Catégories
Pays-Bas Romans

Là-haut, tout est calme – Gerbrand Bakker

Traduction du néerlandais par Bertrand Abraham – Folio poche

Me voici de retour aux Pays-Bas avec un 2e roman de Gerbrand Bakker, que j’ai choisi comme « auteur chouchou » à l’occasion du challenge proposé par Géraldine. Le principe est simple : explorer la bibliographie d’un auteur dont le talent nous a tout particulièrement enthousiasmé. C’était indéniablement le cas avec Parce que les fleurs sont blanches, merveilleux roman découvert lors de sa lecture commune et qui a d’ailleurs fait l’unanimité chez les participantes. Plusieurs blogueuses m’ont alors recommandé Là-haut, tout est calme du même auteur. Mon choix s’est donc très vite porté sur ce roman pour la suite de mes découvertes bakkeresques.

Cette fois encore, il est question de jumeaux chez Gerbrand Bakker : pour Helmer, son frère Henk et lui sont indissociables, au point de ne former parfois qu’un seul corps. Lorsque Henk rencontre Riet et en tombe amoureux, Helmer doit cependant se rendre à l’évidence : ils ont et sont bel et bien deux personnalités distinctes. Révélation d’autant plus douloureuse que Henk meurt très jeune, ce qui oblige en outre Helmer à interrompre ses études pour travailler dans la ferme familiale.

C’est 35 ans plus tard que l’on suit Helmer. Sa mère est morte depuis quelques années et son père est grabataire. Les seules personnes que côtoie Henk sont les collecteurs de lait, le vétérinaire, le marchand de bestiaux, sa voisine Ada et les enfants de celles-ci. Une vie de labeur et de solitude que Helmer semble soudain prêt à bousculer. Il commence par installer son père dans une autre chambre, à changer le mobilier, repeindre les murs mais aussi vendre quelques brebis. Et puis c’est Riet qui le contacte et lui demande un service inattendu.

En réalité, il se passe peu de choses, ou plutôt des choses a priori insignifiantes mais qui sont au contraire chargées de sens, de souvenirs et d’émotions contenues ou annonciatrices de bouleversements possibles. Le rythme est lent, l’action pour ainsi dire inexistante, Helmer n’est pas vraiment attachant et pourtant, je ne me suis pas ennuyée et j’ai apprécié ce roman qui porte une réflexion à la fois subtile et marquante sur le sens de nos vies.

Car cette fois encore, Gerbrand Bakker fait preuve d’une grande délicatesse et d’une sensibilité pénétrante. Même si ce n’est qu’un aspect du roman, j’ai notamment le sentiment d’avoir pu toucher du doigt la spécificité des liens qui unissent des jumeaux et ce qu’elle a d’étrange pour les autres. La campagne hollandaise avec ses polders, ses watergangs et ses moulins de drainage est également très présente et la couverture du livre est d’ailleurs parfaitement choisie. Il faut laisser le charme agir, comme nous le disait une vieille publicité, ce roman pouvant être un peu déconcertant. Je n’ai pas eu le coup de cœur ressenti pour Parce que les fleurs sont blanches, mais Là-haut, tout est calme fait partie de ces romans qui, l’air de rien, vous restent en tête.

J’ai hâte de lire les autres opus de ce remarquable auteur, à commencer par Le détour qui pourrait faire l’objet d’une lecture commune à l’automne car quelques blogueuses se sont déjà dites intéressées 😉. Un roman historique m’attend aussi. Bref, j’ai encore de belles heures de lecture néerlandaise devant moi !

Les avis de Keisha, Dasola, Aifelle et Eva vous en diront plus.

PS : En plus des jumeaux qui apparaissaient déjà dans Parce que les fleurs sont blanches, j’ai remarqué que l’auteur avait une prédilection pour la couleur qu’il appelle « bleu morve » puisqu’elle se retrouve dans les deux romans que j’ai lus de lui 😅. Je suis curieuse de voir si je la recroise dans le reste de son œuvre…

40 réponses sur « Là-haut, tout est calme – Gerbrand Bakker »

Je l’ai lu, mais ça commence à dater, puisque c’était sur mon ancien blog, donc avant septembre 2012 ! J’ai lu aussi, et aimé, Le détour.

Je suis curieuse de voir ce que ça donne quand l’auteur suit un personnage féminin comme dans Les détour.Pour l’instant, ses personnages étaient tous masculins…

C’est le seul roman de Gerbrand Bakker présent à la médiathèque mais je crains de m’ennuyer… Par contre, je me demande bien à quoi peu ressembler le bleu morve : ça n’est pas très vendeur comme couleur !

si je n’étais pas aussi en retard dans mes lectures je noterai ce roman , j’aime découvrir des pays dont on parle peu à travers mes lectures et c’est le cas pour la Hollande paysanne

C’est une vraie découverte pour moi aussi et j’ai aimé ces paysages plats sillonnés de canaux et où le froid permet de patiner sur ses eaux en hiver.

Un auteur à retenir, visiblement. J’aime généralement ces romans qui nous imprègnent sans effet de manche, presque malgré nous… et « bleu morve » ? Oui, curieux… quand on commence à moucher bleu, il faut peut-être songer à consulter, non ?!…

C’est exactement ça, pas d’effet de manche et pourtant on est touchés. Étrange couleur en effet, et en plus en leitmotiv potentiel ?!

Bon, c’est une moins bonne pioche mais toujours bonne quand même. Et tu vas sans doute te régaler avec les autres livres de ton auteur chouchou.

J’ai commencé très fort aussi, il faut dire, et il n’est pas évident de retrouver l’éblouissement de ma première découverte. Mais c’est très intéressant d’explorer toutes les facettes et périodes d’un auteur. Son roman historique devrait notamment trancher avec les autres.

C’est l’avantage de ce challenge, on va toutes et tous découvrir de nombreux romans des mêmes auteurs grace aux chroniques des un(e)s et des autres.

C’est le seul que j’ai lu jusqu’ici de Gerbrand Bakker et je me souviens avoir été touchée par ces vies ordinaires et avoir eu envie d’en lire d’autres.
Mais en fait j’étais venue par ici pour commenter un autre billet annoncant une belle initiative. Aurais-je rêvé?

Non, non tu n’as pas rêvé mais j’ai eu un raté dans ma programmation 😖. La nouvelle sera (re)mise en ligne, avec quelques précisions supplémentaires, ce vendredi.

La gémellité est toujours intrigante, et j’imagine à quel point Riet a pu être mal à l’aise devant une telle ressemblance…

C’est vrai que j’ai peut-être commencé par le meilleurs c’est le risque… Mais c’est un très bon roman ici aussi.

« Bleu morve »… hmm il y a plus poétique tout de même.^^ Il a l’air très apprécié cet auteur, mais je n’ai pas trop l’impression qu’il soit fait pour moi, question de thématiques peut-être, ou de style et de rythme. Il faudrait que je tente un jour pour me rendre compte.

Tu n’es peut-être pas sensible aux eaux calmes des canaux et des étangs maintenant que tu es en plein Book trip en mer 😉.

Un auteur que je ne connais pas encore et en plus il n’est pas dans une de mes deux médiathèques. Cela ne me dérange pas qu’il ne se passe pas grand chose, parfois ce qui n’est pas dit est plus important que le reste…je suis bien d’accord que ce qui est ou parait insignifiant a parfois bien plus d’importance dans la vie. Bon je le note et on verra bien si je le croise un jour.

Les auteurs néerlandais restent difficiles à trouver même hélas. J’y avais trouvé Parce que les fleurs sont blanches, mais pas celui-ci. D’autres sont disponibles mais dans des bibliothèques bien plus éloignées de chez moi mais je ne suis pas pressée par le temps pour ce challenge heureusement.

Je veux bien le savoir si tu trouves. Je ne parle pas néerlandais mais les langues et leurs petites particularités m’intéressent toujours !

Je vais emprunter Parce que les fleurs sont blanches. Je n’ai toujours pas choisi mon auteur chouchou !!

Belle lecture alors, je pense que tu apprécieras ! Et pour l’auteur chouchou, il se dévoilera sans doute à toi sans que tu le cherches (en tous cas, c’est ce qui s’est passé pour moi 😅).

Bonsoir Sacha, je l’ai lu il y a plus de 10 ans. J’ai relu mon billet car je l’ai bien oublié mais je l’avait bien apprécié à l’époque. Bonne soirée.

Je viens de lire ton billet et de constater que nous avions le même ressenti : c’est très calme mais on ne s’ennuie pas.

J’ai lu les deux livres de Bakker mais dans l’ordre inverse, ce qui change un peu le ressenti. J’ai beaucoup aimé l’histoire de Helmer qui est assez mélancolique. On a vécu dans cette région et pour moi, l’auteur a parfaitement restitué l’ambiance de cet endroit. Je me réjouis de lire Le détour.
Je regarderai à l’occasion comment les Allemands ont traduit le bleu morve, ça m’intrigue !)

Ça m’a donné très envie de visiter la région (et de continuer à lire Bakker mais aussi d’autres auteurs néerlandais 😉). Je suis curieuse de savoir comment ça a aura été traduit moi aussi!

A te lire, j’ai l’impression que ton auteur chouchou ressemble un peu au mien dans ce qu’il écrit !
J’aime bien aussi les histoires de jumeaux, car comme tu le dis, c’est un mystère insondable pour ceux qui ne le sont pas !

C’est vrai que c’est une véritable étrangeté pour les autres. Pour eux, c’est évidemment naturel ! La séparation (physique ou psychologique) en revanche peut être extrêmement difficile et parfois plus pour l’un que pour l’autre.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Des romans, mais pas seulement

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading