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De l’argent à flamber – Asta Olivia Nordenhof

Traduction du danois par Hélène Hervieu, Les Argonautes Éditeur

Une toute nouvelle maison d’édition est née dans ma ville ! Sa vocation : mieux faire connaître la littérature européenne traduite. Une véritable manne pour la lectrice férue de romans étrangers que je suis. Je me suis donc jetée sur les trois premières publications des Argonautes Éditeur, à commencer par un roman danois annoncé comme politique et engagé : De l’argent à flamber. Traversé par la violence aussi bien sociale, financière, psychologique que physique, ce court roman est aussi, et surtout, d’une grande beauté.

Asta Olivia Nordenhof s’est lancée dans l’écriture de sept romans consacrés à l’incendie d’un ferry qui reliait la Norvège et le Danemark en 1990, un drame qui avait fait près de 160 victimes et secoué toute la Scandinavie. De l’argent à flamber est le premier de ces sept ouvrages, les autres étant encore à paraître (ndlr : d’après mes sources, l’écriture du deuxième tome vient de s’achever, j’ai hâte qu’il soit traduit et publié en français !).

Sans être un prétexte, l’histoire du Scandinavian Star ne forme pas le nœud de ce roman. En découpant son récit en plusieurs courtes parties, l’autrice mêle ses propres réflexions et recherches sur ces événements aux souvenirs de Kurt et Maggie, un couple dysfonctionnel dont l’histoire personnelle n’est qu’en partie liée à cet incendie d’origine criminelle. Maggie et Kurt n’y apparaissent d’abord pas sous leur meilleur jour et je les ai jugés peu attachants au début, voire parfaitement méprisable pour Kurt. Rapidement pour Maggie, plus tardivement pour Kurt, ils se révèlent d’une grande vulnérabilité et tout simplement humains. Leur solitude et l’immense tendresse dont ils sont capables m’ont profondément émue, en particulier leur amour pour leur fille Sofie.

De l’argent à flamber m’a « remuée » parce qu’il illustre avec brio les violences à petite et grande échelle, leurs conséquences et leur cycle sans fin, tout en insufflant une saine indignation. Le roman devrait être sombre, et il l’est aussi. Pourtant, je l’ai avant tout trouvé beau et lumineux. Asta Olivia Nordenhof appelle un chat un chat, et son style direct tient le drame à la bonne distance. Dans ce magnifique roman, elle sait capter les petits riens de la vie qui lui donnent sa beauté, et touche au cœur.