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Ballade pour Georg Henig – Viktor Paskov

Traduction du bulgare par Marie Vrinat – Éditions de L’Aube

Largement autobiographique, Ballade pour Georg Henig est un hymne à l’art, à la musique et à la vocation artistique. C’est aussi le récit d’une enfance marquée par la pauvreté et révoltée par la mesquinerie.

« Tandis qu’il taillait à l’aide de fins ciseaux l’extrémité des deux parties du violon, Georg Henig me racontait des histoires de violons : les plus beaux contes qu’il avait jadis entendus, dans son enfance. Il me parlait des différentes écoles : Brescia, Crémone, Venise, Milan, Naples, l’école tyrolienne, l’école saxonne, l’école viennoise ; il me racontait que les violons parcouraient le monde entier, de main en main, et tombaient tantôt dans celles de charlatans, de riches comtes et barons, dans des palais et dans de pauvres maisons : qu’il est étrange, le sort d’un instrument fait par un maître ! Quelles déchéances et tragédies, mais aussi quelle admiration et quelle gloire ! »

Georg Henig, luthier tchèque venu en Bulgarie pour « aider quelques exaltés à créer une culture musicale en Bulgarie », finit sa vie dans la solitude et la misère la plus noire. Abandonné de tous, y compris de ses anciens élèves, il ne se laisse approcher que par la famille de Victor, un enfant que le vieil homme fascine par son dévouement total à son art.

Poétique, ou plutôt musical, ce court récit à hauteur d’enfant est très mélancolique et les touches de lumière sont très rares. Tout est fait pour créer une impression oppressante : les lieux de vie exigus et étouffants, les difformités physiques, la saleté omniprésente, les attitudes obsessionnelles …

Portrait de la vie quotidienne d’un quartier très pauvre où chacun tente de survivre et de ne pas sombrer dans la folie, cette Ballade pour Georg Henig recèle de magnifiques passages sur la vie de quartier, l’amitié et la solidarité, comme sur l’art de la lutherie. Si je lui ai trouvé des longueurs et une certaine lourdeur psychologique (Victor Paskov semble prisonnier de la nostalgie, y compris d’un temps qu’il n’a pas connu lui-même), j’ai été sensible à ce vibrant hommage aux artistes/artisans d’art et à cette immersion dans la Bulgarie d’après-guerre.

Ballade pour Georg Henig a déjà été lu et chroniqué par Passage à l’Est et Soufflebleu (que je découvre à cette occasion), ou encore par Lire et merveilles et Patrice lors du Mois de l’Europe de l’Est.