Traduction du bulgare par Marie Vrinat – Tropismes éditions
Dans ce court roman bulgare, Rene Karabash fait entendre une voix originale et très moderne. Une lecture hautement recommandable !
Si vous avez lu Ismaïl Kadaré, vous savez ce qu’est le kanun. Ce code coutumier réglant les questions de vengeance a cours depuis le Moyen Âge dans les Balkans, notamment en Albanie où se passe l’essentiel de Vierge jurée. C’est à la fois pour se conformer à cette « loi » et y échapper que Bekia est devenue Matia, une vierge jurée. Autrement dit, au prix d’un serment de virginité, elle a été reconnue comme un homme par la société et vit comme tel.
En éclatant la narration et en jouant sur les idées toutes faites, l’autrice prend le contrepied de ce récit qu’on aurait pu craindre caricatural. Tout est finalement contenu dans ce vers qui vient scander le roman : « le mensonge comme un ver ».
Si j’ai été brièvement perturbée par l’entrée en matière non-linéaire et des phrases sans ponctuation, j’étais totalement dans l’histoire au bout de quelques pages seulement. Et je n’étais pas au bout de mes surprises, les changements de points de vue permettant de multiplier les retournements jusqu’à la toute fin du roman (attention, on n’est pas non plus dans un thriller☺️ !).
La langue, simple, précise et poétique, coule de source en français (et donc je suppose en VO). Du beau travail, de la part de l’autrice comme de la traductrice Marie Vrinat.
Chez Passage à l’Est, vous trouverez un deuxième avis positif assorti de liens très intéressants vers, entre autres, une interview de l’autrice sur la genèse de ce roman.
PS : Une autre lecture, très différente, qui m’avait beaucoup plu chez Tropismes éditions : Alors toi aussi.
Traduction du bulgare par Denitza Bantcheva – Éditions Bleu autour
Pour ouvrir cette Rentrée à l’Est consacrée à la Bulgarie, j’ai choisi un écrivain apprécié de prestigieux auteurs tels que Thomas Mann, Ivo Andric, Yachar Kemal ou encore Jules Romains. Né en 1880 et décédé en 1937, Yordan Yokvov est en effet considéré comme l’un des plus grands nouvellistes bulgares.
Célébré dans son pays, il reste méconnu en France et son recueil intitulé Légendes du Balkan n’est malheureusement plus disponible à la vente. Avec un peu de chance, vous pouvez encore le trouver d’occasion ou en bibliothèque. À défaut de découvrir son œuvre plus amplement, on peut s’y initier grâce aux éditions Bleu autour qui proposent une nouvelle unique, Un compagnon, dans un tout petit format discrètement, mais très joliment illustré par Sébastien Pignon.
Ce compagnon est un cheval sans nom. Nul ne sait d’où il vient et ce n’est de toute façon pas une préoccupation pour qui que ce soit. Car ce cheval est réquisitionné pour la guerre. Il en traversera les absurdités et en sera un héros anonyme. Même s’il s’agit ici des guerres balkaniques (pendant lesquelles Yovkov a combattu) et si l’histoire est bien plus courte (à peine 15 pages), j’ai immanquablement pensé au roman jeunesse Cheval de guerre de Michael Morpurgo. Vérification faite, Michael Morpurgo ne s’est cependant pas inspiré de cette nouvelle de Yovkov, mais des souvenirs de vieux habitués du pub qu’il fréquentait dans le Devon.
Toujours est-il qu’en quelques pages, Yordan Yovkov nous fait vivre l’absurdité de la guerre et nous émeut grâce à ce cheval qui ne paie pas de mine, mais qui s’attire le respect et l’affection des hommes par sa loyauté sans faille. C’est un récit intemporel et touchant qui méritait bien cette mise en valeur éditoriale et qui donne envie de lire d’autres nouvelles de Yovkov. Il ne me reste donc plus qu’à écumer les bouquineries 😆.
Me voici de retour après quelques belles semaines de vacances plutôt actives 🤸🏽♀️, tout en étant très ressourçantes 🧘🏽♀️. Je suis donc pleine d’énergie 🔋 pour ma reprise, et tout particulièrement pour ma Rentrée à l’Est.
Cette fois tourné exclusivement vers la Bulgarie 🇧🇬, ce rendez-vous devrait nous aider à mieux connaître ce pays qui fut au cœur des guerres balkaniques et qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, passa du camp de l’Axe à celui des Alliés, avant de tomber sous la coupe de l’Union soviétique. De l’abolition du royaume de Bulgarie (1946) à la chute du bloc de l’Est (1990), la République populaire de Bulgarie fut le régime politique en vigueur dans le pays. Membre de l’Union européenne depuis 2007, la Bulgarie abandonnera sa monnaie nationale, le lev, pour adopter l’euro en janvier 2026.
Autant dire que le pays a connu moult bouleversements, et pas des moindres. Cette histoire mouvementée et souvent tragique a bien sûr de quoi nourrir nombre de romans.
Avec la Rentrée à l’Est, mon objectif est simple : vous faire découvrir des autrices et auteurs bulgares ou écrivant à propos de la Bulgarie (la diaspora bulgare est importante, et de nombreux auteurs et autrices né(e)s’ en Bulgarie s’expriment en français ou en anglais).
Il n’est pas encore trop tard pour explorer cette littérature avec moi ! Vous trouverez ici une liste de suggestions. En prévision de son voyage en Bulgarie au printemps, Claudialucia a également beaucoup lu bulgare. Je vous recommande donc de jeter un œil à son site. Côté actualité, Les Argonautes font paraître un roman bulgare assez intrigant en cette rentrée littéraire, Le ministère des rêves, tandis que Gallimard publie Le jardinier et la mort de Guéorgui Gospodinov, auteur du remarqué Le pays du passé.
🎁 Quelques livres (d’occasion cette fois) seront à gagner 🎁. Il vous suffit de chroniquer au moins un roman, un film, un documentaire, une pièce de théâtre, une exposition ou encore un essai aux couleurs de la Bulgarie du 15 au 30 septembreinclus. Début octobre, je procéderai à un petit tirage au sort parmi les personnes qui auront publié un billet.
N’oubliez pas que d’autres rendez-vous sont organisés à l’automne et qu’ils peuvent vous permettre de faire d’une pierre deux coups :
Les Escapades en Europe proposées par Cléanthe vous invitent elles aussi sur les rives de la mer Noire en septembre 2025. En choisissant la Bulgarie, vous ferez donc coup double si vous publiez votre billet aux alentours du 15 septembre.
Les Pavés de l’été chez Sibylline et les Épais de l’été orchestrés par Tad loi du cine sur le blog de Dasola continuent jusqu’au 22 septembre .
Du 15 septembre au 15 novembre, Athalie et Ingannmic renouvellent le rendez-vous des lectures urbaines et architecturales intitulé Sous les pavés, les pages. Alors, pourquoi pas une lecture bulgare sur ce thème ? Ingannmic propose par exemple une lecture commune deRhapsodie balkanique, un roman de Maria Kassimova-Moisset que j’ai beaucoup aimé. (-> Mise à jour suite à la lecture d’Ingannmic : le roman ne peut finalement pas rentrer dans le rendez-vous des lectures urbaines. Vous pouvez cependant toujours faire un doublé Rentrée/Escapades en Europe (voir ci-dessus).)
Jusqu’à fin novembre, Fanja propose un book trip en mer. L’occasion est idéale pour embarquer sur la mer Noire !
До скоро (do skoro), c’est-à-dire à bientôt en bulgare !
finir la 3e et dernière saison de Broadchurch, série TV britannique totalement addictive (elle a plus de 10 ans mais n’a pas pris une ride) et finir la série TV américaine Bosch (dont j’ai déjà englouti les 4 premières saisons)
me balader dans les rues de Paris et visiter des expos comme l’excellente rétrospective du travail de Marie-Laure de Decker 📷 . Je ne connaissais pas du tout cette photoreporter avant ma visite à la Maison européenne de la photographie (MEP) la semaine dernière. Si vous aimez Henri Cartier-Bresson, vous devriez aimer les reportages de Marie-Laure de Decker ! (Ne manquez pas non plus ses autoportraits, tout sauf complaisants : ils sont saisissants).
mettre en pratique mes connaissances récemment acquises en broderie sur textile 🪡. Tous les tee-shirts de la famille risquent d’y passer 😄.
retrouver le goût de cuisiner. Pour m’y aider, j’ai notamment réservé un atelier pour apprendre à faire des sushi et des maki 🍣 en famille.
vivre une expérience inédite grâce à l’Amicale des Agents de Paris Saint-Lazare qui organise des trajets à bord de trains qui ont pris leur retraite depuis belle lurette. À nous la Normandie chic, l’absence de clim’ et les sièges en skaï qui collent aux cuisses 😝 !
découvrir le Plat pays, son Histoire, ses paysages, et bien sûr déguster ses spécialités 🧇 🍟 🍺 !
Cette année, 2 festivals rejoindront (thématiquement) la Rentrée à l’Est et je ne pouvais donc pas laisser passer cette occasion de vous parler de ces rendez-vous. Ils me tentent depuis un moment et au vu de leur programmation 2025, je ne vais sûrement pas pouvoir résister et il est fort possible que, pour la 1re fois, je me rende à un festival littéraire (voire 2 !).
Créé en 1992, le festival Les Boréales de Caen est aujourd’hui « le plus important festival dédié à la culture nordique en Europe ». Mais il ne se limite pas aux 5 pays nordiques et s’étend au Groenland, aux îles Féroé et aux pays baltes. En novembre prochain, ce sont justement l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie qu’il mettra à l’honneur. Il faut croire que j’ai eu le nez creux avec mon choix de destination en 2024 😅. Quelques noms désormais familiers (Jānis Joņevs, Laura Vinogradova, Elīna Brasliņa) seront présents aux côtés de nombreux autres écrivain(e)s et illustrateurs/illustratrices qui prouveront la vitalité de la littérature, y compris jeunesse, et de la BD baltes.
Le festival n’oubliera pas les autres pays, par exemple avec l’événement Nordic noir qui accueillera exclusivement des femmes autrices de polars, dont les très populaires Camilla Grebe, Karin Smirnoff et Katrin Engberg. Et bonne nouvelle pour moi, le Danois Jens Christian Grøndahl sera également de la partie, sans oublier des autrices et auteurs islandais (Auður Ava Ólafsdóttir…) et finlandais. Il y aura aussi des concerts, des séances de cinéma, du théâtre, du cirque… et des « cantines boréales » 🍴 😋.
Plus confidentiel (et entièrement gratuit), le festival VO/VF, traduire le monde de Gif-sur-Yvette en Essonne est dédié à la littérature étrangère par le biais de la traduction. Et devinez qui sera la traductrice à l’honneur de l’édition 2025 ? Je vous le donne en mille : ce sera Marie Vrinat-Nikolov, LA traductrice française et grande passeuse de littérature bulgare.
Le programme est là encore très alléchant avec bien sûr des rencontres avec des écrivains et des traducteurs/traductrices, des lectures, des débats et conférences sur une foule de thèmes, mais aussi des projections et des ateliers pour les adultes aussi bien que pour les ados et les jeunes enfants. Jetez un œil au programme de l’an dernier pour vous faire une idée, tout faisait envie (dommage que je n’ai pas été libre à cette date 😩…). Par ailleurs, c’est traditionnellement lors de ce festival qu’est remis le Prix de la traduction de l’Inalco-VO/VF 🏆. Je vais bien sûr me tenir au courant régulièrement car j’imagine que quelques écrivain(e)s bulgares seront à Gif-sur-Yvette cet automne… Personnellement, j’adorerai y croiser Theodora Dimova et Maria Kassimova-Moisset !
Si vous êtes tenté(e), sachez que le festivalVO/VF, traduire le monde aura lieu du 3 au 5 octobre 2025 et les Boréales du 13 au 23 novembre 2025. N’hésitez pas à me faire signe si vous pensez y aller 😎.
Bonne année à toutes et à tous ! Qu’elle soit riche en lectures📖 , en coups de cœur ❤️, en découvertes et en agréables surprises littéraires🤩.
Comme je vous l’ai annoncé en octobre dernier, la Rentrée à l’Est aura pour destination la Bulgarie 🇧🇬 en cette année 2025. Sachant qu’il pourrait s’avérer compliqué de trouver (surtout en bibliothèque) des ouvrages traduits du bulgare ou se déroulant en Bulgarie, c’est avec plusieurs mois d’avance que je mets à disposition cette liste de suggestions 📋. N’hésitez pas à me signaler des liens que j’aurais omis.
Physique de la mélancolie, Le pays du passé (Fanja, Allylit), Tous nos corps (Passage à l’Est), Un roman naturel, L’alphabet des femmes, Là où nous ne sommes pas, de Gueorgui Gospodinov
Baï Ganiou. Récits incroyables sur un Bulgare contemporain d’Aleko Konstantinov
Oublier Bucarest de Victor Ieronim Stoichita
Vous trouverez également quelques pistes sur ce blog créé par Marie Vrinat-Nikolov, grande traductrice et passeuse de littérature bulgare : Écrivains de Bulgarie.
Et voilà, la première édition de la Rentrée à l’Est est déjà terminée ! Un immense merci à toutes les blogueuses et tous les blogueurs qui m’ont accompagnée dans cette aventure balte et à celles et ceux qui ont commenté ou simplement lu les 31 billets 🤩 parus à l’occasion de ce petit rendez-vous. J’espère que cela vous aura donné envie de continuer à découvrir la littérature des pays baltes et plus généralement de l’Est.
Aujourd’hui, c’est l’heure du bilan et pour vous aider à vous repérer dans la liste très éclectique des livres (re)découverts pendant ces deux semaines, j’y ai glissé quelques pictogrammes, forcément un peu réducteurs mais que j’espère utiles :
Prisonnière de l’île glacée de Trofimovsk 🪆de Dalia Grinkevičiūtė chez Sunalee qui a lu ce témoignage dans sa traduction anglaise (parue sous le titre Shadows on the Tundra)
Macha ou le IVe Reich 👽 de Jaroslav Melnik chez Tête de lecture
Évidemment, vous attendez aussi de savoir qui a gagné un des romans offerts par les 3 généreuses maisons d’édition qui ont bien voulu s’associer à ce rendez-vous autour de la littérature des pays baltes. Fin du suspens, voici les gagnant(e)s de mon petit jeu-concours :
Sunalee a fait un sans faute en prédisant 15 billets pour l’Estonie ! Elle remporte Cap sur la liberté des Estoniens Voldemar Veedam et Carl B. Wall, paru aux éditions de La table ronde.
An s’était montrée un chouïa trop optimiste en prévoyant 16 billets, mais elle n’était pas loin du score final ! Elle remporte L’impératrice de pierre de la Lituanienne Kristina Sabaliauskaite, paru aux éditions de La table ronde.
Patrice avait imaginé un score de 13 billets, ce qui lui vaut de remporter Tigredu Letton Jānis Joņevs, paru aux Argonautes Éditeur.
Ex-æquo avec 12 billets escomptés, Athalie et Kathel remportent À l’ombre de la butte aux coqs du Letton Osvalds Zebris, paru aux éditions Agullo, pour Athalie et Ténèbres et compagnie de Sigitas Parulskis, paru aux éditions Agullo, pour Kathel.
Je suis actuellement en déplacement à l’étranger mais je vous enverrai vos livres d’ici la fin du mois, promis ! (Envoyez-moi juste votre adresse postale, par exemple via le formulaire de contact de mon blog).
Encore merci à Émilie qui a créé ce magnifique logo pour moi !
Je vous donne rendez-vous l’année prochaine du 15 au 30 septembre pour une nouvelle destination que j’ai le plaisir de vous annoncer dès aujourd’hui (j’en connais qui aiment préparer leur PAL longtemps à l’avance 😉). En 2025, ce sera la Bulgarie que je vous proposerai d’arpenter avec moi !
PPS : Octobre est un mois balte chez plusieurs éditeurs comme vous pourrez le constater avec cet article de Passage a l’Est : https://passagealest.wordpress.com/ De quoi vous donner des idées pour prolonger la Rentrée !
Traduction de l’estonien par Jean-Pascal Ollivry – Éditions Babel noir
Pour clore cette première édition de la Rentrée à l’Est, c’est – exceptionnellement – un invité qui vous livre sa chronique. En la lisant, j’ai découvert que le roman en question était compatible avec les lectures urbaines proposées chez Ingannmic et Athalie. Double merci 🙏🙏 donc à mon chroniqueur du jour à qui je laisse à présent la parole :
Je ne suis pas un grand lecteur de romans (en tout cas, je suis beaucoup, mais alors beaucoup moins insatiable dans ce domaine que Sacha), et encore moins de polars. Mon truc, ce sont plutôt les littératures de l’imaginaire, sans doute car j’ai un petit faible pour tout ce qui est complètement déconnecté de nos références habituelles (j’ai aussi un faible pour ce qui est historique, pour les mêmes raisons).
Voyant que je calais sur la lecture de Métalde Janis Jonevs malgré mon goût pour le genre musical du même nom, Sacha a eu pitié de moi et m’a proposé d’écrire plutôt un billet sur L’énigme de Saint-Olav, d’Indrek Hargla. La perspective de lire un polar historique m’a remémoré mes très bons (et anciens) souvenirs du Cercle de la croix, de Iain Pears. C’est donc avec un a priori positif que j’ai accepté de me plonger dans cette première enquête de Melchior l’apothicaire.
Dans une Tallinn encore dominée en 1409 par l’ordre des Chevaliers teutoniques, un haut dignitaire de cet ordre est sauvagement assassiné. L’enquête menée dans ce roman par l’apothicaire de la ville nous invite à découvrir les grands acteurs de la vie sociale dans l’Estonie médiévale.
L’avant-propos de l’auteur a pour moi été pour beaucoup dans l’intérêt initial de l’histoire. En effet, l’enquête aurait été inspirée par les traces dans le registre du Conseil de Tallinn d’un fait divers similaire (l’assassinat d’un dignitaire teutonique) remontant justement à 1409. Cette utilisation de sources historiques pour créer une petite histoire dans la grande était clairement de nature à piquer mon intérêt. J’avais d’ailleurs adoré le roman Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski, qui avait utilisé le même procédé.
Ne connaissant pas grand-chose à la société médiévale estonienne, je serais bien en peine de critiquer la rigueur historique du roman d’Indrek Hargla. Pour autant, il nous peint avec force détails la ville, son organisation, ses us et coutumes. Les relations qu’entretiennent l’ordre teutonique, le clergé et les différentes guildes sont également autant d’éléments mis en avant pour donner une épaisseur certaine au roman. Malheureusement, Hargla ne parvient pas à utiliser les 419 pages du livre pour donner assez de corps à ses personnages à mon goût. Melchior, l’apothicaire-enquêteur, semble pendant une bonne moitié du roman très lisse et trop plein de bons sentiments pour moi. Son relief et ses failles nous sont ainsi présentés bien tard, et les autres personnages, trop nombreux, ne parviennent pas à capter suffisamment la lumière pour qu’Indrek Hargla leur donne une véritable consistance.
En ce qui concerne l’enquête en elle-même, j’avoue humblement n’en avoir pas saisi les toutes dernières révélations. Le mode narratif de conclusion de l’enquête, qui rappelle quelque peu Agatha Christie mettant en scène la présentation par Hercule Poirot de ses trouvailles à la galerie de personnages au grand complet, ne m’a en effet pas permis de démêler tous les fils de l’écheveau. Je reste donc de ce point de vue clairement sur ma faim.
En résumé, il s’agit d’un roman qui, s’il est clairement un peu long, se laisse toutefois lire pour sa description vivante et détaillée de l’organisation d’une cité médiévale. L’Énigme de Saint-Olav n’est cependant pas un livre dont je garderai un souvenir impérissable.
Il s’agit du premier volume d’une série de 6 enquêtes, dont 3 ont été adaptées au cinéma… Peut-être ce format (le premier film dure 1h38) est-il plus adapté à la découverte des aventures de Melchior…
PS de Sacha : D’autres avis sont à lire chez Manou qui l’a lu pour cette Rentrée, mais aussi chez Fabienne et Patrice (dont je vous assure que mon chroniqueur n’avait pas lu le billet avant de rédiger le sien. Que voulez-vous, les grands esprits se rencontrent 😁).