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BD et romans graphiques

De l’autre côté – Simon Schwartz

Traduction de l’allemand par Élise Lecharme – Éditions Sarbacane

Pour le rendez-vous des Feuilles allemandes co-organisé par Et si on bouquinait & Livr’escapades, et en ce lendemain du 34e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, j’ai envie de vous parler de la BD De l’autre côté. L’auteur y raconte l’histoire de ses parents nés en Allemagne de l’Est. C’est aussi là qu’ils se marient, que naît leur fils et qu’ils vivent jusqu’à leur départ pour Berlin-Ouest en 1984. Même si j’ai beaucoup vu, lu, étudié et visité sur le sujet, j’ai encore découvert des aspects inédits de la vie en RDA grâce à cet album qui est un excellent moyen de faire découvrir cette période aux jeunes générations (avis au corps enseignant notamment !)

Image par Sara Lötscher de Pixabay

La bande dessinée allemande n’est pas la plus représentée en France. D’ailleurs, en vérifiant chez quelle maison d’édition avait paru De l’autre côté, j’ai constaté que cet album n’est plus édité en français (mon exemplaire est en allemand). On le trouve heureusement encore d’occasion et en bibliothèque, et bien sûr en VO pour qui parle allemand. Un peu de pression sur la maison d’édition entraînera peut-être un jour une réimpression, qui sait…

Car il serait dommage de passer à côté : cette BD illustre combien des familles ont été divisées physiquement par le mur de Berlin, mais aussi déchirées par des convictions opposées. En effet, tout le monde ne rêvait pas de vivre à l’Ouest. Les grands-parents paternels de Simon Schwartz adhéraient ainsi totalement à l’idéal antifasciste de la RDA. Lorsque leur fils prend ses distances avec la doctrine est-allemande et décide de s’installer à Berlin-Ouest, ils n’arrivent pas à l’accepter et coupent les ponts. Une décision qui peut sembler incompréhensible et que l’auteur va justement chercher à (s’)expliquer.

Si je ne suis pas très sensible au style de dessin employé dans cet album, je dois reconnaître qu’il convient parfaitement à l’histoire et au contexte qu’il dépeint. Le choix du noir et blanc (seule la couverture est en couleurs), les personnages aux contours très marqués et la disposition rigide des cases restituent bien l’idée de contrainte et de séparation, sans empêcher l’émotion. De l’autre côté est le récit d’une vie à l’Est et d’un passage à l’Ouest, mais aussi de liens familiaux directement victimes de l’Histoire. Un témoignage sensible et éclairant.