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Le poids des choses – Marianne Fritz

Traduction de l’allemand (Autriche) par Stéphanie Lux – Éditions Le Quartanier

Eva nous avait prévenues, Le poids des choses est une lecture déstabilisante. Si je ne parlerais certainement pas de « catastrophe éditoriale » comme l’a fait Thomas Bernhard en son temps, j’ai d’abord été décontenancée avant d’être impressionnée par la force de ce court roman. Et je suis très curieuse de savoir ce qu’en a pensé Ingannmic, ma co-lectrice.

Une journée bien particulière, celle du 13 janvier 1963, voit Wilhelm et Wilhelmine à la fois célébrer leur 3e anniversaire de mariage et rendre visite à Berta, la 1re femme de Wilhelm. À partir de ce double événement, on découvre ces 3 personnages à différentes époques : lorsque Wilhelmine et Berta étaient 2 jeunes voisines et amies, tandis que Wilhelm combattait sur le front ; lorsque Berta et Wilhelm avaient fondé une famille, et enfin lors de ladite visite du « jeune » couple à l’ex-femme, Berta.

En quelques petites touches et dialogues percutants, Marianne Fritz rend ses protagonistes extrêmement vivants. Elle en montre les côtés les plus agaçants (que Wilhelm est obséquieux et quelle mégère, cette Wilhelmine !), avant de nous retourner comme des crêpes et de nous en révéler de tout autre facettes, que j’ai trouvées bouleversantes.

Le titre original nous donne des pistes pour comprendre ce trio, puisqu’il y est question du poids des Verhältnisse, autrement dit des liens, des rapports, entre les gens et les choses. Chaque événement est intimement lié à un autre, avec des conséquences longtemps latentes qui se révèlent dans le drame, lorsque le « poids des choses » est devenu trop lourd. Mais je pense qu’une partie du sens du roman m’échappe, sans que cela soit désagréable. C’est même très stimulant !

Marianne Fritz est une autrice intrigante et à découvrir.

4 réponses sur « Le poids des choses – Marianne Fritz »

Hah – ce livre avait certes obtenu le Prix Walser à l’époque mais a été considéré par pas mal de monde comme « illisible » (« unlesbar »). Par ailleurs le titre VO serait plutôt « l’effet de gravité/l’apesanteur des relations « (« Schwerkraft der Verhältnisse ») – je n’avais pas trop envie de lire ce livre à l’époque (et j’ai raté la réimpression en 2023). Ton article me rend curieux de découvrir ce qui est considéré par certains comme « le plus sombre mais aussi le mieux de ce qui a été écrit en Autriche après 1945. Merci donc !

Ravie de cette LC autour de ce titre atypique… nous avons commencé notre billet de la même manière, en soulignant l’aspect déstabilisant du début du texte. Je l’ai personnellement trouvé très fort : on ne sait pas trop où l’on va au départ, et quand on le comprend, l’effet est glaçant… le ton est subtilement ironique, voire cruel, presque mine de rien. Un roman étrange mais qui m’a finalement convaincue !

Je suis ravie de voir ce livre enfin chroniqué. Tu peux maintenant comprendre ma frustration de n’avoir eu personne avec qui échanger une fois le livre refermé 🙂 J’ai beaucoup apprécié ce livre fort, surtout pour son évolution. Le lecteur est d’abord embarqué dans une histoire presque légère et puis ça prend un virage inattendu dont les racines sont selon moi dans le sort de Rudolf. C’est dans tous les cas une lecture qui « ne laisse pas indifférent ». 🙂

PS: On est bien d’accord qu’on ne voudrait pas avoir Wilhelmine comme belle-soeur !

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