Traduction du néerlandais par Bertrand Abraham – Éditions Folio
C’est le retour de mon auteur-chouchou, j’ai nommé Gerbrand Bakker ! On ne peut pas dire que j’aie choisi l’écrivain le plus guilleret qui soit. Je continue cependant à le trouver intrigant et captivant (et un chouïa dépressif, ça se confirme 😅).
Dans Le détour, une Néerlandaise en pleine thèse sur Emily Dickinson s’est installée dans une maison isolée au Pays de Galles. On comprendra progressivement ce qu’elle a fui et pourquoi elle s’est jetée ainsi dans une solitude qui malgré tout lui pèse. Le roman est fait de ses promenades dans la nature environnante et jusqu’au mont Snowdon, de ses rencontres assez déconcertantes avec un médecin, un voisin et surtout le jeune Bradwen qui débarque un jour dans son jardin, mais aussi des tentatives (moyennement motivées) de son mari pour la comprendre.
Gerbrand Bakker excelle une nouvelle fois à plonger dans l’âme humaine par petites touches extrêmement délicates et même mystérieuses. Son personnage n’est pas très attachant, il n’y a pas d’action à proprement parler (sauf si on considère qu’aller à la jardinerie acheter quelques rosiers, c’est de l’action) et les non-dits sont nombreux. Mais voilà, cet écrivain semble avoir des pouvoirs hypnotiques ! Et il n’a pas son pareil pour décrire la nature, un personnage à part entière.
Traduction du néerlandais par Bertrand Abraham – Folio poche
Me voici de retour aux Pays-Bas avec un 2e roman de Gerbrand Bakker, que j’ai choisi comme « auteur chouchou » à l’occasion du challenge proposé par Géraldine. Le principe est simple : explorer la bibliographie d’un auteur dont le talent nous a tout particulièrement enthousiasmé. C’était indéniablement le cas avec Parce que les fleurs sont blanches, merveilleux roman découvert lors de sa lecture commune et qui a d’ailleurs fait l’unanimité chez les participantes. Plusieurs blogueuses m’ont alors recommandé Là-haut, tout est calme du même auteur. Mon choix s’est donc très vite porté sur ce roman pour la suite de mes découvertes bakkeresques.
Cette fois encore, il est question de jumeaux chez Gerbrand Bakker : pour Helmer, son frère Henk et lui sont indissociables, au point de ne former parfois qu’un seul corps. Lorsque Henk rencontre Riet et en tombe amoureux, Helmer doit cependant se rendre à l’évidence : ils ont et sont bel et bien deux personnalités distinctes. Révélation d’autant plus douloureuse que Henk meurt très jeune, ce qui oblige en outre Helmer à interrompre ses études pour travailler dans la ferme familiale.
C’est 35 ans plus tard que l’on suit Helmer. Sa mère est morte depuis quelques années et son père est grabataire. Les seules personnes que côtoie Henk sont les collecteurs de lait, le vétérinaire, le marchand de bestiaux, sa voisine Ada et les enfants de celles-ci. Une vie de labeur et de solitude que Helmer semble soudain prêt à bousculer. Il commence par installer son père dans une autre chambre, à changer le mobilier, repeindre les murs mais aussi vendre quelques brebis. Et puis c’est Riet qui le contacte et lui demande un service inattendu.
En réalité, il se passe peu de choses, ou plutôt des choses a priori insignifiantes mais qui sont au contraire chargées de sens, de souvenirs et d’émotions contenues ou annonciatrices de bouleversements possibles. Le rythme est lent, l’action pour ainsi dire inexistante, Helmer n’est pas vraiment attachant et pourtant, je ne me suis pas ennuyée et j’ai apprécié ce roman qui porte une réflexion à la fois subtile et marquante sur le sens de nos vies.
Car cette fois encore, Gerbrand Bakker fait preuve d’une grande délicatesse et d’une sensibilité pénétrante. Même si ce n’est qu’un aspect du roman, j’ai notamment le sentiment d’avoir pu toucher du doigt la spécificité des liens qui unissent des jumeaux et ce qu’elle a d’étrange pour les autres. La campagne hollandaise avec ses polders, ses watergangs et ses moulins de drainage est également très présente et la couverture du livre est d’ailleurs parfaitement choisie. Il faut laisser le charme agir, comme nous le disait une vieille publicité, ce roman pouvant être un peu déconcertant. Je n’ai pas eu le coup de cœur ressenti pour Parce que les fleurs sont blanches, mais Là-haut, tout est calme fait partie de ces romans qui, l’air de rien, vous restent en tête.
J’ai hâte de lire les autres opus de ce remarquable auteur, à commencer par Le détour qui pourrait faire l’objet d’une lecture commune à l’automne car quelques blogueuses se sont déjà dites intéressées 😉. Un roman historique m’attend aussi. Bref, j’ai encore de belles heures de lecture néerlandaise devant moi !
PS : En plus des jumeaux qui apparaissaient déjà dans Parce que les fleurs sont blanches, j’ai remarqué que l’auteur avait une prédilection pour la couleur qu’il appelle « bleu morve » puisqu’elle se retrouve dans les deux romans que j’ai lus de lui 😅. Je suis curieuse de voir si je la recroise dans le reste de son œuvre…
Traduction du néerlandais par Françoise Antoine – Éditions Grasset
« Quatre hommes dans une vieille guimbarde », c’est une des nombreuses images que je retiendrai de ce roman. Ça et les fleurs blanches des poiriers, le nettoyage de la voiture les samedis, Daan le jack russel qui pleure le départ de sa maîtresse, partie en laissant mari et enfants derrière elle… Toute une série d’images vivantes et vibrantes comme des photos.
J’ai follement aimé cette famille de garçons terriblement attachants. Les narrateurs, les jumeaux Klaas et Kees, nous racontent avec un mélange de candeur et de clairvoyance le départ de leur mère, leur père qui tient la barre, leurs jeux d’enfants, puis le drame qui vient les frapper. Leur frère Gerson est grièvement blessé dans un accident de voiture et tous doivent essayer de s’en relever. Daan est celui qui semble le mieux s’accommoder de la situation, lui qui réagit à l’instinct. Quant à Gerson, il devient de plus en plus impénétrable pour ses frères et son père…
Ce roman est un magnifique et bouleversant roman d’amour familial. Le rôle de premier plan que joue Daan n’est pas étranger à l’émotion que j’ai ressentie pendant cette lecture, je l’avoue ;-D C’est cependant le talent de l’auteur avant tout qui m’a emportée. Par petites touches, en quelques mots, il saisit toute l’ampleur d’une situation, d’un sentiment, d’un paysage. C’est délicat, touchant et infiniment tendre, mais sans pathos. Un exercice d’équilibriste parfaitement réussi par l’auteur !
Je ne saurai trop remercier Eva qui a eu la formidable idée de cette lecture commune néerlandaise à laquelle quelques autres camarades blogueuses ont bien voulu se joindre. Merci à Fabienne, Alex, Keisha et Nathalie de nous avoir fait confiance et suivies dans cette aventure livresque. Plusieurs romans de Gerbrand Bakker ont été traduits en français et j’ai hâte de les découvrir !
Parce que les fleurs sont blanches – Gerbrand Bakker
Tout est dans le titre de ce billet, ou presque : Aux côtés d’Eva, du blog Et si on bouquinait un peu, j’ai le plaisir de vous inviter à une lecture commune du roman Parce que les fleurs sont blanches. Rendez-vous est pris pour le dimanche 25 février ! Ce roman néerlandais de Gerbrand Bakker, traduit par Françoise Antoine, a paru en 2020 chez Grasset et est désormais disponible en poche également. Fabienne, du blog Livr’escapades, a déjà annoncé qu’elle serait des nôtres. Nous espérons que d’autres se joindront à nous. C’est en effet l’occasion ou jamais de découvrir un auteur contemporain d’un petit pays assez peu représenté sur les étals de nos librairies.
Je rappelle le principe de la lecture commune pour les éventuel(le)s néophytes : chacun(e) lit le roman de son côté et publie – à une date convenue d’avance, ici le 25 février donc – sa chronique de lecture. Si vous n’avez pas de blog, compte Instagram ou autre, mais avez très envie de nous dire ce que cette lecture vous aura inspiré, n’hésitez pas à m’envoyer un mail (par le formulaire de contact) pour que je publie votre avis en plus du mien. Pour les autres, le moment venu, envoyez nous, à Eva et moi, le lien vers votre chronique, par exemple en commentaire.
Pour son éditeur, Gerbrand Bakker est un « maître incontesté dans l’art de saisir l’essentiel avec peu de mots. Son écriture impressionne par sa concision, sa justesse et surtout, par l’absence absolue de tout pathos. » Tout un programme, n’est-ce pas ? J’espère en tous cas vous avoir tenté(e) !
PS : Pour découvrir ou annoncer des lectures communes et des challenges thématiques, Sandrine a créé un site très pratique : https://lecturescommunes.wordpress.com/