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La porte – Magda Szabό

Traduction du hongrois par Chantal Philippe – Livre de poche

Grand succès de la littérature contemporaine hongroise, La porte m’attendait dans ma PAL depuis un petit moment. L’avis récent d’Antigone m’a motivée pour l’en sortir et, tout comme elle, j’ai trouvé cette lecture aussi forte qu’étonnante.

La narratrice de La porte est écrivaine. Sans enfant, elle vit avec son mari, également auteur. Ne parvenant pas à écrire tout en tenant son ménage, elle engage Emerence, la concierge d’un immeuble voisin. Bientôt, elle ne peut plus se passer de ses services malgré le caractère difficile de cette employée atypique. Leurs relations sont orageuses, faites de fâcheries et de réconciliations, d’incompréhension totale et d’amour inconditionnel. Ce duo est étrange et ce qui le lie reste un mystère à mes yeux…

Un drame est arrivé, on le sait d’emblée, et la tension ne se relâchera pas de tout le roman. Magda Szabό est en effet d’une redoutable habileté pour entretenir un suspense à partir d’événements a priori anodins. Emerence est un personnage hors du commun, elle a vécu 1000 vies dont elle ne livre que des bribes et reste une énigme pour son entourage, à commencer par la narratrice. Les avis que j’ai lus se concentrent donc généralement, et tout naturellement, sur elle. Pourtant, la narratrice me semble la plus ambigüe et la plus difficile à cerner, elle qui s’entête à vouloir tout savoir d’Emerence. Incroyablement égocentrique, elle semble ne jamais tirer de leçons de ses erreurs, qu’elle répètera jusqu’à la fin.

Tout est psychologie dans ce roman : Pourquoi Emerence exerce-t-elle une telle emprise sur la narratrice ? Que cache-t-elle derrière la fameuse porte ? Qu’est-ce qui a poussé la narratrice à franchir les limites imposées par Emerence ? Magda Szabό glisse par ailleurs de nombreuses réflexions sur la valeur du travail manuel par rapport au travail intellectuel, la religion, la bonté, le bien et le mal… La porte est donc un roman intense, porté par une très belle écriture et qui a sans aucun doute mérité son succès.

53 réponses sur « La porte – Magda Szabό »

Emerence m’a beaucoup touchée, mais pas tellement la narratrice, je dois dire. L’écriture est très belle et simple à la fois, je suivrai cette actrice.

A plusieurs reprises, elle fait en sorte de percer les mystères d’Emerence qui ne veut de toute évidence pas se livrer totalement. Ça provoque une dispute, mais la narratrice recommence encore et encore, à croire qu’elle cherche le conflit 🤔

J’avais adoré, notamment ce personnage d’Emerence a priori peu sympathique, mais tellement marquant. J’ai lu par la suite Le faon, de cette auteure, qui m’a bien moins convaincue.

Moi aussi je le lirai un jour. Je ne sais pas pourquoi je lis si peu de littérature des pays de l’Est.

Emerence est un personnage inoubliable. J’ai adoré cette lecture. Merci de me rappeler ce beau souvenir de lecture. J’ai aussi rédigé une chronique sur ce livre. Bonne fin de semaine !

Pourtant Emerence est un personnage fort, mais les tergiversations de la narratrice ont pu t’agacer (moi ça a été le cas par moments).

J’ai mis du temps aussi à me décider à le lire, mais je n’ai vraiment pas regretté de me lancer enfin. C’est un roman qui suscite tant de réflexions en cours de lecture. J’ai adoré ! Et quel personnage fascinant cette Emerence !

Je me méfie des romans qui rencontrent un franc succès comme celui-ci, j’ai donc mis du temps à me décider. Mais il mérite l’écho qu’il a rencontré, c’est indéniable.

Je me souviens de ce duo passionnant ! Et de la grande tristesse que j’avais ressentie à la fin, lorsque l’on entrevoie le secret d’Emerence …. Un grand roman !

La fin m’a beaucoup touchée aussi. Il y a son secret mais surtout sa volonté de garder sa dignité qui est bafouée, j’ai été très triste pour elle.

Tu me donnes très envie de le sortir de ma PAL et de découvrir ces deux femmes à la relation étrange. Quant aux nombreuses réflexions sur la valeur du travail manuel par rapport au travail intellectuel, elles m’intéressent et a suscité dans mon entourage des débats houleux.

Je suis contente que cela t’ait donné envie! Parfois un billet chez un(e) autre blogueuse/blogueur est le coup de pouce dont on a besoin pour sortir un roman de notre PAL. Ça a marché pour moi ici !

Il est moi aussi dans ma Pal depuis un certain temps. Avec toujours ce problème recurrent: j’ai très envie de le lire, mais comment trancher entre les priorités d’une pal qui croit plus vite qu’elle ne décroît?😉

J’ai entamé il y a quelques mois une opération dégraissage de PAL. Ça suppose de ne plus rien y faire entrer, c’est dur, mais j’ai trouvé quelques belles lectures dans mes stocks, ça valait le coup !

Je me rends compte en te lisant que j’ai complètement oublié quelle était l’histoire d’Emerence. Peut-être faudrait-il que je le relise? Mais je penche plutôt pour lire un autre de ses romans, Abigaël par exemple, ou La Créüside.

Son histoire est racontée par bribes et est assez tragique, mais c’est tout le suspense entretenu autour qui la rend marquante. J’ai noté Abigaël moi aussi, mais il semblerait que ce soit un roman jeunesse, ce que je n’avais pas compris au premier abord.

ah zut de zut , je ne voulais rien noter mais ce roman m’intrigue et vous ête trop nombreuses à en dire du bien ! Damned ! pour mes listes

Ce livre est dans ma PAL dans le cadre de mon tour du monde littéraire. À lire ta chronique, je ne regrette pas mon choix d’entrer dans la littérature hongroise par cette porte 😉

Ta chronique a ravivé mes souvenirs de ce roman puissant et déroutant qui m’avait profondément troublée. Je n’avais pas tout compris à ce qui liait ces deux femmes, mais j’avais été marquée par cette histoire et l’écriture de cette autrice. Par la suite, j’avais également été extrêmement touchée par La ballade d’Iza, il faudrait que je jette un œil à ce qu’elle a écrit d’autre pour retrouver cette plume fascinante. Merci pour ce rappel.

Moi non plus, je n’ai pas bien compris pourquoi elles étaient si attachées l’une à l’autre, c’est ce qui a modéré un peu mon enthousiasme. L’écriture est fascinante, tu as trouvé le mot juste, et ça place quand même ce roman dans les très, très bons. Je note la Ballade d’Iza!

Pour le coup, dans mes souvenirs, ça m’a dérouté au départ (d’autant que j’ai eu des sentiments ambivalents envers Emerence), mais ça ne m’a pas empêchée d’être captivée. L’ambiance était tellement intense et éprouvante psychologiquement que j’ai été happée, même sans tout comprendre.

Les personnages sont difficiles à cerner, et on peut en effet passer à côté. J’ai été très agacée par la narratrice en particulier, mais l’écriture m’a tenue en haleine.

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