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Les vivants et les autres – José Eduardo Agualusa

Traduction du portugais (Angola) par Danielle Schramm – Éditions Métailié

Quel beau roman, d’une richesse immense ! La littérature et la création littéraire sont au centre de ce récit, mais il tisse aussi les fils d’une multitude d’histoires, une véritable caverne d’Ali Baba de l’imagination.

Aussi appelée Muhipiti, l’île de Mozambique (reliée par un pont au pays auquel elle a donné son nom) accueille son premier festival littéraire panafricain. C’est l’occasion de rencontres avec les lecteurs et lectrices, mais aussi entre écrivain(e)s de différentes générations, qui ont fait le voyage depuis l’Angola, le Nigeria, ou encore Londres et New-York. Mais dès la fin du premier jour, les choses basculent, d’abord de manière imperceptible.

C’est ainsi que tout commence : un énorme éclair déchire la nuit, l’île se détache du monde. Un temps s’achève, un autre commence. A ce moment-là, personne ne s’en rendit compte.

Peu à peu, des doubles des écrivain(e)s et des personnages de fiction s’échappent des livres et déambulent dans l’île coupée du continent, d’Internet et peut-être de la réalité. Des rumeurs étranges commencent à circuler et la peur à s’emparer des habitant(e)s et des gens de passage. Mais n’imaginez pas un récit de science-fiction ou fantastique, il est simplement teinté d’un peu de réalisme magique, au sens où inventer et écrire des histoires tient de la magie.

Image par Gordon Johnson de Pixabay

José Eduardo Agualusa entremêle des portraits vibrants, cocasses ou émouvants, à une foule de dialogues, poèmes, contes et amorces de romans. Il réussit le tour de force de ne jamais nous perdre tout en nous donnant le sentiment d’être emporté(e)s dans mille vies et mille récits. Surtout, il met brillamment en scène le pouvoir de la littérature :

C’est nous qui construisons les mondes ! crie Moira. C’est nous ! Les mondes germent dans nos têtes et y grandissent jusqu’à ne plus pouvoir y loger, alors ils nous quittent et acquièrent des racines. La réalité est là, c’est ce qui arrive à la fiction quand nous croyons en elle.

Original sans être difficile d’accès, poétique et lumineux, Les vivants et les autres nous emmène loin, comme les bons romans savent le faire. Cette lecture de José Eduardo Agualusa était donc la première, mais ne sera pas la dernière. Cela tombe bien car au moins 5 autres de ses romans sont traduits en français.

Eve-Yeshé a aimé elle aussi !

19 réponses sur « Les vivants et les autres – José Eduardo Agualusa »

Bonjour. Je l’ai acheté il y a quelques jours et ce sera une de mes lectures de l’été. J’ai vu la référence au réalisme magique et ça m’a fait envie…

J’ai particulièrement aimé les portraits des différents personnages : en quelques lignes, on a l’impression de les avoir devant soi !

Je me demandais justement par quel autre roman poursuivre avec cet auteur. Je me fierai à ton impression positive sur celui-ci!

Oui, c’est très original et en même temps, très facile à lire, alors que certains romans « particuliers » me résistent parfois sérieusement 😊.

Le réalisme magique n’intervient qu’assez tardivement dans le roman. Je ne déteste pas, mais parfois cela m’agace. Ici, j’étais déjà bien trop prise dans l’histoire pour que cela me gêne 😀

Ce livre offre en plus un point de vue peu entendu puisque ce sont des auteurs africains dans toute leur diversité qui en parlent dans ce roman.

Je ne connais pas cet écrivain alors je note. Le réalisme magique ne me dérange pas. En tous les cas, l’idée m »apparaît originale (colloque de littérature, écrivains morts, écrivains vivants).

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