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Deux festivals littéraires

Les Boréales et VO/VF, traduire le monde

Cette année, 2 festivals rejoindront (thématiquement) la Rentrée à l’Est et je ne pouvais donc pas laisser passer cette occasion de vous parler de ces rendez-vous. Ils me tentent depuis un moment et au vu de leur programmation 2025, je ne vais sûrement pas pouvoir résister et il est fort possible que, pour la 1re fois, je me rende à un festival littéraire (voire 2 !).

Créé en 1992, le festival Les Boréales de Caen est aujourd’hui « le plus important festival dédié à la culture nordique en Europe ». Mais il ne se limite pas aux 5 pays nordiques et s’étend au Groenland, aux îles Féroé et aux pays baltes. En novembre prochain, ce sont justement l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie qu’il mettra à l’honneur. Il faut croire que j’ai eu le nez creux avec mon choix de destination en 2024 😅. Quelques noms désormais familiers (Jānis Joņevs, Laura Vinogradova, Elīna Brasliņa) seront présents aux côtés de nombreux autres écrivain(e)s et illustrateurs/illustratrices qui prouveront la vitalité de la littérature, y compris jeunesse, et de la BD baltes.

Le festival n’oubliera pas les autres pays, par exemple avec l’événement Nordic noir qui accueillera exclusivement des femmes autrices de polars, dont les très populaires Camilla Grebe, Karin Smirnoff et Katrin Engberg. Et bonne nouvelle pour moi, le Danois Jens Christian Grøndahl sera également de la partie, sans oublier des autrices et auteurs islandais (Auður Ava Ólafsdóttir…) et finlandais. Il y aura aussi des concerts, des séances de cinéma, du théâtre, du cirque… et des « cantines boréales » 🍴 😋.

Plus confidentiel (et entièrement gratuit), le festival VO/VF, traduire le monde de Gif-sur-Yvette en Essonne est dédié à la littérature étrangère par le biais de la traduction. Et devinez qui sera la traductrice à l’honneur de l’édition 2025 ? Je vous le donne en mille : ce sera Marie Vrinat-Nikolov, LA traductrice française et grande passeuse de littérature bulgare.

Le programme est là encore très alléchant avec bien sûr des rencontres avec des écrivains et des traducteurs/traductrices, des lectures, des débats et conférences sur une foule de thèmes, mais aussi des projections et des ateliers pour les adultes aussi bien que pour les ados et les jeunes enfants. Jetez un œil au programme de l’an dernier pour vous faire une idée, tout faisait envie (dommage que je n’ai pas été libre à cette date 😩…). Par ailleurs, c’est traditionnellement lors de ce festival qu’est remis le Prix de la traduction de l’Inalco-VO/VF 🏆. Je vais bien sûr me tenir au courant régulièrement car j’imagine que quelques écrivain(e)s bulgares seront à Gif-sur-Yvette cet automne… Personnellement, j’adorerai y croiser Theodora Dimova et Maria Kassimova-Moisset !

Si vous êtes tenté(e), sachez que le festival VO/VF, traduire le monde aura lieu du 3 au 5 octobre 2025 et les Boréales du 13 au 23 novembre 2025. N’hésitez pas à me faire signe si vous pensez y aller 😎.

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Danemark Romans

Les jours sont comme l’herbe – Jens Christian Grøndahl

Traduction du danois par Alain Gnaedig – Éditions Gallimard

Si je n’avais pas déjà trouvé un auteur-chouchou pour le challenge proposé par Géraldine, j’aurais sans doute choisi Jens Christian Grøndhal. Car, avec Les jours sont comme l’herbe, je viens de découvrir un auteur d’une grande élégance qui se frotte à l’Histoire comme aux sujets de société les plus contemporains (politique migratoire, criminalité en col blanc) avec sobriété et sensibilité.

Six courts romans ou longues nouvelles forment Les jours sont comme l’herbe. Six récits qui se passent à des époques et dans des lieux différents. Leur point commun : des protagonistes qui vivent ou ont vécu avec les conséquences d’un choix, le leur ou celui d’un(e) proche. Les chemins qui sont pris ne permettent pas de retour en arrière et rien ne sera plus jamais comme avant. Pourtant, à l’exception de la nouvelle intitulé Villa Ada, ces choix n’ont a priori rien de spectaculaire. C’est là que l’auteur est très fort : l’air de rien, il sait insuffler une véritable tension et nous plonger dans la psyché humaine.

« Quand je raconte ce qui s’est passé ensuite, chacun comprendra que nous n’aurions jamais pu imaginer que les choses auraient pu tourner ainsi. À mesure que les semaines et les mois se sont écoulés, j’ai pu voir, peu à peu, comment une chose en a appelé une autre, mais les événements décisifs qui ont changé le cours de l’histoire sont arrivés de manière totalement inattendue. »

Pour moi, ces « courts romans » (terme employé par l’éditeur) parlent avant tout de valeurs humaines et de la déception, et même de la mélancolie qu’on peut ressentir lorsqu’on les voit bafouées ou qu’on constate le prix qu’il faut payer lorsqu’on s’y tient. Étrangement, j’ai trouvé ce recueil très réconfortant et lumineux. Peut-être parce qu’il donne le sentiment de pas être seul(e) avec certaines pensées dans ce monde souvent désespérant…

Retrouvez le bilan des lectures scandinaves recensées par Céline pour son challenge illimité : https://meschroniquesdelectures.wordpress.com/2022/12/20/bilan-du-challenge-auteurs-des-pays-scandinaves/

Grâce à ma co-lectrice du jour, j’ai nommé Jostein (merci à elle de m’avoir accompagnée), j’ai déjà en vue un autre roman extrêmement prometteur signé par cet écrivain danois : Les Portes de fer. Mes petites recherches m’ont aussi conduite à noter le titre de son essai L’Europe n’est pas un lieu, qui me semble d’une actualité plus brûlante que jamais.

PS : Kathel et Ingannmic ont elles aussi chroniqué plusieurs romans de ce Danois qui s’est visiblement taillé un beau succès auprès du public français. N’hésitez pas à lire leurs avis sur les romans Quatre jours en mars (également chroniqué par Jostein ici), Les complémentaires, Les mains rouges, Piazza Bucarest. Patrice a lui aussi lu et aimé Les mains rouges dont le sujet me tente beaucoup également. Le choix de ma prochaine lecture grøndahlienne sera cornélien !