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Flush – Virginia Woolf

Traduction de l’anglais par Catherine Bernard – Éditions Folio poche

Biographie fictive du chien d’une poétesse anglaise, Flush nous plonge dans les pensées et émotions d’un noble cocker qui, à l’instar de sa maîtresse, passa d’une vie de réclusion à d’exaltantes aventures.

J’ai d’abord cru que les personnages de cette biographie étaient imaginaires. Or, Miss Barrett et Flush ont bel et bien existé, comme le prouve le poème que la première a dédié à son cher et tendre animal de compagnie. Rien d’étonnant à ce que Virginia Woolf se soit intéressée à cette autrice : Après des années à se morfondre et à mener une vie de paralytique, Miss Barrett (qui devint Mrs Browning) a claqué la porte de l’étouffante maison familiale pour ne plus jamais y revenir, s’affranchissant ainsi de la tutelle de son père et de ses frères.

Grâce à sa fameuse technique du flux de conscience, Virginia Woolf nous montre le monde et ses habitants du point de vue de Flush. Né au grand air, ce chien de haute lignée est ensuite offert à Miss Barrett, qui vit au cœur de Londres où il assiste à des rituels apparemment immuables, puis à des changements d’abord subtils et enfin radicaux chez sa maîtresse. Woolf en profite pour se moquer de travers typiques de la haute bourgeoisie anglaise, dont son snobisme, et pour évoquer des réalités sociales que la bonne société préférait occulter.

« Pour autant qu’il pût en juger, c’étaient juste des chiens – des chiens gris, des chiens jaunes, des chiens tachetés, des chiens mouchetés ; mais il ne pouvait détecter un seul épagneul, colley, retriever ou mastiff parmi eux. Le Club canin n’avait-il donc pas compétence en Italie ? Le Club des épagneuls était-il donc inconnu ? N’existait-il pas de loi pour condamner la houppe, pour défendre l’oreille ourlée, protéger les pattes bordées de franges et insister à tout prix pour que le front soit bombé sans être bossu ? Apparemment pas. Flush se sentit tel un prince en exil. Il était le seul aristocrate parmi la canaille. »

Des phrases sublimes, une douce ironie, un regard aiguisé sur les humains et même sur un chien, leurs sentiments, leurs élans, leurs faiblesses… Virginia Woolf m’a charmée avec ce court roman qui est l’occasion d’une première participation au wonderful #Moisanglais 2024 organisé par Lou et Titine.

PS : Tout au long du mois de juin, vous pouvez retrouver des lectures, recettes, carnets de voyage, loisirs créatifs anglais sur une foule de sites recensés chez les organisatrices. Enjoy !