Catégories
Films et séries

Taxi Sofia – Stephan Komandarev

Trouver un film bulgare n’a pas été une mince affaire. L’industrie cinématographique semble en effet quasi inexistante dans le pays et/ou elle s’exporte très difficilement. Heureusement, Taxi Sofia (2017) a fait partie de la sélection officielle du festival de Cannes (Un certain regard), ce qui a aidé à sa diffusion.

À bord de 6 taxis, essentiellement de nuit, nous sillonnons les rues de Sofia. Plusieurs « épisodes » se succèdent, tous liés entre eux par l’un ou l’autre des personnages et par la voix de la radio, qui joue un rôle primordial dans l’atmosphère et le propos du film.

Tout au long du film, on découvre une vaste « faune nocturne » : retraités qui fouillent les poubelles, jeunes faisant la fête, couples adultérins qui s’encanaillent, médecins en route pour l’hôpital, prostituées… et des lieux qui vivent à toute heure : salles de jeux, kiosques, supérettes, bars… Il me semble donc pouvoir participer ici à Sous les pavés, les pages chez Athalie et Ingannmic.

Percutant, c’est l’adjectif qui me vient en premier au sujet de ce film à l’image très réaliste, quasi documentaire. Le scénario est implacable, la tension est à son comble dès la première scène et on alterne ensuite entre des moments chocs et de brèves accalmies rythmées par le bruit presque rassurant des clignotants et des essuie-glaces. Les dialogues sont sans pitié pour la situation en Bulgarie et les différents protagonistes sont englués dans la pauvreté, la tristesse, la maladie, la solitude. Ceux qui semblent mieux s’en tirer au quotidien (et à quel prix) peuvent être rattrapés en un éclair par la violence et la corruption qui gangrène la société à tous les niveaux.

Car il y a beaucoup de violence, mais elle est presque exclusivement verbale et morale, et ça rend le message peut-être encore plus fort. Il y a quelques touches d’humanité, avec un chauffeur de taxi « ange gardien », un moment de tendresse auprès d’un chien ou quelques minutes partagées entre collègues, mais le tableau est globalement très sombre. Ce n’est donc pas un film qui fait du bien que je vous conseille aujourd’hui, mais un film qui regarde les choses en face, un grand film de cinéma.

Dasola l’a vu à sa sortie et en a parlé ici.

PS : Si vous avez autant de chance que moi, vous trouverez le film dans votre médiathèque. Sinon, il semble être disponible sur AppleTV et CanalVOD.

22 réponses sur « Taxi Sofia – Stephan Komandarev »

C’est vrai, c’est désespéré et désespérant, mais il y a aussi des gens bien et bouleversants. Ca permet aussi de mieux comprendre les dérives de certains régimes en Europe.

Voilà qui te permet de diversifier tes propositions bulgares, bravo ! Je note, j’ai toujours du mal à trouver des films qui conviennent à la fois à mon conjoint et moi, et il me semble que celui-ci, ça pourrait le faire ! Je récupère ton lien.

Je trouve que ce film peut en effet réunir plusieurs publics : les spectateurs qui aiment les films « sociaux » et/ou psychologiques comme les films policiers/d’action.

Tu es trop forte (même s’il y a un petit coup de pouce de Dasola) ! Tu nous déniches plein de bonnes surprises pour ce challenge. C’est le genre de film que j’aime en tout cas.

En fait, c’est tad loi du cine qui m’a signalé que Dasola l’avait vu… Mais j’aurais pu m’en douter car elle chronique volontiers des films plutôt confidentiels qui ont généralement tout pour me plaire.

Les taxis sont un bon prétexte pour multiplier les rencontres avec des personnes très différentes et donc montrer plusieurs facettes d’un pays. Et puis, le fait que les passagers soient à l’arrière (souvent mais pas toujours) est propice à certains échanges (un peu comme le divan du psy !) Taxi Téhéran me tente beaucoup aussi d’ailleurs !

Pourquoi si je le trouve mais j’ai du mal à visionner ce genre de films en famille, il ne plaira pas à tout le monde…En tous les cas bravo pour la trouvaille, je n’ai pas eu idée de chercher des films bulgares, j’ai déjà eu assez de mal à trouver des livres :):)

Ah oui, ce n’est pas un film familial, c’est certain. En revanche, on peut parler de thriller social et donc ça peut plaire à plusieurs types de publics.

Répondre à ta d loi du cineAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

En savoir plus sur Des romans, mais pas seulement

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture