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La baleine bibliothèque – Zidrou et Judith Vanistendael

Éditions Le Lombard

Il était une fois un facteur de la trop méconnue poste maritime. Un jour, il croisa le chemin d’une baleine qui aimait lire des histoires, surtout celles qui finissaient bien. C’est le début d’une belle amitié, mais les hommes et la vie peuvent être cruels …

Encore un coup de cœur de mes bibliothécaires qui a fait mouche ! La baleine bibliothèque est une vraie pépite à savourer en famille : aussi proche du livre illustré que de la bande dessinée, ce livre (qui peut aussi bien être classé dans les rayons jeunesse qu’adulte) ne prend pas les enfants pour des minus et n’hésite pas à aborder, mais joliment, des réalités pas toujours simples qui leur sont rarement montrées. Le texte, plein de poésie, évoque l’amour, la douleur de la séparation, le bonheur du voyage ou encore le goût de la lecture et nous fait ressentir toute une palette d’émotions en quelques mots… Quant aux illustrations de Judith Vanistendael, ce sont de véritables tableaux qui nous emportent au large et nous émerveillent.

Qui n’a jamais vu sourire une baleine ignore tout de l’humour. Qui n’a jamais vu le sourire de ma femme ignore tout de l’amour.

Zidrou, que beaucoup connaissent pour ses séries Ducobu ou Tamara, a aussi signé L’adoption, une bande dessinée destinée aux adultes que j’avais trouvée très touchante là encore. J’ai hâte de lire également Lydie (BD recommandée par Náriël) qu’il co-signe avec Jordi Lafebre dont j’ai adoré l’album en solo intitulé Malgré tout.

Si je ne vous ai pas convaincu(e)s, je vous conseille une visite ici pour en feuilleter quelques pages : https://www.westory.fr/player-display?do=html&token=VAvWia5D4Y1ZdxjOoz9hW0A9lIwSvqGG

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Malgré tout – Jordi Lafebre

Traduction de l’espagnol par Geneviève Maubille- Éditions Dargaud

Cette bande dessinée m’attendait depuis plusieurs semaines, mais elle avait fini submergée par d’autres ouvrages. C’est en la revoyant chez Petite plume que j’ai réalisé qu’elle était signée par un auteur espagnol et pouvait donc me permettre de m’associer une nouvelle fois au challenge du Mois espagnol et sud-américain orchestré par Sharon tout en réduisant ma PAL. Cerise sur le gâteau, Malgré tout est un régal !

Pétillante, drôle et émouvante, cette BD repose notamment sur une construction originale puisqu’elle commence par la fin ! Le récit est découpé en 20 chapitres qui retracent la vie de ses deux protagonistes, Ana, pimpante maire de sa ville pendant de nombreuses années, et Zeno, baroudeur aux mille casquettes (au sens figuré !). Plusieurs années séparent chacun des épisodes et on découvre petit à petit les ressorts de cette histoire d’amour à rebours qui court sur plusieurs décennies.

Ce choix d’un récit qui commence par la fin n’est pas un simple effet de style : cela ajoute bien sûr du suspense, même si cela peut sembler paradoxal puisqu’on sait dès le début comment va finir l’histoire. Mais l’auteur prouve surtout que la fin n’est pas toujours l’essentiel et que le chemin qui y mène est tout aussi passionnant. Car en remontant le temps, on comprend mieux les choix et les parcours d’Ana et de Zeno, et ce qui pourrait être tragique ou douloureux est adouci par le temps écoulé. Et la fin n’en est d’ailleurs pas vraiment une, elle a tout d’un nouveau départ…

Le dessin communique une belle énergie : les personnages y sont très expressifs, virevoltants, et croquent la vie à pleine dent. Les couleurs m’ont beaucoup plu également. Les teintes dominantes varient suivant les chapitres ou les personnages, sans nous perdre ou nous faire saturer visuellement. Quant à la couverture, je la trouve totalement à l’image du récit : tendre, romantique et hors du temps.

Pour découvrir un extrait de cette pépite, c’est ici : https://www.dargaud.com/bd-en-ligne/malgre-tout/9781/1e69080fc3183fcd4ec0a2b4405667cd

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Les dames de Kimoto – Cyril Bonin

Éditions Sarbacane, d’après le roman de Sawako Ariyoshi

Avril, c’est notamment Un mois au Japon grâce au rendez-vous lancé par Lou et Hilde. L’occasion rêvée pour parler aujourd’hui d’une très belle bande dessinée française adaptée du roman éponyme signé Sawako Ariyoshi : Les dames de Kimoto.

J’ai profité d’un après-midi pluvieux de ce début de printemps pour me plonger, avec délice et un bon thé vert, dans cette histoire qui retrace la vie de trois générations de femmes d’une même famille au Japon. En réalité, l’héroïne centrale est Hana, dont le mariage ouvre le récit.

Élevée dans le respect des traditions, cette très belle jeune femme connaîtra une vie de devoir auprès de son mari qui se veut moderne et progressiste, mais qui réserve son ouverture d’esprit aux nouvelles techniques ou à la politique. Ce que fait Hana de ses journées ou ses éventuelles aspirations n’intéressent pas son époux et ce n’est pas réelle méchanceté de sa part, simplement le reflet de leur époque et de leur culture, toutes deux très misogynes.

La fille de Hana, elle, a un tempérament rebelle et supporte mal la résignation de sa mère face à la condition des femmes de sa génération. La guerre et les drames personnels passeront cependant par là et sa vision des choses s’adoucira avec le temps. Enfin, Hanako, la petite-fille, alliera ces deux mondes, l’ancien et le nouveau, prouvant qu’ils peuvent cohabiter au lieu de s’opposer.

J’ai aimé cette histoire de femmes aux modes de vie et aux personnalités très différentes, car elle ne tombe pas dans la caricature, le manichéisme. Si Hana ressent parfois du regret, elle trouve aussi de la sérénité et de la satisfaction dans cette vie traditionnelle. Les certitudes, parfois à l’emporte-pièce, de sa fille Fumio seront ébranlées et, peu à peu, elle comprendra mieux les superstitions de sa mère et son besoin de se conformer à certains rites.

J’ai énormément apprécié la douceur qui émane du dessin comme du récit. Le choix des couleurs en particulier, dans une vaste palette de roses et de verts, m’a beaucoup plu. Cyril Bonin a opté pour des tons très doux et une esthétique délicatement, mais pas exagérément japonisante. Les dames de Kimoto dégage ainsi une mélancolie et un charme intemporels. Un beau dépaysement pour une histoire finalement universelle.

PS : Si vous hésitez encore, je vous recommande de lire également la chronique de Doudou matous : https://jelisjeblogue.blogspot.com/2023/04/les-dames-de-kimoto-cyril-bonin.html?m=1