Illustrations d’Emmanuelle Patient – Éditions Lire c’est partir
Encore un petit bijou déniché dans une boîte à livres ! Et de saison en plus puisque nous ne sommes plus qu’à quelques jours de Halloween.
Si Le fantôme de Canterville est conseillé à partir de 10 ans, ce n’est pas parce qu’il est effrayant car il est au contraire très drôle. En revanche, des enfants plus jeunes pourraient être démunis face à des tournures soutenues et un vocabulaire un brin désuet. Mon conseil : lisez-le (vous vous régalerez) et décidez ensuite si les jeunes lecteurs et lectrices de votre entourage seraient à même de le comprendre et d’apprécier l’ironie si chère à Oscar Wilde.
Dans ce court roman, une riche famille américaine acquiert un manoir anglais hanté. Bien que prévenus qu’un spectre rôde depuis des siècles, le couple et ses 4 enfants n’y croient pas une seconde. Mais rira bien (d’un rire démoniaque) qui rira le dernier !
Tout le sel de cette histoire tient à l’humour et à l’inversion des rôles, le fantôme de Sir Simon se retrouvant quasiment persécuté par cette famille qui ne manque pas de sang-froid.
« À peine eut-il prononcé ces mots qu’un terrible éclair illumina la pièce sombre, qu’un effroyable coup de tonnerre les fit se lever d’un bond et Mrs Umney s’évanouit. « Quel climat épouvantable ! » dit l’ambassadeur américain avec calme en allumant un cigare. « J’ai l’impression que le vieux pays est tellement surpeuplé qu’il n’y a pas suffisamment de beau temps pour tout le monde. J’ai toujours pensé que l’émigration était la seule solution qui convienne à l’Angleterre. » »
Grâce à ce livre, j’ai également découvert le formidable projet des Éditions Lire c’est partir qui publient des livres et CD jeunesse vendus au prix unique de 0,80 € l’exemplaire, sans subvention et sans réaliser de bénéfice. Leurs livres ne sont pas vendus dans le commerce, ils sont diffusés directement auprès des enseignants, des enfants et de leurs parents, notamment via leur site Internet. Un regret cependant (c’est un euphémisme car un tel oubli est un sacrilège à mes yeux) : le traducteur ou la traductrice (qui a fait un excellent travail ici) n’est pas crédité(e) dans cette édition.
Pour la route, je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous un autre petit extrait délicieusement british de ce Fantôme de Canterville !
« Les jumeaux , qui étaient descendus avec leurs sarbacanes, le prirent immédiatement pour cible avec cette précision de tir qui ne s’acquiert qu’après une pratique longue et scrupuleuse sur un professeur d’écriture, tandis que l’ambassadeur des États-Unis le menaçait de son revolver et lui demandait, selon les règles de l’étiquette californienne, de mettre les mains en l’air. »
PS : Une récente parution fait de nombreux clins d’œil au Fantôme de Canterville, devenu un véritable classique : découvrez L’esprit des cafés suspendus chez Náriël et Blandine. Et l’original fait partie des lectures d’enfance dont Audrey de Light and smell ne se lasse pas 👻 !