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Littérature jeunesse

Voisins zinzins et autres histoires de mon immeuble – Piret Raud

Traduit de l’estonien par Jean-Pascal Ollivry – Éditions du Rouergue

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir un livre jeunesse né sous la plume de Piret Raud, autrice et illustratrice estonienne dont plusieurs titres sont publiés en France, en particulier par les Éditions du Rouergue. Assorti d’illustrations à la fois discrètes et très reconnaissables, Voisins zinzins et autres histoires de mon immeuble réunit une vingtaine d’historiettes évoquant les voisins de Taavi, petit garçon élevé par sa mère « qui n’est pas seule puisqu’elle est avec (lui) ».

Les habitants de cet immeuble forment une galerie de personnages plutôt originaux et permettent à Piret Raud de croquer des portraits tendres, lucides et souvent décalés tout en faisant passer de jolis messages. Il y a là des jumeaux tous deux prénommés Artur, un réfrigérateur colérique qui bout littéralement (et son contenu avec), un voisin perché dans un arbre, un autre qui cherche d’abord son peigne puis ses cheveux, un crocodile engagé dans une relation de couple toxique, une maman parfois abattue par une tristesse d’un gris qui envahit tout, etc.

Le format est parfait pour de jeunes lecteurs dès le CP puisqu’une histoire tient en quelques pages très aérées. Le fait que tous ces courts récits soient liés par un même narrateur donne le sentiment de lire plusieurs chapitres d’un même roman. C’est une excellente source de motivation pour les enfants qui seront sûrement amusés et épatés par certaines situations très inventives et poétiques, et c’est une belle initiation à l’art de la nouvelle et de sa chute.

En plus de la Rentrée à l’Est, ce billet participe aux lectures urbaines « Sous les pavés, les pages » organisé par Athalie et Ingannmic puisqu’il s’agit de la vie d’un immeuble et d’un quartier.

L’avis de Jostein est à lire ici : https://surlaroutedejostein.fr/2015/10/30/voisins-zinzins-de-piret-raud/

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Littérature jeunesse Suisse

Drôle d’histoire ces métiers – Markus Rottmann, illustré par Michael Meister

Traduction de l’allemand (Suisse) par Laurence Olivier – Éditions Helvetiq

Saviez-vous qu’au 18e siècle, des hommes étaient parfois payés pour se laisser pousser barbe, cheveux et ongles, faire semblant de vivre dans une grotte et errer dans les jardins paysagers d’élégants manoirs ? Autrement dit, il s’agissait de faux ermites censés apporter un peu de cachet aux pelouses de nobles anglais. On parlait alors d’« ermites d’ornement », un métier assez improbable…

Dans ce formidable album illustré, ce sont justement plus de 80 métiers, souvent insolites, qui nous sont racontés avec précision et humour. Enfants et adultes y apprendront forcément quelque chose, de l’origine du mot « souffre-douleurs » au rôle des pleureuses dans l’Angleterre d’aujourd’hui, en passant par la mission des renifleurs de café. L’auteur a eu la bonne idée de prendre le temps d’expliquer aux plus jeunes la notion de métier et ce qui distingue un métier d’un travail. D’ailleurs, tout le livre est construit de manière très pédagogique.

Nombre des métiers évoqués ont disparu depuis belle lurette, mais il y en a d’autres plus récents que je trouve malin d’avoir intégré dans cet ouvrage. Les présentations qui tiennent sur une à deux pages permettent de parler avec les enfants des conditions de travail qui ont bien changé depuis l’Antiquité et le Moyen Âge, des droits des femmes et des enfants, et de la technologie qui a évolué à vitesse grand V en quelques décennies. Un petit encart intitulé « Pourquoi ils ont disparu ? » nourrit d’ailleurs efficacement la réflexion et la discussion.

Ca fiche un coup de vieux, non ? 😀

On picore quelques pages à la fois et on s’extasie devant la poésie de certains métiers (ah, les commentateurs de films muets ou les lecteurs d’usine…) ou, au contraire, on fait « beurk » avec les enfants quand on voit ce que des hommes et des femmes ont eu à faire pour vivre (foulonniers et autres collecteurs de nuit). On s’étonne, on rit, on fait la grimace, et surtout on apprend beaucoup de choses en s’amusant !

Une découverte que je recommande chaudement aux petits (à partir de 8 ans environ) comme aux grands, amoureux d’histoire(s) … et de mots car de nombreuses expressions encore employées viennent de ces métiers disparus.

Mes échappées livresques vous le recommande aussi ;-D.

PS : Cet album jeunesse me permet de participer aux lectures sur le thème du monde du travail proposées par Ingannmic pendant toute l’année 2024.

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Littérature jeunesse

Lectures jeunesse de Noël

À cette époque de l’année, les bibliothécaires mettent en avant de nombreux livres de Noël au rayon jeunesse et on trouve donc un très large choix « en tête de gondole », de quoi se faire plaisir sans casser sa tirelire. J’ai aussi fait une recherche sur le catalogue en ligne de ma médiathèque et bien m’en a pris, car de nombreuses trouvailles m’attendaient dans les réserves. Il a suffi de demander aux bibliothécaires de les faire remonter à la lumière du jour !

Voici donc une petite sélection subjective testée et approuvée en famille ce week-end :

Les enfants de Noël est un superbe album qui réinvente l’origine du Père Noël de manière très subtile et pleine de magie. Les graphismes sont très doux, pleins de couleurs et de féérie. Et l’histoire en elle-même est tout simplement magnifique. À lire dès 5 ans et sans limite d’âge supérieur !

Nous avons aussi découvert cette année un petit roman désopilant d’un auteur irlandais plus connu pour avoir signé The van, The commitments et The snapper, tous adaptés au cinéma par Stephen Frears et Alan Parker. Dans Qui peut sauver le père Noël, un chien nommé Rover va devoir remplacer au pied levé le renne Rodolphe (grippé) en compagnie d’une troupe d’enfants fort débrouillards et de deux lézards (oui, oui, vous avez bien lu). Bourré d’humour et de tendresse, ce livre – joliment illustré par Brian Ajhar – plaira à coup sûr aux fans de David Walliams et Roald Dahl (donc à partir de 7-8 ans).

Parmi les incontournables (celui-là est dans mon fonds personnel), il me faut citer les Lettres du Père Noël de J.R.R. Tolkien. Ce livre de poche recèle des trésors : des fac-similés des lettres originales que Tolkien a envoyées année après année à ses enfants, et leur traduction en français bien sûr. Tolkien a non seulement imaginé des aventures rocambolesques pour le Père Noël et ses acolytes (dont un ours gaffeur), mais il a aussi énormément travaillé le visuel avec des graphies particulières et de faux timbres dessinés par ses soins. De l’amour parental en barres et en mots par un merveilleux conteur. Ce n’est pas Émilie qui dira le contraire ;-D

Le nom de Corinne Albaut ne vous est peut-être pas inconnu, et pour cause : elle figure souvent dans les cahiers de poésie des enfants en CP et CE1, notamment avec Les crayons de couleur. Actes Sud a publié ses très belles Comptines pour le temps de Noël illustrées par Michel Boucher. Dans ce recueil, la neige, le sapin, les cadeaux, les bonhommes de neige sont les héros de courts poèmes à déguster sans modération. Le livre est conseillé dès 3 ans et peut à mon avis s’apprécier à tout âge. On envisage chez nous une petite séance de lecture ou de récitation en famille le 24 au soir, comme c’est l’usage en Allemagne notamment, tellement on a envie de les partager.

J’ai aussi eu la chance de pouvoir emprunter Sapi le sapin, qu’on voit actuellement en vitrine de toutes les bonnes librairies. J’aime beaucoup les livres d’Olivier Tallec et celui-ci ne fait pas exception. Sapi a une bouille adorable et les dessins sont irrésistibles : il faut voir Sapi brosser ses aiguilles ou bouder ! L’histoire rappelle très fortement Le sapin d’Andersen, un conte triste (décidément Andersen n’avait pas la plume joyeuse) qui est sensiblement adouci par les mimiques de Sapi (un petit arbre limite narcissique), même si son destin reste peu réjouissant.

Un grand merci à Audrey de Light&Smell qui a partagé une très belle liste d’idées dans laquelle j’ai pioché avec plaisir. Je vous recommande donc chaleureusement son article intitulé « 10 albums de Noël qui me tentent » pour d’autres découvertes.

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Allemagne Littérature jeunesse

Einstein – Torben Kuhlmann

Traduction de l’allemand par Anne-Judith Descombey – Éditions NordSud

Pour finir en douceur ce mois des Feuilles allemandes, je vous invite à (re)découvrir un magnifique livre illustré destiné aux enfants de 8 à 11 ans environ.

Torben Kuhlmann a imaginé les aventures d’un petit rongeur qui, frustré au plus haut point d’avoir manqué LA Fête du fromage, va vouloir remonter dans le temps pour pouvoir assister à ce grand événement. Curieuse et persévérante, notre petite souris (absolument craquante) connaîtra bien des aventures, notamment à cause du terrible chat Chronos. Elle rencontrera même Albert Einstein à l’Office des brevets de Berne et on peut se demander qui de la souris et du scientifique a inspiré l’autre…

Sous-titré « Le fantastique voyage d’une souris dans l’espace-temps », cet album nous immerge dans des dessins à l’atmosphère rétro de toute beauté. Comme celle d’Edison, de Lindbergh et d’Armstrong que l’auteur a signées dans la même collection, cette histoire nous invite à revivre l’épopée de grandes inventions ou exploits (ici, la relativité bien sûr).

Cadeau de Noël idéal à mon avis (il fait fureur chez nous depuis son arrivée sous le sapin en 2022), il devrait occuper de longues heures les petits lecteurs et petites lectrices de votre entourage qui auront des milliers de détails à observer sur chaque page. Un bonus très intéressant sur Einstein et ses recherches vient compléter cet album aussi intelligent que visuellement épatant. En tant qu’adulte, je l’ai adoré moi aussi !

Pour en savoir plus sur Torben Kuhlmann et son travail, voici une passionnante interview parue À l’ombre du grand arbre :

PS : Auf Wiedersehen, Les Feuilles allemandes ! Et vivement l’année prochaine 😀

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Littérature jeunesse

Le fantôme de Canterville – Oscar Wilde

Illustrations d’Emmanuelle Patient – Éditions Lire c’est partir

Encore un petit bijou déniché dans une boîte à livres ! Et de saison en plus puisque nous ne sommes plus qu’à quelques jours de Halloween.

Pour une foule de découvertes livresques mais aussi manuelles, photographiques et culinaires, rendez-vous chez Hilde et Lou pour leur superbe challenge Halloween !

Si Le fantôme de Canterville est conseillé à partir de 10 ans, ce n’est pas parce qu’il est effrayant car il est au contraire très drôle. En revanche, des enfants plus jeunes pourraient être démunis face à des tournures soutenues et un vocabulaire un brin désuet. Mon conseil : lisez-le (vous vous régalerez) et décidez ensuite si les jeunes lecteurs et lectrices de votre entourage seraient à même de le comprendre et d’apprécier l’ironie si chère à Oscar Wilde.

Dans ce court roman, une riche famille américaine acquiert un manoir anglais hanté. Bien que prévenus qu’un spectre rôde depuis des siècles, le couple et ses 4 enfants n’y croient pas une seconde. Mais rira bien (d’un rire démoniaque) qui rira le dernier !

Tout le sel de cette histoire tient à l’humour et à l’inversion des rôles, le fantôme de Sir Simon se retrouvant quasiment persécuté par cette famille qui ne manque pas de sang-froid.

« À peine eut-il prononcé ces mots qu’un terrible éclair illumina la pièce sombre, qu’un effroyable coup de tonnerre les fit se lever d’un bond et Mrs Umney s’évanouit. « Quel climat épouvantable ! » dit l’ambassadeur américain avec calme en allumant un cigare. « J’ai l’impression que le vieux pays est tellement surpeuplé qu’il n’y a pas suffisamment de beau temps pour tout le monde. J’ai toujours pensé que l’émigration était la seule solution qui convienne à l’Angleterre. » »

Grâce à ce livre, j’ai également découvert le formidable projet des Éditions Lire c’est partir qui publient des livres et CD jeunesse vendus au prix unique de 0,80 € l’exemplaire, sans subvention et sans réaliser de bénéfice. Leurs livres ne sont pas vendus dans le commerce, ils sont diffusés directement auprès des enseignants, des enfants et de leurs parents, notamment via leur site Internet. Un regret cependant (c’est un euphémisme car un tel oubli est un sacrilège à mes yeux) : le traducteur ou la traductrice (qui a fait un excellent travail ici) n’est pas crédité(e) dans cette édition.

Pour la route, je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous un autre petit extrait délicieusement british de ce Fantôme de Canterville !

« Les jumeaux , qui étaient descendus avec leurs sarbacanes, le prirent immédiatement pour cible avec cette précision de tir qui ne s’acquiert qu’après une pratique longue et scrupuleuse sur un professeur d’écriture, tandis que l’ambassadeur des États-Unis le menaçait de son revolver et lui demandait, selon les règles de l’étiquette californienne, de mettre les mains en l’air. »

PS : Une récente parution fait de nombreux clins d’œil au Fantôme de Canterville, devenu un véritable classique : découvrez L’esprit des cafés suspendus chez Náriël et Blandine. Et l’original fait partie des lectures d’enfance dont Audrey de Light and smell ne se lasse pas 👻 !

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Littérature jeunesse

Myriam et le thé du juste moment – Sophie Noël

Éditions Scrineo

Connaissez-vous le château de Monte-Cristo ? Ancienne résidence d’Alexandre Dumas, le lieu est ouvert à la visite et propose régulièrement des animations dont un salon annuel du livre jeunesse début octobre. Pour la première fois cette année, j’y étais. Et j’y ai rencontré l’autrice jeunesse Sophie Noël dont plusieurs romans ont aussitôt rejoint ma besace. Je viens de terminer le premier d’entre eux : Myriam et le thé du juste moment.

Alexandre Dumas en personne vous accueille à l’entrée de son château !

Myriam et sa mère ont parcouru le monde et viennent seulement de poser enfin leurs valises durablement. Pour Myriam, cela signifie être scolarisée pour la première fois (pas évident quand cela arrive en classe de 3e !). Elle devrait aussi enfin pouvoir tisser des liens durables. Mais voilà, elle se sent comme une bête curieuse au milieu des autres élèves et ne se laisse pas approcher, préférant se réfugier dans les livres. Un jour, une nouvelle cliente pas comme les autres investit le café-librairie chaleureux que tient la mère de Myriam. La mystérieuse Adiba est-elle simplement fine psychologue ou bien détient-elle quelque pouvoir magique ? Elle va en tous cas entraîner Myriam dans des séances de contes qui vont changer sa vie.

S’il ne réinvente pas la roue (parcours initiatique qui permet à l’héroïne de libérer son potentiel et de « trouver sa place »), ce roman feel good est bourré de charme et ne pourra que séduire les amoureux et amoureuses des livres comme celles et ceux qui sont convaincu(e)s des pouvoirs de l’imagination, de la lecture et de l’écriture.

Bienveillante et fluide, la plume de Sophie Noël coule de source et nous emporte pour notre plus grand plaisir. Elle m’a fait oublier quelques facilités (la transformation un peu rapide d’une des protagonistes de l’histoire par exemple) et de petites répétitions pas très heureuses (Hilde l’avait remarqué elle aussi : « gérer » ses émotions revient un peu trop, de même que « les ressentis »). Ces petites faiblesses mises de côté, ce récit se déguste comme une bonne tarte aux pommes accompagnée d’un thé parfumé.

Le salon mauresque du château de Monte-Cristo, un décor dans lequel on s’imaginerait bien siroter un thé aux épices et se détendre avec un bon livre !

L’autrice m’a précisé que Myriam et le thé du juste moment est certes destiné aux 9-13 ans, mais qu’il parlera sans doute davantage à des collégien(ne)s puisque l’héroïne a elle-même 14 ans. Cependant, pour des enfants qui lisent beaucoup, rêvent d’écrire des romans et/ou manquent parfois de confiance en soi, c’est selon moi l’ouvrage idéal, et ce dès 9 ans !

Sharon et Hilde l’ont lu aussi, n’hésitez pas à consulter leurs avis.

PS : En plus d’accueillir des autrices et auteurs, le salon du livre jeunesse du château de Monte-Cristo propose des séances de lecture et de dessin, des expositions… Cette année, le thème était « Aventuriers des mers » et nous avons eu droit à un époustouflant spectacle de cape et d’épée joué dans le parc du château sur le thème des pirates. Chapeau bas au Cercle d’escrime ancienne de Marly-le-Roi !

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Littérature jeunesse

Ronya, fille de brigand – Astrid Lindgren

Traduction du suédois par Agneta Segol & Brigitte Duval – Livre de poche jeunesse

Astrid Lindgren est bien entendu connue avant tout pour ses séries Fifi Brin d’acier et Zozo la tornade. Pourtant, cette prolifique autrice jeunesse suédoise a signé d’autres œuvres lues par des générations d’enfants dans toute l’Europe. Ronya, fille de brigand a bercé mon enfance et j’ai relu ce roman jeunesse avec gourmandise pour les Classiques fantastiques. Comme il se doit en ce mois de rentrée scolaire, la littérature jeunesse est en effet à l’honneur de ce rendez-vous orchestré par Moka et Fanny.

Après vérification, Ronya, fille de brigand a paru en Suède en 1981 et en France en 1984, il y a donc près de quarante ans et il me semble bien que l’on parler de classique à son sujet. On est ici dans un roman de fantasy médiévale : les brigands vivent dans un vieux château, détroussent des marchands qui voyagent à cheval, et la forêt qui les entoure est peuplée d’elfes griffus, de nains gris, de trolls, de souterriens ou encore de pataudgrins.

Ronya est la fille de Mattis, bouillonnant chef d’une douzaine de voleurs de grand chemin qui n’en est pas moins un papa complètement gâteau. Le jour où la bande rivale menée par Roka s’installe à ses portes, il veut en découdre mais doit faire face à la rébellion de sa fille qui s’est liée d’amitié avec le fils de son meilleur ennemi.

Couverture de 1984

J’ai retrouvé tout le plaisir de ma lecture d’enfant : la nature est somptueuse mais dangereuse, les brigands sont plus comiques qu’inquiétants, les enfants bien plus réfléchis que les adultes (en particulier que les hommes) et extrêmement débrouillards. Cela vaut mieux quand on voit les conseils que donne Mattis à sa fille avant qu’elle ne parte à l’aventure dans la forêt (on est loin des « parents hélicoptères » !) :

– Méfie-toi des elfes griffus, des nains gris et des brigands de Roka, dit-il. – Comment pourrais-je reconnaître les elfes griffus, les nains gris et les brigands de Roka ? demanda Ronya. – Tu le découvriras, dit Mattis. – Ah ! bon, dit Ronya. – Prends garde de ne pas te perdre dans la forêt, ajouta Matthis. – Qu’est-ce que je fais si je me perds dans la forêt ? demanda Ronya. – Tu cherches ton chemin, répondit Mattis. – Ah ! bon, dit Ronya. – Prends garde de ne pas tomber dans la rivière. – Qu’est-ce que je fais si je tombe dans la rivière ? – Tu nages. – Ah ! bon, dit Ronya.
Couverture de 2002

En relisant ce roman toujours aussi enchanteur, j’ai pu mieux comprendre ce qui m’avait tant plu « à l’époque » : la nature y est célébrée à chaque instant et de manière très poétique. L’humour est également très présent, tout comme l’émotion. La peur de la nuit et des créatures qui peuplent la forêt, le chagrin né de l’incompréhension entre des parents et des enfants qui s’adorent pourtant, la perte d’un être cher ou le poids de la solitude sont abordés avec intelligence et une grande douceur.

Le printemps éclata comme un cri de joie au-dessus des forêts qui entouraient le château de Mattis. La neige fondue ruisselait sur les flancs de la montagne, avant de se mêler aux flots de la rivière. Et la rivière, gagnée par toute cette ivresse printanière, rugissait, écumait et chantait un hymne endiablé au printemps, dans le tumulte des torrents. Sa chanson ne s’arrêtait jamais.

Ronya, fille de brigand est un formidable récit d’aventure, d’apprentissage et d’amitié intemporel, et ce n’est pas Nathalie qui dira le contraire. À lire et relire à tout âge, dès 8 ans.

PS : Astrid Lindgren étant suédoise, elle me permet une fois de plus de participer au challenge organisé par Céline pour faire découvrir toute la diversité de la littérature nordique.

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BD et romans graphiques Littérature jeunesse

La baleine bibliothèque – Zidrou et Judith Vanistendael

Éditions Le Lombard

Il était une fois un facteur de la trop méconnue poste maritime. Un jour, il croisa le chemin d’une baleine qui aimait lire des histoires, surtout celles qui finissaient bien. C’est le début d’une belle amitié, mais les hommes et la vie peuvent être cruels …

Encore un coup de cœur de mes bibliothécaires qui a fait mouche ! La baleine bibliothèque est une vraie pépite à savourer en famille : aussi proche du livre illustré que de la bande dessinée, ce livre (qui peut aussi bien être classé dans les rayons jeunesse qu’adulte) ne prend pas les enfants pour des minus et n’hésite pas à aborder, mais joliment, des réalités pas toujours simples qui leur sont rarement montrées. Le texte, plein de poésie, évoque l’amour, la douleur de la séparation, le bonheur du voyage ou encore le goût de la lecture et nous fait ressentir toute une palette d’émotions en quelques mots… Quant aux illustrations de Judith Vanistendael, ce sont de véritables tableaux qui nous emportent au large et nous émerveillent.

Qui n’a jamais vu sourire une baleine ignore tout de l’humour. Qui n’a jamais vu le sourire de ma femme ignore tout de l’amour.

Zidrou, que beaucoup connaissent pour ses séries Ducobu ou Tamara, a aussi signé L’adoption, une bande dessinée destinée aux adultes que j’avais trouvée très touchante là encore. J’ai hâte de lire également Lydie (BD recommandée par Náriël) qu’il co-signe avec Jordi Lafebre dont j’ai adoré l’album en solo intitulé Malgré tout.

Si je ne vous ai pas convaincu(e)s, je vous conseille une visite ici pour en feuilleter quelques pages : https://www.westory.fr/player-display?do=html&token=VAvWia5D4Y1ZdxjOoz9hW0A9lIwSvqGG