu de la quarantaine, cette période « où la rive que l’on a quittée n’est plus en vue et où la destination a tendance à se rapprocher bien trop vite » (citation libre car j’ai lu ce livre en VO et n’ai pas consulté sa traduction), elle constate qu’elle ne peut pas vivre de sa plume et décide d’exercer un tout autre métier.
Elle commence donc une formation où elle côtoie d’autres femmes elles aussi autour de la cinquantaine qui rencontrent des difficultés personnelles ou financières et entament une reconversion plus ou moins choisie. Katja Oskamp devient ainsi pédicure et c’est dans un salon de beauté du quartier berlinois de Marzahn qu’elle exerce, aux côtés d’une masseuse et d’une manucure. En plus d’un métier qui l’épanouit, elle trouve là une source d’inspiration pour d’émouvants portraits de gens simples, dignes, courageux ou exaspérants.
Le sous-titre allemand Histoires d’une pédicure, qui a disparu dans la version française, donne d’emblée le ton : Chaque chapitre nous présente un(e) autre client(e) dont Katja Oskamp ausculte et soigne les pieds, écoute les récits de vie, les récriminations, les confessions ou même les propositions indécentes. À Marzahn, les client(e)s du salon sont pour la plupart des personnages âgées qui vivent chichement dans les gigantesques immeubles en cages à lapin érigés dans les années 1980 par la RDA pour donner une image de modernité. On est loin du Berlin des clubs branchés qui attire la jeunesse.
Katja Oskamp lance ici un cri d’amour à ce quartier mal-aimé et à ses habitant(e)s. Elle nous livre un récit plein d’humanité et de tendresse. Difficile de rester insensible aux portraits du touchant M. Paulke, de Mme Noll (dont on aimerait pouvoir faire taire la fille une fois pour toutes !), de la fougueuse Mme Blumeier ou de Mme Bronkat, elle qui fut une « réfugiée de l’intérieur ». J’ai été très touchée par ces destins (pas si) banals qui nous font découvrir la vie au quotidien en ex-RDA et dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Et j’ai beaucoup souri aussi car Katja Oskamp a un indéniable sens de l’humour qu’elle sait parfaitement doser pour ne pas verser dans la sensiblerie. Autrement dit, c’est une lecture que je vous recommande chaudement !
PS : Le hasard a voulu que je chronique deux romans allemands en ce début septembre. Pas d’inquiétude : Je garde en réserve une ribambelle de titres pour le rendez-vous des Feuilles allemandes chez Eva & Patrice en novembre 😀
Traduction de l’allemand par Monique Rival et Barbara Fontaine – Éditions Folio poche
Quel roman, quelle autrice (oui, Nino est une femme) et quelle traduction ! Ce livre est absolument ébouriffant. Porté par un souffle littéraire incroyable, il balaie plus d’un siècle d’histoire de la Géorgie et suit sur 5 générations les femmes de la famille Iachi (ainsi que quelques hommes). Si leurs destins sont bouleversés par les événements politiques comme par la violence ou la lâcheté des hommes ou leurs propres choix parfois hâtifs, elles se battent et résistent toutes à leur manière, pour le meilleur et pour le pire.
Dans cette saga familiale et historique, pas le moindre temps mort ni la moindre mièvrerie. Les relations entre les hommes et les femmes comme entre les parents et les enfants sont marquées par l’incompréhension, la révolte, le poids du silence, en miroir de la tension qui traverse la région du Caucase au fil des décennies.
Comme la Géorgie, l’écriture de Nino Haratischwili (d’origine géorgienne mais qui écrit en allemand) est au carrefour de ce que l’on pourrait appeler « l’âme russe » – je veux parler d’un souffle épique et tourmenté à la fois – et d’une douceur et d’une mélancolie qu’on pourrait attribuer à l’Orient. Elle a en tous cas emportée l’Européenne que je suis !
J’ai retrouvé dans ce roman des accents de La maison aux esprits d’Isabel Allende avec les fantômes que Stasia, l’arrière-grand-mère, voit régulièrement dans son jardin ou encore avec le Chocolat chaud qui serait à l’origine de la malédiction familiale. Il a aussi fait écho chez moi au film, bouleversant et très puissant sorti cet été, Les filles d’Olfa. Il y est en effet question du cycle infernal de la violence qui se répète de génération en génération : violence des hommes, mais aussi des mères envers leurs filles, violences sociales et politiques, violences physiques et psychologiques. Comme dans le documentaire de Kaouther Ben Hania, La huitième vie s’achève sur l’espoir que la jeune génération brisera ce cercle vicieux. En connaissant son histoire familiale, elle saura peut-être enfin s’en libérer grâce à la parole et à l’écriture.
Sois tout ce que nous avons été et n’avons pas été. Sois lieutenant, funambule, pianiste, amante, mère, infirmière, écrivain, sois rouge et blanche, et bleue, sois le chaos et sois le ciel, sois eux et sois moi, et ne sois rien de tout cela, danse surtout d’innombrables pas de deux. Passe à travers cette histoire, laisse-la derrière toi.
S’il entre incontestablement dans les catégories des Pavés de l’été (chez Sibylline) et des Épais de l’été (challenge organisé par tad loi du cine) avec ses 1189 pages, La huitième vie fait surtout partie des romans qu’on dévore et dont les personnages vous suivent longtemps. C’est à coup sûr un de mes coups de cœur de l’année. D’autres avis chez Sunalee et Livr’escapades.
J’aime les bons polars qui décryptent un milieu, une société, comme ceux de Batya Gour, l’autrice israélienne qui a créé le personnage de Michaël Ohayon il y a déjà quelques décennies. Les enquêtes de ce policier d’origine marocaine, ancien étudiant en Angleterre, vont le conduire dans des univers très spécifiques dont la plupart des titres ne font pas vraiment mystère :
Deux de ces romans m’ont particulièrement plu : Le premier, Meurtre un samedi matin, se déroule dans les arcanes d’un institut de psychanalyse tandis que l’autre, Meurtre au kibboutz, offre une véritable immersion dans la vie d’un de ces villages collectifs. L’analyse très fine de la psychologie de chaque personnage est passionnante et j’ai appris une foule de choses étonnantes (pour moi en tous cas), notamment sur l’éducation telle qu’elle était envisagée dans les kibboutzim jusqu’à une date relativement récente.
Au final, dans ces romans, peu importe qui a commis le meurtre en question et les amateurs de thrillers en seront pour leurs frais. Pas de tension insoutenable ou de frisson d’horreur, le crime est ici avant tout l’occasion d’une étude de mœurs extrêmement fouillée. Batya Gour dévoile ainsi un pan chaque fois différent du pays à l’histoire si complexe et aux contrastes si forts qu’est Israël.
Batya Gour est souvent comparée à Agatha Christie (personnellement, je ne vois pas bien pourquoi car on est loin des romans à énigme) et parfois appelée la « P.D. James israélienne ». Cette dernière comparaison me semble beaucoup plus judicieuse et, en fervente adepte des enquêtes du commandant Dalgliesh, je ne m’en plaindrai sûrement pas.
PS : Les romans policiers de Batya Gour ont été traduits de l’hébreu par des traducteurs et traductrices différent(e)s, et parfois à quatre mains. Ces traductions sont signées : Laurence Sendrowicz, Jacqueline Carnaud, Jacqueline Lahana, Rosie Pinhas-Delpuech et Emmanuel Moses.
Je vous épargnerai le détail de ma passion pour Les Trois mousquetaires, d’autant que certain(e)s d’entre vous ont déjà lu mon brouillon d’article envoyé par inadvertance 😀 Sachez simplement que je projetais de relire sa suite, Vingt ans après, pour ce rendez-vous des #Classiquesfantastiques. Mais d’actes manqués (oublis systématiques de l’emprunter en médiathèque) en coup du destin (je suis tombée sur Les Trois mousquetaires en boîte à livres), j’ai cédé à la tentation de relire le premier opus des aventures de d’Artagnan et ses comparses.
J’avais d’emblée exclu Dickens. David Copperfield, M. Pickwick et Oliver Twist m’ont plutôt ennuyée (ou je les ai peut-être lus trop jeune). Je prévois malgré tout de lire un jour le fameux Conte de Noël de l’auteur britannique, dont j’ai vu une réjouissante adaptation dans un épisode de Docteur Who qui lui rendait hommage.
L’essentiel de l’histoire des Trois Mousquetaires est archi-connu et il me semble superflu de le résumer ici. Voici plutôt mes impressions après cette énième lecture, mais la première depuis au moins 15 ans.
J’ai rapidement constaté que j’avais subi une telle influence des adaptations de ce roman au cinéma que j’avais oublié bien des choses, à commencer par des passages qui m’ont paru fort longs, mais aussi le fait que la fameuse affaires des ferrets de la reine était résolue dès le milieu du roman. Après ce trépidant aller-retour en Angleterre, il y a nettement moins d’action, ce qui explique que la 2e partie du roman soit survolée au cinéma et que je l’ai effacée de ma mémoire. J’imagine aussi que l’édition pour la jeunesse que j’ai lue et relue dans mon enfance opérait d’importantes coupes dans les passages les plus descriptifs du roman original…
J’ai également été surprise par la quasi absence de certains personnages ou encore par leur personnalité bien plus ambiguë que dans mon souvenir. Ainsi, Madame Bonacieux disparaît pendant plusieurs centaines de pages sans que cela ne gêne nos héros, puis elle réapparaît de manière fort opportune à la toute fin du récit. Celui qui est censé être l’ennemi juré de d’Artagnan, le fameux comte de Rochefort, est finalement un personnage très anecdotique. J’ai par contre trouvé extrêmement intéressant de redécouvrir les incontournables Capitaine de Tréville et Cardinal de Richelieu, bien différents de mon souvenir là encore. Ils s’avèrent tous les deux extrêmement ambitieux, et les intrigues de palais ne sont pas l’apanage de Son Éminence, bien au contraire. M. de Tréville est très proche du roi, qu’il sait lui aussi manipuler pour obtenir ce qu’il veut. Il est très attaché à ses mousquetaires et les défend envers et contre tous, quitte à couvrir des agissements puérils voire objectivement répréhensibles, simplement parce qu’il s’agit de ses hommes. Quant à Richelieu, je l’ai redécouvert admiratif d’Athos, Porthos, Aramis et encore plus de d’Artagnan, au point qu’il aimerait les voir rejoindre ses troupes et qu’il ne manquera pas de les récompenser lorsqu’il en aura l’occasion. Il est beaucoup moins machiavélique, et donc moins caricatural, que dans bien des adaptations là encore. Bref, une agréable surprise sur ce point car ces deux personnages sont plus complexes et intéressants que dans mon souvenir.
En résumé, j’ai retrouvé la véritable intrigue et la vraie personnalité des protagonistes de ce roman foisonnant et truculent. Sa première moitié était à la hauteur de mes attentes avec des personnages flamboyants (ce qui va de pair avec d’inévitables exagérations, mais elles ont leur charme), et de nombreux rebondissements. La deuxième partie s’enlise cependant, à l’image du siège de La Rochelle qui occupe bien trop de pages à mon goût. J’ai peiné dans les deux ou trois cents dernières pages.
Certains défauts sont probablement liés à la forme initiale du roman (publié en feuilleton, ce qui peut expliquer que Dumas ait parfois fait du « remplissage ») ou encore à l’époque et au genre. Ces quatre mousquetaires me sont en tous cas apparus comme de grands enfants (voire de petits garnements), perdant systématiquement leur argent au jeu ou en boisson, devant donc se faire entretenir par leurs maîtresses ou employer des méthodes peu honnêtes pour pouvoir survivre ou s’acheter l’équipement nécessaire à leur travail (= la guerre). Leur code d’honneur est à géométrie variable, leur susceptibilité frôle le grotesque et leur côté potache m’a quelque peu lassée. Je passerai sur le fait que la supercherie de d’Artagnan envers Milady de Winter, est 1) peu crédible, 2) franchement écœurante. Difficile de lui en vouloir de chercher à se venger après ça !
Alexandre Dumas vu par l’artiste Rast
J’attendais plus de cette relecture, c’est certain. Dumas garde cependant toute mon affection car j’aime son ironie, ses descriptions si piquantes et l’esprit d’aventure qu’il insuffle.
Pour connaître le résultat du match Dumas/Dickens, rendez-vous chez Moka et Fanny !
Les vacances étaient bienvenues pour venir à bout de ce Pavé de l’été (chez Sibylline), qui fait aussi partie de la catégorie des Épais de l’été (gérée par ta d loi du cine, squatteur chez Dasola) avec ses près de 700 pages.
PS : Si vous vous demandez s’il vaut mieux lire Les Trois mousquetaires ou aller voir le film (si ce n’est déjà fait), je vous recommande le podcast Pourquoi aller voir le film alors que le livre est tellement bien ? ou de lire d’autres avis comme celui de Petite Plume, Maud, Charlotte Parlotte et bien sûr celui des blogueurs et blogueuses qui auront chroniqué ce monument dans le cadre des #Classiquesfantastiques.
Traduction de l’italien par Lise Caillat – Éditions Gallimard
Après Cendrillon de Joël Pommerat et Légende d’une vie de Stefan Zweig, voici pour moi la 3e lecture de pièce de théâtre de l’année. Née sous la plume alerte et précise de l’Italien Alessandro Baricco, cette histoire se déroule au tout début du 20e siècle au Canada, et plus précisément aux chutes du Niagara où les lunes de miel s’enchaînent tout autant que les suicides spectaculaires.
Deux hommes, Smith et Wesson donc, se rencontrent dans ce cadre naturel exceptionnel. L’un est un inventeur malchanceux, l’autre un fin connaisseur des courants qui a fait du repêchage des corps son passe-temps. Leurs premiers échanges, drôles et à la limite de l’absurde, s’enchaînent à un rythme idéal pour une mise en scène à 100 à l’heure. L’arrivée de Rachel Green, jeune journaliste en quête d’un scoop, va venir pimenter ce duo en construction. Le défi que tous trois décident alors de relever est risqué et bouleversera leurs vies. L’humour laissera la place à la gravité…
Si cette pièce ne sera pas la plus marquante de mes lectures de l’année, son côté désenchanté et légèrement décalé, sans oublier ses dialogues savoureux, m’ont fait passer un très bon moment et montré l’envers du décor des fameuses Niagara Falls.
Traduction du danois par Catherine Renaud – Éditions Le bruit du monde
Les vacances estivales du blog sont terminées. Heureusement, la littérature nous fait voyager toute l’année ! Après De l’argent à flamber, je reprends la direction du Danemark avec un court roman très drôle qui change des polars nordiques.
Le pays des phrases courtes, c’est le Jutland, région de l’ouest du Danemark, où une jeune mère suit son conjoint qui vient d’accepter un nouveau poste. On retrouve ici l’image d’Épinal du Danemark avec ses écoles alternatives où profs et élèves vivent en communauté, ses crèches familiales où les enfants sont « certifiés nature », où tout le monde semble doté d’un self-control et d’un sens de la pédagogie hors du commun. Tout le monde, sauf la narratrice (on ne connaît pas son nom) qui se sent totalement déconnectée et incompétente.
Trop bavarde et abordant tous les sujets sans filtre, épuisée par les nuits sans sommeil et les injonctions faites aux jeunes parents, elle s’accroche désespérément à son amie joyeusement terrifiante Krisser, à ses profs d’auto-école et à un reporter télé qu’elle idolâtre. Cette anti-héroïne dont on ferait bien sa meilleure copine fait voler en éclats l’image lisse et parfaite que l’on se fait parfois des Danois(es).
Avec beaucoup d’humour, l’autrice met à nu de nombreux travers de nos sociétés modernes. Elle s’en donne à cœur joie en faisant tenir à son personnage principal la rubrique Boîte aux lettres d’un journal. Au moyen d’exemples tirés de sa propre expérience et de conseils pas toujours académiques, notre héroïne mi-survoltée mi-déprimée répond aux questions existentielles de la population locale, sans prendre de gants et avec une dose prononcée d’auto-dérision.
Politiquement incorrecte, d’une franchise déconcertante et d’une vulnérabilité qui tempère son côté péremptoire, elle se révèle très attachante. Surtout, son discours est totalement décomplexant, que ce soit pour les jeunes parents, les « pièces rapportées » ou celles et ceux qui se sentent décalé(e)s en société. On compatit, on rit et (pour ma part) on se sent enfin compris !
Traduction de l’espagnol (Porto Rico) par François-Michel Durazzo – Éditions Zulma
Une première lecture d’Amérique latine pour mon blog ! Je vous invite aujourd’hui à découvrir un roman foisonnant, sensuel et dépaysant autour de la rencontre (a priori imaginaire) entre le mythique Carlos Gardel et une jeune Portoricaine tiraillée entre son héritage de guérisseuse et son ambition scientifique.
Mon nom est Michaela Thorné et je suis une femme qui se souvient. Avant cela, j’ai été bien des choses : une jeune élève infirmière, la petite-fille d’une vieille guérisseuse, la protégée du docteur Martha Roberts de Romeu. J’ai aussi été la maîtresse de Gardel.
C’est sur ces trois phrases que s’ouvre ce roman passionnant et passionné. Il y sera question du racisme subi par la population noire de Porto Rico, et d’Amérique latine en général, de la connaissance subtile des plantes médicinales qu’avaient les natifs de ce continent, du pillage des ressources par les Occidentaux, du rôle de cobayes joué par les Portoricains et les Portoricaines pour les laboratoires et médecins américains. Bien sûr, il y sera également question de tango, de chanson, mais aussi de Toulouse (car Carlos Gardel serait né sous le nom de Charles Gardes dans la Ville rose), de Buenos Aires évidemment, de Paris ou encore de New York et de son Spanish Harlem.
Mayra Santos-Febres a une écriture vibrante, exubérante et précise à la fois. Elle parvient à entrecroiser le parcours d’une jeune femme qui se cherche et se construit avec celui d’un Carlos Gardel toujours tombeur, mais en bout de course. On ressent la chaleur des corps, la touffeur de l’air et la luxuriance de la nature, tout comme le dilemme de celles et ceux qui veulent échapper à leur destin de misère.
Une très belle découverte, à la fois d’un pays à l’histoire coloniale lourde et victime d’innombrables fléaux, d’un personnage de légende (qui se résumait pour moi surtout à un nom et à un costume de faux gaucho à paillettes), et enfin d’une formidable écrivaine.
PS : Le blog se met en pause estivale. Retour le 21 août ici et dans vos messageries ! Bel été et à bientôt !