Traduit du lituanien par Margarita Le Borgne – Monsieur Toussaint Louverture
« lls l’observent, Ils le suivent, Vytautas Vargalys le sait : sa vie est celle d’un homme qu’on a mis en joue. Ils sont partout, Vilnius Leur appartient, alors que lui n’est qu’un simple employé de bibliothèque chargé de référencer les livres qu’Ils ont mis à l’index. Traumatisé par neuf années de tortures endurées au goulag, il se bat désormais pour comprendre Leur but. Gardien de l’histoire de son pays et de ses mythes, le dernier des Vargalys sombre petit à petit dans la folie. Seule Lolita, jeune séductrice au passé trouble et au corps parfait, lui permet encore de croire qu’une nouvelle vie est possible. Mais le sauvera-t-elle ou précipitera-t-elle sa chute ? »
Pour cette première lecture commune de la Rentrée à l’Est consacrée aux États baltes, j’ai choisi Vilnius Poker, paru en 2015, dont le message s’annonçait très fort et qui présentait l’avantage d’avoir suscité un écho suffisant pour se trouver dans de nombreuses bibliothèques. Avec ses 544 pages, il permettait aussi de participer au rendez-vous des Pavés de l’été chez Sibylline et à celui de Sous les pavés, les pages puisque la ville de Vilnius y joue un rôle central. Ça, c’était le projet, la théorie. En pratique, j’ai abandonné après m’être accrochée pendant près d’une centaine de pages. C’est donc un flop pour moi !
En fait, c’est une simple erreur de casting. Lorsque j’ai fait mon choix pour cette LC, je n’aurais pas dû m’arrêter au 1er paragraphe de la quatrième de couverture (qui ouvre ce billet). Je dois être claire : Je n’ai rien à reprocher à la plume de Ričardas Gavelis, ni à sa traductrice qui a réalisé un travail
d’orfèvre. Ce roman fait simplement partie de ceux que j’évite habituellement, je veux parler des romans qualifiés d’« excessifs », « hallucinés », etc. Si certains passages sont accessibles, quand Vytautas se souvient des tortures qu’il a subies notamment, le reste oscille entre rêve, ou plutôt cauchemar voire folie, et une réalité floue, grise et pour moi franchement opaque. Même en m’appuyant sur le propos de l’éditeur, je n’ai pas compris les « délires » de Vytautas (le 1er narrateur, je ne suis pas allée assez loin dans le roman pour découvrir les autres). J’ai tenté de me laisser porter, l’écriture étant par ailleurs fluide, mais cela n’a pas fonctionné non plus.
Je suis bien consciente que cette atmosphère pesante et hallucinée contribue sans aucun doute à l’attrait du roman pour qui l’a apprécié. Ma lecture est un ratage parce que ce livre n’était pas fait pour moi, et j’aurais assez vite pu m’en rendre compte si j’avais prêté attention aux précisions de l’éditeur dans la 2e partie de la quatrième de couverture :
« Excessif, magistral, ébouriffant, ce roman à quatre voix (…) raconte par un jeu de miroirs la descente aux enfers d’hommes et de femmes qui tentent de survivre dans un monde sans âme. Hallucinante fresque de la monstruosité qui sommeille en chacun de nous, tour à tour poétique, pornographique, métaphysique ou politique, Vilnius Poker est une violente ode à la liberté. (…) C’est Dostoïevski. C’est Kafka et Burroughs. C’est Kundera. C’est un piège. »
En effet, c’était un piège dans mon cas, car il a provoqué une mini-panne de lecture dont j’ai heureusement pu me sortir grâce à L’impératrice de pierre dont je vous ai parlé lundi, beaucoup plus accessible mais évidemment plus classique.
Je suis curieuse de savoir si d’autres m’ont suivie aujourd’hui dans cette proposition de lecture commune et quels seront alors leurs avis. Pour Ingannmic, ce livre est « indispensable », et je ne peux donc que vous encourager à lire son billet pour contrebalancer le mien !