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Neige – Pema Tseden

Traduction du tibétain par Françoise Robin et du chinois par Brigitte Duzan – Éditions Philippe Picquier

Cinéaste et écrivain, le Tibétain Pema Tseden est notamment connu dans son pays pour ses nombreuses nouvelles inspirées de légendes traditionnelles ou de situations très contemporaines. Le recueil Neige présente 7 de ses récits : les 3 premiers ont été traduits du tibétain et les 4 derniers du chinois. L’éditeur a choisi de les présenter dans cet ordre qui correspond à l’évolution linguistique et stylistique de l’auteur.

Avec de la littérature tibétaine, le dépaysement était garanti ! Et je n’ai pas été déçue. Paysages imposants, froid himalayen, lamas réincarnés et moult bergers, tout y est. Mais Pema Tseden détourne vite ces clichés pour montrer un Tibet bien plus complexe que ces images de carte postale. Le style est sobre et non dénué d’humour, et ces textes de longueurs diverses se lisent très facilement. En revanche, j’ai parfois été décontenancée par leur chute. Qui n’aime pas les nouvelles me dira que c’est justement ce qui pèche souvent dans ce genre littéraire, mais adorant les nouvelles, ce n’est pas ce qui m’a posé problème. Je pense plutôt que certaines références m’échappent et que la culture tibétaine m’est trop étrangère pour tout saisir.

Pour autant, j’ai été ravie de ce voyage. Certaines nouvelles, Neige (qui a donné son titre au recueil), L’interview d’Akhu Thöpa et Tharlo, m’ont vraiment beaucoup plu et les autres sont intéressantes même si je n’y ai pas toujours tout compris 😆.

Je serais maintenant curieuse de voir les films de Pema Tseden, dont certains sont des adaptations de ses nouvelles. Un petit article sur son travail de scénariste, réalisateur et producteur vous en dira plus ici. Si le cœur vous en dit, les éditions Picquier ont par ailleurs publié un autre recueil de nouvelles signé Pema Tseden : J’ai écrasé un mouton.

Ce billet constitue ma première participation au challenge des Bonnes nouvelles 2025 chez Je lis je blogue.

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La tombe des lucioles – Nosaka Akiyuki

Traduction du japonais par Patrick de Vos – Illustrations de Nicolas Delors – Éditions Philippe Picquier

Le titre de cette novella vous dit peut-être quelque chose. Et pour cause : elle a inspiré au réalisateur Isao Takahata un célèbre film d’animation sorti en France à la fin des années 1990 sous un titre légèrement différent : Le tombeau des lucioles. Je ne l’ai toujours pas vu, ma petite âme sensible craignant de ne pas s’en remettre ;-D J’ai naïvement pensé que passer par le texte original serait moins bouleversant… Eh bien, c’était raté. Mais au moins, je pense maintenant pouvoir regarder le film sans m’effondrer totalement (puisque c’est déjà fait) !

En 80 petites pages accompagnées ici de très belles illustrations de Nicolas Delort, l’écrivain Nosaka Akiyuki s’inspire sa propre expérience pour nous raconter les deux mois de la vie du jeune Seita qui suivent le bombardement de sa ville. Son dévouement et son amour pour sa petite sœur Setsuko illuminent ce roman qui décrit par ailleurs des réalités absolument terribles. Certaines personnes se montrent généreuses et révèlent le meilleur d’elles-mêmes dans ces moments difficiles, d’autres dévoilent au contraire leur mesquinerie et leur égoïsme.

Les deux premières pages m’ont, je l’avoue, fait craindre de ne pas accrocher à cette lecture car l’auteur emploie un phrasé particulier qui peut désarçonner. Rapidement, l’écriture est cependant devenue plus fluide et j’ai été emportée par l’histoire de Seita et Setsuko que j’ai lue d’une traite.

Ce livre est classé au rayon « jeunesse » de ma médiathèque, mais je le réserverai à un lectorat de 12 ou 13 ans au plus tôt parce que ce récit est particulièrement dur. Les événements sont relatés sans fard et les émotions n’en sont que plus fortes. Le destin des orphelins de guerre mérite d’être mieux connu et Nasako Akiyuki y contribue ici de magnifique manière.

PS : Pour découvrir des nouvelles et novellas du monde entier, rendez-vous chez Je lis, je blogue pendant tout le mois de janvier.