Traduction de l’allemand (Suisse) par Laurent Muhleisen – Éditions L’Arche
Encore une claque venue de Suisse ! Merci (sans ironie) aux Feuilles allemandes de m’avoir donné l’occasion de lire cette pièce toujours jouée depuis sa création en 1955, et pour cause : elle n’a pas pris une ride !
Friedrich Dürrenmatt a prévu des didascalies extrêmement précises qui permettent à son lectorat, même peu habitué à lire des pièces de théâtre, de parfaitement se représenter le décor et la mise en scène. Tout commence ainsi à la gare de Güllen, petite ville autrefois prospère et devenue totalement moribonde. Ses industries ont fermé, les trains ne s’y arrêtent pour ainsi dire plus et ses habitants survivent à peine. Ils attendent, dernier espoir pour eux, une visite de la plus haute importance : celle d’une vieille dame devenue multi-milliardaire depuis qu’elle a quitté Güllen il y a fort longtemps.
Ils ne seront pas déçus puisqu’elle va en effet proposer de les faire bénéficier de ses largesses mais à une condition terrible : ils doivent tuer pour elle l’homme qui l’a trahie et condamnée à la misère il y a un demi-siècle de cela. Elle demande « la justice » en réclamant pour cela à d’autres de lui offrir réparation. Je vous laisse imaginer la tension qui monte très vite dans ce récit ! Mais nous ne sommes pas ici dans le drame pur, la farce est aussi au rendez-vous, ce qui souligne à merveille la morale à géométrie variable de bien des personnages. Les pires ne sont d’ailleurs pas toujours ceux que l’on pense…
Je n’avais pas encore lu Dürrenmatt (La promesse, roman conseillé par Kathel, figure pourtant en bonne place dans ma PAL) et je ne savais donc pas du tout à quoi m’attendre avec cette pièce au titre à première vue inoffensif. Quel pessimisme (réalisme ?) sur la nature humaine et quel cynisme ! Ça décoiffe !
Ne vous arrêtez pas au fait que c’est une pièce de théâtre : au bout de quelques pages à peine, vous l’aurez oublié et je vous défie alors de ne pas la lire jusqu’au bout ! Quant à moi, je vais surveiller les programmes de théâtre pour aller la voir sur scène à la première occasion.
PS : Il me semble que c’est la pièce préférée de Violette, grande lectrice et spectatrice de théâtre, mais je n’ai pas trouvé son billet à son sujet.
11 réponses sur « La visite de la vieille dame – Friedrich Dürrenmatt »
Cela fait plaisir de lire un tel enthousiasme et c’est contagieux allez hop dans ma liste ! merci
Je n’ai pas fini de lire Dürrenmatt. Il semble avoir plusieurs cordes à son arc (théâtre, roman policier…)
je guetterai côté théâtres!
J’espère qu’elle sera programmée bientôt. Tenons-nous au courant mutuellement !
Jamais lu non plus et lire du théâtre ne me fait pas peur au contraire.
J’ai constaté que la lecture de pièces n’est pas au goût de tout le monde (peut-etre à cause de mauvais souvenirs de la scolarité, même si la mienne me l’a toujours fait apprécier).
Tu nous raconteras comment c’était de voir cette pièce avec des actrices et des acteurs. Cela doit changer le regard que l’on jette ou le confirmer. Bravo pour les feuilles allemandes. Tu vas certainement être celle qui a le plus lu et chroniqué des ouvrages de langue allemande.
Ça peut être très différent en effet, et l’idéal serait même de voir plusieurs mises en scène mais le temps (et l’argent!) manquent pour ça !
Et je n’ai pas beaucoup de mérite pour les Feuilles car je parle et aime la langue allemande, c’est donc un tropisme. Et ça m’a permis de bien vider ma PAL. Il y a encore du travail, mais j’ai retrouvé un peu de place ☺️.
Je ne pense jamais à lire des pièces de théâtre et pourtant je sais qu’il y a des pépites
Malheureusement, le théâtre est généralement rangé à part en bibliothèque et on passe souvent à côté de ce rayonnage sans s’y arrêter. On y trouve cependant des pépites, c’est vrai, même s’il y a beaucoup de classiques aussi.