Traduction du grec et postface par Lucile Arnoux-Farnoux – Éditions Cambourakis
Première écrivaine grecque, première femme à écrire son autobiographie en Grèce, Elisavet Moutzan-Martinengou est l’autrice d’une vingtaine de pièces de théâtre, de poèmes, contes et fables rédigés en italien et en grec. Un véritable tour de force quand on sait dans quelles circonstances elle a vécu et écrit.
Elisavet Moutzan-Martinengou a lutté toute sa vie pour pouvoir s’instruire et écrire. Son rêve de voir ses œuvres publiées et reconnues ne se sera pas réalisé. Le seul écrit qui a résisté au temps et aux destructions est cette autobiographie partielle, publiée pour la première fois en français en 2022.
Deux aspects ressortent de ce très court livre (à la postface passionnante) : la condition d’Elisavet Moutzan-Martinengou en tant que femme et sa détermination sans faille à devenir une écrivaine reconnue. Parce qu’elle était une femme née au début du 19e siècle dans une famille très conservatrice de l’île de Zakynthos, elle a grandi enfermée dans la maison de ses parents de l’âge de 8 ans jusqu’à son mariage, n’a pas eu droit à une véritable instruction et a dû lutter pour obtenir des bribes d’enseignement dispensées par des religieux de passage. Surtout, elle a travaillé d’arrache-pied et avec les moyens du bord, le plus souvent seule, pour atteindre son objectif. La modernité et la virulence de son combat de femme et d’écrivaine sont d’autant plus frappantes que, par ailleurs, elle ne conteste que peu son éducation et son époque.
Pour être honnête, je ne suis pas certaine que j’aurais apprécié les autres écrits d’Elisavet Moutzan-Martinengou, qu’elle qualifie elle-même de « moralistes » et dont elle livre quelques extraits dans cette autobiographie. Par moments, j’ai également été un peu agacée par sa naïveté et son côté présomptueux. Elle ne doute par exemple pas un instant que ses œuvres rencontreraient le succès si seulement elles étaient publiées. Mais cette arrogance, surprenante de la part d’une jeune femme vivant totalement à l’écart du monde, est aussi très attachante et stimulante : Après tout, pourquoi aurait-elle dû douter de son talent ? Son autobiographie mérite en tout cas d’être (re)découverte, ne serait-ce que pour mesurer le chemin accompli par les femmes, mais aussi celui qui reste à parcourir.
Cette lecture me permet de m’associer au Printemps des artistes, un défi culturel proposé par La bouche à oreilles, pour partager des idées de livres ou des films dont le héros ou l’héroïne est un artiste ou qui parlent d’art.
Dans un entretien accordé au site Grèce hebdo, sa traductrice parle d’Elisavet Moutzan-Martinengou et de la littérature grecque moderne : https://www.grecehebdo.gr/interviews/2870-interview-lucile-arnoux-farnoux
16 réponses sur « Autobiographie, Mémoires d’une recluse – Elisavet Moutzan-Martinengou »
En tous les cas, cela doit être tout de même intéressant d’en apprendre davantage sur la manière dont vivaient les femmes à cette époque sur une petite île grecque… Merci pour la découverte!
Oui, même si son cas est très particulier: elle était d’un milieu privilégié mais bien plus conservateur que la plupart des autres familles de l’île.
Très intéressant !
C’est d’ailleurs une lecture idéale pour Le printemps des artistes organisé par La bouche à oreilles. N’hésite pas à lui envoyer le lien 😉
Merci beaucoup! Je ne connaissais pas encore ce rdv (il y en a tant, je ne suis pas encore au bout de mes découvertes !).
Oui, tu as raison, il y a beaucoup de rendez-vous littéraires sur la blogosphère 😉
Je te laisse le lien au cas où :
https://laboucheaoreilles.wordpress.com/2023/03/21/le-printemps-des-artistes-est-de-retour-en-2023/
Merci, je viens d’envoyer ma contribution ;-D
Le côté moralisateur de ses écrits doit en effet assez pénible aujourd’hui mais son témoignage est sans aucun doute précieux.
Elle a cependant une jolie plume et son autobiographie se lit très bien (et très vite). Et oui, c’est un témoignage important !
Merci de la découverte ! Je note. Cette histoire m interesse
Je l’ai notamment découverte grâce à une série d’articles des Inrocks sur les femmes écrivaines oubliées. L’article en disait malheureusement trop sur la vie d’Elisavet Moutzan-Martinengou, mais cela m’a malgré tout suffisamment intriguée pour chercher l’ouvrage ensuite.
Bonsoir Sacha, merci de cette participation ! Je n’avais jamais entendu parler de cette écrivaine grecque et je trouve son histoire très intéressante, je pense que beaucoup de femmes talentueuses ont dû vivre des vies similaires, recluses et contrariées. Sans doute, beaucoup d’entre elles ne sont pas passées à la postérité car leurs oeuvres furent détruites…
Très bonne soirée !
Il est en effet probable qu’elle n’ait pas été une exception… Sa volonté d’écrire n’en est que plus touchante.
Je ne connaissais pas du tout cette femme, en tout cas, tu me donnes envie de découvrir cette autobiographie.
Merci pour la découverte !
Elle est totalement tombée dans l’oubli, on comprend pourquoi en lisant la postface notamment.
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