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Le cygne et la chauve-souris – Keigo Higashino

Traduction du japonais par Sophie Refle – Actes Sud

Je voulais découvrir Keigo Higashino dont le roman Le nouveau m’intéressait suite aux chroniques élogieuses de plusieurs blogs dont Collectif polar, Dasola, Maggie ou encore Cannibal lecteur… Mais c’est Le cygne et la chauve-souris, son tout dernier opus, que le destin (a.k.a ma librairie ;-D) a mis sur mon chemin.

Nous avons ici une intrigue policière passionnante et savamment construite : un avocat a été retrouvé poignardé et lorsqu’un retraité se met à table, il n’avoue pas seulement l’avoir assassiné, mais aussi l’avoir fait pour cacher un autre meurtre commis 30 ans plus tôt. Pour des raisons différentes, le fils de l’assassin présumé et la fille de la victime ne croient pas aux mobiles invoqués et ils trouvent peu à peu des éléments qui vont instiller le doute chez les enquêteurs.

L’auteur prend son temps et m’a ainsi donné l’impression de m’emmener dans un véritable voyage au Japon, à la découverte de ses cafés, restaurants et lieux de vie, mais aussi du système judiciaire du pays (rappelons que la peine de mort est toujours en vigueur au Japon, le pays du kawaï … et des contradictions !). L’enquête est menée de manière tout sauf spectaculaire, ce qui n’empêche pas un véritable suspense. Le style est sobre et nimbé d’une mélancolie on ne peut plus japonaise, avec une psychologie des personnages fouillée, et la construction chorale associant plusieurs temporalités est limpide et d’une redoutable efficacité.

La « pente des conduites » et les poteries de Tokonamé – Image par kazuo de Pixabay

J’ai beaucoup aimé être placée du côté des victimes « collatérales » d’un meurtre, c’est-à-dire des proches de l’assassin et de la victime à proprement parler. On les suit dans la tourmente médiatique qui s’abat sur eux en plus de l’état de sidération dans lequel ils se voient plongés. Mirei et Kazuma vont faire preuve d’une grande force en cherchant à établir la vérité, alors que la justice veut avant tout résoudre une affaire. Le dénouement, formidablement amené, ne clôt d’ailleurs pas le roman. Keigo Higashino tient à montrer que trouver le coupable ne signe pas la fin de l’histoire et n’est qu’une étape pour l’entourage des suspects, des coupables et des victimes qui devront vivre avec les conséquences du crime commis.

Que ce soit pour le plaisir de suivre une intrigue juridico-policière, pour mieux comprendre la mentalité japonaise ou déguster par procuration un plat de porc au soja, je vous invite à découvrir ce roman policier très subtil.

Le fleuve Sumida à Tokyo – Image par kazaha7 de Pixabay

Alex et Mare Tea Ne en ont parlé récemment elles aussi. Et pour ma part, je vais me procurer prochainement Le nouveau et sans doute Les miracles du bazar Namiya, autre roman du même auteur mais dans un genre différent et adoré par Keisha, A girl et Pativore.

PS : Pour vous mettre l’eau à la bouche, Actes Sud met les 20 premières pages du Cygne et la chauve-souris à disposition sur son site : https://www.actes-sud.fr/le-cygne-et-la-chauve-souris

30 réponses sur « Le cygne et la chauve-souris – Keigo Higashino »

Très intéressante histoire! Surtout avec une enquête se déroulant au Japon. Je ne connais pas aussi le sytème judiciaire là-bas. Cela doit être bien d’en apprendre plus. Merci pour la suggestion!

Je l’avais su et oublié, mais il y a bel et bien un couloir de la mort et quelques exécutions chaque année. La population japonaise est apparemment très favorable à cette peine capitale… La prescription des crimes est relativement récente aussi. Cela fait froid dans le dos…

Oui, on comprend mieux leur désarroi, et aussi leur frustration vis-à-vis du système judiciaire. Et ici, c’est leur obstination qui permettra de découvrir la vérité.

Il faut dire que ça change des polars français, américains ou nordiques. C’est vraiment un autre rythme et un contexte très différent, ça ajoute au charme !

J’ai noté certains de ses titres qui sont dans ma médiathèque grâce à Dasola mais ce dernier n’y est pas encore. Tu me donnes envie de le lire très vite, mais là ce sera pour l’année prochaine…Merci pour ta chronique

Il est très récent en effet et les précédents doivent être plus faciles à trouver. Et la fin de l’année approche à très grands pas donc 2024 sera plus raisonnable pour ta PAL ;-D

Je serai contente de lire ton billet (si tu en publies un) à son sujet. Si j’ai bien compris, il n’y a pas d’enquêteur récurrent dans les polars de Higashino et chaque roman peut donc être très différent et se passer dans une autre partie du pays ou même à une autre époque. C’est plutôt rare dans le monde du polar, il me semble.

Chaque fois que je lis une critique de Keigo Higashino je me dis qu’il faut absolument que je me procure l’un de ses polars. Ton billet me conforte dans cette envie même si l’intrigue n’est pas kawaï (^_-)

L’intrigue n’est pas kawaï mais ce n’est pas du tout un roman glauque (je n’aime pas les ambiances type thriller). C’est vraiment le système judiciaire qui est implacable et le roman s’interroge beaucoup sur la morale, la vérité. Je ne peux que t’encourager à découvrir l’auteur en tous cas, c’était une lecture passionnante sans être « oppressante ».

j’ai découvert la justice japonaise à travers un roman incroyable « treize marches » de Kazuaki Takano, et j’avoie avoir été très surprise du pouvoir des procureurs au Japon.

Ah, je note ce titre car j’aimerais bien en savoir plus. Je me demande si le système judiciaire japonais n’a pas été influencé par le système américain après la Deuxième guerre mondiale. Cela expliquerait ce rôle très important du procureur par exemple.

J’aime bien cet auteur, ses intrigues sont toujours parfaitement construites, on sent qu’il est particulièrement soucieux de logique ! J’en ai lu plusieurs, mais pas tout commenté sur le blog.

C’est vrai, il est très rigoureux et on ne s’y perd pas malgré les différentes temporalités. J’ai apprécié cet aspect car certaines intrigues policières sont parfois confuses et c’est frustrant.

À part Les doigts rouges, que j’ai trouvé un peu faible, j’ai aimé tous les livres de Keigo Higashino que j’ai lus. Dernier en date, La fleur de l’illusion, que je recommande. Le cygne et la chauve-souris est à la médiathèque, je le note dans ma liste à lire ! Merci pour le conseil.

Bonjour Dasola, désolée pour les problèmes rencontrés avec les commentaires. J’ai désactivé une extension qui semblait poser problème. J’espère que le problème est définitivement résolu ! Merci pour ta visite et bonne année.

J’aimerais bien continuer à découvrir des romans de cet auteur. J’ai bien aimé « La Maison où je suis mort autrefois » et dans un autre genre : « Les miracles du bazar Namiya ». La culture japonaise est fascinante, je ne me lasse pas de découvrir de nouveaux romans. Je note celui-ci.

J’aime beaucoup cette littérature moi aussi. Il y a quelques sorties un peu trop commerciales ces derniers temps sans doute mais la majorité des publications sont quand même très intéressantes et toujours très dépaysantes. C’était mon premier vrai polar japonais 💪.Je n’avais lu que le livre de Jake Adelstein « Tokyo vice » en rapport avec la police/justice japonaises jusqu’à présent. C’était passionnant (et flippant) mais très différent de ce polar « tranquille ».

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