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Le Chat, le Général et la Corneille – Nino Haratischwili

Traduction de l’allemand par Rose Labourie – Editions Belfond

Nino Haratischwili est née en Géorgie où elle a vécu de nombreuses années. Elle vit désormais en Allemagne où elle avait déjà fui avec sa famille pendant la guerre civile qui a fait rage dans son pays au début des années 1990. C’est aussi en allemand qu’elle écrit et son roman Le Chat, le Général et la Corneille me permet donc une nouvelle participation aux Feuilles allemandes organisées cette année par Patrice & Eva et en prime une LC avec Sunalee.

Chat est une jeune comédienne géorgienne qui vit en Allemagne. Elle se cherche, professionnellement et personnellement. Sa ressemblance avec une jeune Tchétchène comme surgie du passé va servir de déclencheur pour le Général. Celui-ci charge la Corneille, l’ex-petit ami de sa fille, de recruter Chat pour une mystérieuse mission. Que cherche à déclencher le Général, cet homme à la richesse et au pouvoir phénoménaux ? Qui est-il et pourquoi fait-il appel à la Corneille, qu’il déteste ? Chat ne va-t-elle pas se brûler les ailes, elle qui semble peu à peu confondre fiction et réalité ?

La huitième vie (pour Brilka), autre roman de cette jeune autrice extrêmement talentueuse, était un de mes coups de cœur 2023, et j’ai retrouvé ici ce que j’y avais aimé : des personnages incroyablement incarnés et complexes (sauf un, mais j’y reviendrai), un souffle romanesque, de la tension et des émotions à gogo, sans oublier un éclairage passionnant sur l’histoire – ô combien tragique et violente – du Caucase. Pourtant, je n’aurais pas parié un kopeck si on m’avait dit que je lirai un jour un roman sur le conflit en Tchétchénie…

Nino Haratischwili tisse une toile dont ni ses personnages ni son lectorat ne peuvent facilement s’échapper. Il est question de crime, de culpabilité et de fatalité, de pouvoir et de châtiment. Ce retour sur la Première guerre de Tchétchénie et la libéralisation économique en Russie (événements que l’autrice réussit à rendre haletants et limpides) explique bien des choses observées aujourd’hui. L’évolution de Malich en particulier est passionnante.

J’ai cependant quelques reproches à faire à ce roman. Tout d’abord, la psychologie d’Ada m’a semblée tirée par les cheveux et j’ai eu l’impression que l’autrice avait eu du mal à trouver un prétexte pour expliquer la soudaine machination du Général. Par ailleurs, l’histoire et le suspense créé s’étirent un peu trop. La fin aurait selon moi pu arriver plus tôt et avec moins d’« effets cinématographiques » dans ses toutes dernières pages. Le récit y aurait gagné en force.

Sachant que Le Chat, le Général et la Corneille a précédé La huitième vie (qui était parfait de bout en bout), j’en déduis que l’autrice a su affiner son talent avec le temps et je laisse donc La lumière vacillante, qui vient tout juste de paraître, en très bonne place dans ma liste de livres à lire.

D’autres avis sur ce roman sont à retrouver chez Temps de lecture, Anniemots, Madame Lit et bien sûr Sunalee. Et pour écouter Nino Haratischwili parler d’amitié, d’écriture, de la Géorgie ou des femmes (en littérature notamment), c’est ici : https://youtu.be/FZMl9NbLveI

30 réponses sur « Le Chat, le Général et la Corneille – Nino Haratischwili »

Tu as trouvé le bon mot pour parler de la fin: « les effets cinématographiques ». J’ai aussi trouvé qu’il y avait des problèmes de rythme dans ce roman, mais au final j’ai beaucoup aimé. « La lumière vacillante » est sur ma PAL; vu le nombre de pages, je me dis que ce sera pour l’été prochain.
Je n’en parle pas dans mon billet, mais c’était en effet intéressant de lire des choses sur la guerre en Tchétchénie.

Tout a fait d’accord avec toi, c’est le rythme qui pèche un peu ici mais quel talent pour camper les personnages et rendre un contexte historique passionnant ! Merci de m’avoir accompagnée dans cette LC 😁.

Tu as toi aussi quelques réserves sur ce roman, mais à vous deux, vous avez réussi à me tenter quand même, par curiosité pour cette jeune autrice ! Pour lire La huitième vie, en fait !

La huitième vie est clairement plus abouti et l’autrice a résolu les problèmes de rythme en doublant le nombre de pages 😆. Je l’ai tellement aimé qu’il est difficile pour Le chat, la corneille et le général de rivaliser d’ailleurs.

Moi aussi j’ai aimé même si j’ai trouvé que le récit s’étirait un peu trop, je crois avoir écrit longuet. Mais en ayant lu « la huitième vie » on ne peut qu’apprécier l’évolution à la fois du style et de l’épaisseur des personnages.
C’est intéressant ! J’aime vraiment cette auteure.

Voilà, c’était longuet dans l’intrigue pour moi, mais la mise en place m’a en revanche passionnée et impressionnée. Cette autrice est diablement douée pour donner vie à ses personnages, les plus sympathiques comme les plus odieux.

C’est le premier roman que j’ai lu de cette écrivaine, et j’avais été bluffée , je vais mettre son prochain ce mois des feuilles allemandes. Elle possède le talent de nous faire comprendre ce qu’il se passe dans ces pays pas si lointains que ça. Mais c’est vrai qu’elle a besoin de beaucoup de pages pour le dire. Je l’accepte tout en sachant qu’elle nous embarque pour un long voyage

Tu devrais adorer La huitième vie alors ! Je n’y avais pas trouvé une page en trop malgré le pavé qu’il représente. Il est plus équilibré que Le chat etc. qui a quelques défauts de jeunesse tout en étant déjà très bon.

Vos avis se rejoignent. Je pense qu’il vaut mieux commencer par La huitième vie, du coup

Si tu ne dois en lire qu’un, oui, La huitième vie est idéal. Sinon, mieux vaut commencer par celui-ci car le talent de l’autrice est allé crescendo 😉.

Je fais partie de celles qui hésitent à entamer La huitième vie, intimidée par le nombre de pages. Je comprends bien que Le chat a servi d’un échauffement (très) efficace à l’autrice pour ensuite pouvoir se lancer dans l’écriture de Brilka qui enthousiasme autant de lecteurs. A voir si je les lis dans l’ordre de parution. J’apprécie des livres qui nous éclairent sur l’histoire d’autres pays et grâce aux auteurs allemands issus d’immigration, on a beaucoup de choix !
D’ailleurs, il y a une pièce de théâtre à succès de Haratischwili qui vient de sortir sous forme de livre illustré – je ne doute pas que nombreux fans de Brilka le trouveront sous le sapin de Noël 🙂
Merci pour cette première participation.

Les pages se tournent d’elles-mêmes dans La huitième vie… En tous cas, c’est un livre qui permet de participer aux Épais de l’été proposés par Tadloiducine chez dasola. Je découvre la parution de Löwenherz grâce à toi. Il est en effet fort possible que je le mette sur ma liste de Noël 😊. Et je croise les doigts pour qu’il soit traduit prochainement.

J’ai tout simplement adoré ce livre…sa construction, ses faits, ses personnages. Je vais certainement lire d’autres bouquins de cette autrice. Elle est tellement talentueuse… Une grande autrice!

Oh que oui! Malgré mes légers bémols sur ce roman, il confirme le talent de Nino Haratishwili! Tu vas adorer La huitième vie 🤩.

Vous lire, Sunalee et toi, me console un peu de ne pas avoir pu être au rdv pour cette LC. J’aurais préféré garder ce roman pour une prochaine découverte de l’autrice (ce titre est juste irrésistible^^), mais il semble qu’il vaudrait mieux que je lise La huitième vie en premier. J’ai aussi repoussé pas mal de fois ma lecture du Chat, le général et la corneille car il me semble avoir lu quelque part qu’il y avait quelques scènes éprouvantes, une du moins. C’est le cas ? Comme je suis de nature sensible, je préfère être prévenue.

Oh oui, je ne l’ai pas mentionné mais il y a une scène très éprouvante, et plusieurs évocations de torturé. Tu as raison, il vaut mieux le savoir.

Comme je ne connais pas je vais noter plutôt « la huitième vie » si je le trouve même si je ne participe pas à ce challenge, je n’ai rien contre découvrir de nouveaux auteurs. Merci pour ta chronique, tes enthousiasmes et tes bémols sur celui-ci

Nino Haratishwili est à mon avis en train de devenir une voix très importante, y compris en France où son dernier roman bénéficie d’une importante mise en lumière, ce qui est assez rare pour une autrice allemande et encore plus si on la considère comme géorgienne.

Pour ma part, c’est une autrice qui m’impressionne et que j’ai très envie de continuer à suivre, mais heureusement tous les goûts sont dans la nature 😉

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