Traduction de l’espagnol (Colombie) par Laurence Debril – Calmann-Lévy
Voilà un très court roman (128 pages) que j’ai lu presque d’une traite, envoûtée que j’étais par l’atmosphère tissée par Pilar Quintana.
Sur la côte pacifique de la Colombie, Damaris et Rogelio vivotent dans une cabane grâce aux quelques sous gagnés au prix de campagnes de pêche plus ou moins fructueuses et de ménages. En mal d’enfant, ils se sont éloignés et, depuis plusieurs années, ne font plus que cohabiter. Sur un coup de tête, Damaris adopte un jour une petite chienne à laquelle elle s’attache sans doute plus que de raison. Après une première fugue, celle-ci prend goût à la liberté et s’échappe à la première occasion. Ces abandons font passer Damaris par toute une palette d’émotions, des plus douces aux plus féroces.
C’est bien Damaris que l’on suit, et sa ou plutôt ses douleurs qui se dévoilent au fil de retours dans le passé. Mais Pilar Quintana nous parle aussi de Rogelio, bien moins fruste qu’au premier abord, et de toute une petite communauté accrochée à ce bord de mer hostile. Tous ces personnages m’ont paru extrêmement seuls, à commencer par Damaris bien sûr, une impression renforcée par leur isolement géographique. Les tempêtes, la chaleur, la mer, la jungle et sa faune, bref, la nature est également omniprésente dans ce roman. Et elle n’y est pas généreuse, mais impitoyable et menaçante.
La chienne est un roman resserré, au style sobre et poignant à la fois. Très fort et dépaysant, il se lit vite mais ne s’oubliera pas facilement.
PS : Koryfée, dont je viens de découvrir le blog, l’a aimé aussi. Sa chronique est à retrouver ici (avec en prime son adorable toutou en photo !).
21 réponses sur « La chienne – Pilar Quintana »
Chronique très convaincante. Je note ce livre dans mes tablettes !
Merci ! C’est vraiment une belle lecture, je trouve. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce titre un peu étrange mais je n’ai pas été déçue.
je n’aime pas trop les chiens mais ce roman dit aussi autre chose sans doute !
Oui, ça parle plutôt de la souffrance de Damaris qui reporte sur la chienne l’amour qu’elle n’a pas pu donner à un enfant, et d’une vie dans des conditions très rudes.
Tu me donnes envie de découvrir cet auteur et ce titre est présent dans ma médiathèque, je n’aurais donc pas de mal à le découvrir si je le trouve en rayon. Je l’ai noté, j’aime les histoires avec les animaux…elles en disent souvent beaucoup sur leur maître.
C’était un coup de coeur de mes bibliothécaires, c’est généralement bon signe !
Ça a l’air d’une lecture particulière et forte à la fois. La présence de la nature menaçante m’attire pas mal…
C’est original et très facile à lire à la fois. Et la jungle n’est pas très sympa, entre insectes envahissants, vautours et autres charognards…
Me voilà intriguée aussi… rien à la médiathèque, mais je vois qu’il est en poche ! 😉
Effectivement, ma bib l’avait en broché mais il est sorti en poche depuis. J’aime moins la couverture mais c’est une question de goût et c’est plus abordable surtout !
Moi qui adore les chiens… J’ai d’ailleurs 2 chiennes. Merci pour cette intéressante suggestion.
Les chiens n’y sont pas très bien traités par contre… Mais on voit bien à quel point ils révèlent les émotions humaines.
Je pense que la sobriété (presque excessive finalement) du style m’avait empêchée de vraiment pénétrer dans ce roman.
Le style est sobre en effet, mais ça ne m’a pas gênée. Je comprends que cela puisse tenir un peu à distance quand même.
Ce petit roman semble t’avoir beaucoup émue
Il est poignant, car dur aussi.
Si tu me donnes ton accord, j’aimerais inclure ce texte dans mon récapitulatif du challenge Bonnes nouvelles qui débute en janvier. Je pense prendre les romans courts (novellas) jusqu’à 150 pages.
Oui, bien sûr, avec plaisir ! Je commence à préparer ma PAL pour le rendez-vous de janvier d’ailleurs.
[…] chance j’ai eue de tomber sur ce petit bijou de saison ! Ce court roman (encore un) est une merveille de sensibilité, de tendresse, mais aussi un condensé de ce que la vie a de […]
Tu en dis juste assez pour me mettre l’eau à la bouche.
Le roman est fait de petits événements qu’il serait dommage et difficile de raconter, mais je suis contente si l’impression générale donne envie de découvrir ce beau texte.